A l'aube du second XIXe siècle, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France sont trois des pays les plus développés d'Europe occidentale : avec les Etats-Unis, ils totalisent en 1860 les deux tiers de la production industrielle mondiale. C'est donc au cœur du berceau de l'industrialisation que naissent les premières associations de travailleurs qui commencent à s'organiser et à se structurer. Ainsi, en 1868, les syndicats britanniques se fédèrent au sein du Trade-Unions Congress, et une Fédération nationale des syndicats voit le jour en France en 1894.
Un syndicat est une "association qui a pour objet la défense d'intérêts communs". Cette simple définition peut servir de base à une étude plus approfondie du phénomène syndical. Le mot "association" suppose une collectivité susceptible d'avoir des "intérêts communs" et qui ressent le besoin de se réunir, de se regrouper. La "défense" de ces intérêts amène à interroger la fonction de cette association. Elle peut défendre ces intérêts par différents moyens : la protection, la négociation mais aussi la contestation ou la revendication. La notion de "modèle", quant à elle, renvoie à l'idée d'une référence qui peut être amenée à servir d'exemple, mais aussi à un idéal-type, un standard doté de caractéristiques propres.
La Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France possèdent-elles des spécificités qui permettent de les qualifier de "modèles" ? Selon quelle logique les organisations syndicales se développent-elles dans chacun de ces pays ?
On peut dire que la naissance du syndicalisme est issue de la nécessité à un moment donné pour un groupe donné de se regrouper. Ainsi, pour comprendre le fait syndical d'une manière la plus complète possible, il semble approprié d'étudier les conditions qui ont fait naître cette nécessité (I), puis de considérer les fonctions et modes d'organisation des mouvements syndicaux propres à chaque pays (II).
[...] Si le mouvement syndical fut dans un premier temps partagé entre partisans de la centralisation, des syndicats de métier, du fédéralisme et des cellules locales autonomes, comme nous l'avons vu dans la première partie, l'essor de la production de masse, le désenclavement et la nationalisation des marchés dans le contexte d'unification orientèrent de manière décisive le syndicalisme allemand vers la voie de la centralisation. Comme l'explique Jean-Louis Robert, les syndicats locaux, confrontés à des entreprises lancées dans des stratégies nationales ou mondiales, n'avaient plus les moyens de contrôler l'offre locale du travail. Il fallait désormais une organisation syndicale nationale, forte, donc centralisée Ainsi, à classe ouvrière tardive, syndicalisme logiquement tardif, inégalement appuyé sur les métiers. [...]
[...] Ainsi, si la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ont toutes plus ou moins reconnu l'existence légale des syndicats à l'aube du XXe siècle, il s'agit surtout d'une volonté de surveiller et contrôler le mouvement ouvrier afin de l'intégrer à la société pour maintenir l'ordre social. En France par exemple, les responsables doivent déposer leurs noms et les statuts de leur organisation à la préfecture de police, et il est interdit de discuter de questions non professionnelles comme la religion ou la politique. [...]
[...] France, Allemagne, Grande-Bretagne : trois modèles de syndicalisme ? Introduction A l'aube du second XIXe siècle, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France sont trois des pays les plus développés d'Europe occidentale : avec les Etats-Unis, ils totalisent en 1860 les deux tiers de la production industrielle mondiale. C'est donc au cœur du berceau de l'industrialisation que naissent les premières associations de travailleurs qui commencent à s'organiser et à se structurer. Ainsi, en 1868, les syndicats britanniques se fédèrent au sein du Trade-Unions Congress, et une Fédération nationale des syndicats voit le jour en France en 1894. [...]
[...] La Grande-Bretagne, l'Allemagne et la France possèdent-elles des spécificités qui permettent de les qualifier de "modèles" ? Selon quelle logique les organisations syndicales se développent-elles dans chacun de ces pays ? On peut dire que la naissance du syndicalisme est issue de la nécessité à un moment donné pour un groupe donné de se regrouper. Ainsi, pour comprendre le fait syndical d'une manière la plus complète possible, il semble approprié d'étudier les conditions qui ont fait naître cette nécessité puis de considérer les fonctions et modes d'organisation des mouvements syndicaux propres à chaque pays (II). [...]
[...] Sa structure est un compromis entre différentes tendances, les syndicats de métier étant réunis dans une fédération d'industrie qui ne dispose pas toutefois d'une autorité complète. Si la nouvelle organisation se déclare indépendante de tout parti politique, elle prône néanmoins le renversement du capitalisme par le biais de la grève générale. Conclusion Pour conclure, on peut dire que les mouvements syndicaux français, allemand et britannique sont poussés à la fin du XIXe siècle par un même raisonnement : puisque le développement du capitalisme entraîne un émiettement du travail, continuer à regrouper les ouvriers par métiers ne pourra qu'affaiblir le mouvement. [...]
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