On peut s'interroger sur la fiabilité du lien existant entre fractionnalisation ethnolinguistique et faible croissance en Afrique et dans le monde entier. La science formalisée de façon mathématique est-elle aujourd'hui en mesure d'appréhender ce lien ?
Après avoir présenté les modèles théoriques qui permettent de lier diversité ethnique et faible croissance nous nous interrogerons sur l'outil adéquat pour mesurer cette diversité. Nous verrons alors que la fractionnalisation ethnolinguistique peut être un concept moins pertinent que celui de polarisation...
[...] Il semble que la division linguistique recoupe largement la division ethnique sur le continent africain. L'ELF60 n'est toutefois pas simplement critiquable pour son mode de construction. Il conduit parfois à des résultats aberrants. Ainsi la thèse d'Easterly et Levine est que la fractionnalisation agit indirectement sur la croissance. Or, même en retirant l'influence de la faible scolarisation, du marché noir et de la dette (phénomènes indirectement induits par la fractionnalisation), l'indice de fractionnalisation est encore largement corrélé avec la faible croissance. L'effet indirect n'est donc que partiel. [...]
[...] Si ces coûts sont faibles alors on obtient une courbe en U. Si ces coûts sont élevés, les mécanismes directs d'appauvrissement de la croissance par la fractionnalisation jouent à plein. Les ethnies restent repliées sur elles-même et ce manque de coopération interdit au pays de développer un effort commun de bonne allocation des ressources. On retrouve principalement les problèmes de sélection adverse décrits en première partie. Ainsi polarisation et fractionnalisation semblent être deux causes réelles de faible croissance qui opèrent dans des pays aux situations différentes. [...]
[...] Les deux économistes ont donc travaillé sur la fractionnalisation ethnolinguistique. Bien que leur propos soit centré sur l'Afrique Easterly et Levine ont étendu leur recherche aux autres continents à titre de comparaison. Pour cela ils se sont servi de l'indice soviétique ELF60 vieux de quarante ans mais largement utilisé dans les recherches traitant de la diversité ethnique. Le résultat de cette recherche appelé Africa's Growth Tragedy a fait l'objet à la fin des années 1990 et au début des années 2000 d'un vif débat scientifique. [...]
[...] On peut en effet penser que l'absence de consensus vient de la recherche au plus au niveau de rentes de situation pour sa propre ethnie par les gouvernants. Il s'agit alors d'un effet indirect selon l'analyse de Levine et Easterly. Il est en effet difficile de séparer clairement les effets directs et indirects. Collier et Hoeffer ont par exemple mis en évidence le lien qui existe entre fractionnalisation et le risque d'une guerre civile. On peut alors considérer que les tensions nées de la division ethniques conduisent directement à une absence de coopération entre les différents groupes. [...]
[...] l'effet direct Les tenants de l'effet direct, comme ceux de l'effet indirect, considèrent qu'une multiplicité d'ethnies conduit en fait à la segmentation du marché économique et politique intérieur. Le comportement des différents agents économiques, que ce soient le gouvernement ou les ménages et les employeurs, est alors conditionné par cette segmentation. Jean-Louis Arcand, Patrick Guillaumont et Sylviane Guillaumont Jeanneney donnent de nombreux exemples d'effets directs induits par la segmentation du marché intérieur. Ainsi l'embauche peut-elle être largement déterminée par le critère ethnique. [...]
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