On assiste aujourd'hui au développement croissant de mobilisations prises à l'initiative d'acteurs non étatiques. Leur objectif est de lutter contre une mondialisation néolibérale et en faveur d'une justice globale qui se traduit par le mot d'ordre : un autre monde est possible… La diversité des acteurs qui composent ce mouvement protestataire global le rend complexe. Cependant, ils se regroupent derrière un même label : l'altermondialisme que l'on peut qualifier de nébuleuse.
Le FSM constitue une illustration récente dans l'espace public de la mouvance altermondialiste. Le Conseil International du FSM le définit comme « un espace de rencontre démocratique et ouvert, visant à la construction d'un mouvement international qui recueillerait les alternatives à la pensée unique néo-libérale ».
A travers notre exposé, nous tenterons de démontrer comment le FSM peut s'insérer dans les rapports de force du pouvoir politique dans un contexte de société mondiale ? Nous nous interrogerons sur la viabilité de l'alternative proposée et sur la pérennité du mouvement.
[...] Cette pratique singulière de la démocratie fait de Porto Alegre un laboratoire social qui fascine les observateurs internationaux. De plus, l'organisation d'un tel évènement au Brésil, un pays du Sud, lui confère une force symbolique. C'est ainsi que le 1er FSM a vu le jour en janvier 2001, réunissant environ personnes délégations d'associations et d'organisations représentant 117 pays. A la clôture du 1er FSM, une charte des principes a été adoptée par ses participants qui définit les valeurs et pose les fondements sur lesquels vont s'articuler les FSM à venir. [...]
[...] Elles prennent la forme de manifestations ponctuelles au niveau local (ex des anti-pub, anti-télé, anti-4X4 en France ; cf. article du Monde) et au niveau international. En 98, la campagne internationale contre l'AMI (Accord multilatéral d'investissement) a fait avorter les négociations. De participants à Seattle en 99 lors de la conférence interministérielle de l'OMC, on passe à manifestants au contre-sommet du G8 à Gênes en juillet 2001 (Carlo Giulani abattu par la police italienne) sans oublier les manifestations contre le FMI et la Banque mondiale à Washington et celle contre le Forum Économique Mondial à Davos en Suisse (qui réunit chaque année les penseurs de la mondialisation). [...]
[...] Le caractère flou des FSM semble découler de la nébuleuse alternmondialiste qu'il tente de fédérer. Cependant, les participants aux FSM ont en commun de se reconnaître dans un même label, celui de l'antimondialisation néolibérale, qui donne une cohérence et une articulation à l'évènement et participe à faire de l'altermondialisme un mouvement à part entière. Dans une certaine mesure, les médias contribuent à donner une homogénéité aux FSM, par une symbolisation de l'évènement, en identifiant des porte-paroles et en privilégiant un axe discursif. [...]
[...] En effet, il reprend parfois les mêmes schèmes que l'idéologie qu'il dénonce : opposition domination / oppression, antagonismes au sein du débat (comme je l'ai déjà expliqué) en niant la légitimité de certains acteurs à y prendre part De plus, il faut soulever le danger que représente l'imagination d'un autre monde unique, sans alternative, dont une dérive pourrait amener à reproduire la situation d'impérialisme contre laquelle les participants entendent lutter comme cela a pu se produire auparavant (communisme révolutionnaire totalitaire). À l'inverse, même si peut comprendre le rejet des organisations internationales en place, le FSM pourrait s'inspirer de leur mode d'organisation et de fonctionnement pour s'imposer sur la scène publique internationale en tant qu'acteur civil. C'est là que réside la principale limite du FSM à l'heure actuelle. Soit la réflexion a avancé, mais elle commence à s'essouffler. En effet, après une phase de réflexion, il est temps de passer à l'action. [...]
[...] Dans le même temps, la mobilisation de Bernard Cassen, directeur du Monde diplomatique (et créateur d'ATTAC) appuie fortement l'initiative de création d'un FSM. Pourquoi à Porto Alegre ? Capitale de l'Etat de Rio Grande do Sul à la frontière avec l'Argentine et l'Uruguay, Porto Alegre a connu un développement spectaculaire depuis 12 ans en matière d'aménagement de la ville, de services publics, de logement, de sécurité, d'éducation et de culture grâce au système des budgets participatifs qui permet aux populations des quartiers de s'impliquer dans la réalisation des projets de la ville. [...]
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