Après l'échec de l'AIT, il faut attendre 1889 pour voir l'Internationale resurgir. En cette année du centenaire de la Révolution française, plusieurs partis socialistes européens sont réunis afin de créer la IIe Internationale. Construite en fonction de la Première, l'objectif est avant tout de préserver les diversités nationales. C'est pourquoi, le fédéralisme est privilégié face au centralisme de la Première. Toutefois c'est bien cette cohabitation dans une même institution des représentants de toutes les tendances socialistes et son souci de représenter l'autonomie des sections nationales qui constituent les traits propres à la IIe Internationales, déterminant dans une grande mesure ses possibilités et les limites de son fonctionnement.
En effet, si ce fédéralisme caractérise en partie la force de la Seconde Internationale qui conserve une certaine souplesse institutionnelle et doctrinale, elle n'en est pas moins une faiblesse dans la mesure où le consensus est particulièrement difficile à trouver sur des question essentielles. Mais plus encore, la Seconde Internationale a manqué de réalisme politique et d'honnêteté doctrinal, qui sans la rendre schizophrène ont largement participé de son échec face à la Première Guerre mondiale.
[...] Néanmoins pour pallier à la multiplicité des tendances en son sein, la Seconde Internationale développa peu à peu un réseau complexe d'institutions centrales et donna au Parti social-démocrate, le rôle de modèle à imiter et à reproduire. En effet, après dix années de tâtonnements, l'autorité acquise par les Congrès marquait la nécessité de doter la nouvelle Internationale d'institutions centrales. Au Congrès international de Paris (1900), fut décidée la création du Bureau Socialiste International, formé de deux délégués par Etat dont le comité exécutif était constitué par la délégation belge (Vandervelde, Anseele, L. Bertrand), un secrétariat permanent fixé à Bruxelles assurant la continuité. [...]
[...] La question nationale apparaît en définitive comme ayant été le lieu où s'est négocié l'échec de la IIe Internationale. L'Internationale a échouée puisque aucune théorie socialiste de la question nationale n'a fait la clarté sur la manière dont pourraient être écrasées les racines du nationalisme. Bâtis sur le seul principe de la lutte des classes, se plaçant en position d'extériorité et de rupture à l'égard de l'Etat national (comme en témoigne le rejet de la tentation ministérialiste), les partis socialistes européens se laissent en réalité pénétrer et tourner par les préoccupations nationales. [...]
[...] Enfin, à gauche, on s'appuyait sur l'analyse économique pour démontrer que la colonisation ne contribuait pas à développer les pays arriérés. Ainsi, la question n'est pas tranchée et à la veille de la Première Guerre mondiale, la Seconde Internationale reste divisée. Ces délibérations et ces votes avaient fait la preuve que l'Internationale n'avait qu'une compréhension partielle du phénomène coloniale et du rôle qu'il pouvait jouer dans la stratégie révolutionnaire dans l'avenir. En effet, toutes ces positions si différentes soient-elles, relèvent de la même analyse qui réduisait encore le phénomène colonial à celui de l'expansion du capitalisme. [...]
[...] L'autorité dont jouit la Seconde internationale émane de celle des partis nationaux. A la faveur de la massification de la démocratie, le parti n'est plus une simple machine de combat politique, mais une microsociété. Tout en entretenant avec la société globale de nécessaires liens, elle se veut radicalement séparée et capable de fonctionner par elle- même. Elle exerce toutes les fonctions d'une société en ordre de marche : certes politique mais aussi économique, sociale, intellectuelle, culturelle Enfin elle offre à ses membres une hiérarchie spécifique et par conséquent des perspectives de mobilité. [...]
[...] Beaucoup plus grave est en fait pour le socialisme international, la contamination des partis européens par le nationalisme. Il fait son apparition soit sous le signe du révisionnisme, qui donne un acquiescement parfois enthousiaste à l'impérialisme, comme c'est le cas en Allemagne, soit, comme en France ou en Italie, à travers certaines formes de syndicalisme antiparlementaire. En France, G. Sorel s'est séparé en 1907 du syndicalisme révolutionnaire pour se rapprocher de l'extrême droite. Se dessine alors un socialisme national qui se place sous le signe de Proudhon, mais qui débouche en fait sur l'antisémitisme et la réaction. [...]
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