Les FARC ont-elles dévoyé leur idéal révolutionnaire et marxiste sous la pression de la durée et du besoin alors que tout mouvement social exige, pour son attraction, sa solidité et sa longévité, une vision de la société et un idéal vers lequel tendre, qui puisse avoir un écho au sein du peuple. Ainsi, il s'agit d'étudier les caractéristiques « techniques » si l'on ose dire du mouvement (I), puis les caractéristiques politiques du mouvement (II), entre réalisme et pragmatisme, de se demander si les FARC sont une guérilla marxiste mais également les caractéristiques sociales du mouvement (III) et se demander si elles sont une armée du peuple.
La Colombie est un point de passage entre l'Amérique du Sud et l'Amérique du Nord. C'est le seul pays sud-américain à s'ouvrir à la fois sur l'océan Pacifique et la mer des Caraïbes. Malgré ces deux façades maritimes, les pôles de développement de la Colombie sont situés dans la chaîne des Andes. C'est d'ailleurs dans les Andes que se trouve Bogotá, la capitale. On trouve en Colombie une population surtout composée de métisse (70%), d'Amérindiens (2%), noirs (8%), d'Européens. 75% de la population vit dans les villes, avec une concentration plus marquée encore entre Bogotá, Medellin et Cali, ce qui correspond aux zones d'activités économiques du pays. Plus de 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté et 18% de chômage. Il existe deux Colombie : les villes où se concentre la population et le dynamise économique et le reste du pays, soit 90% du territoire, livré en partie à la violence des guérillas, des paramilitaires et du narcotrafic. Ces mouvements de guérillas, nés dans les années 1960, sont aujourd'hui les FARC (entre 15 000 et 20 000 combattants à son apogée) et l'ELN qui rassemble 5 000 combattants. Ces guérillas ne résultent pas d'affrontements ethniques ou religieux ou régionaux, ce sont des forces politiques et sociales qui en sont venues à exprimer leurs revendications par la violence pour avoir plus de visibilité. Aujourd'hui, les FARC « ont pris le maquis » depuis plus de 40 ans, ils apparaissent comme une des plus vieilles guérillas d'Amérique latine et du monde. Il s'agissait de comprendre les raisons de leur longévité, mais également d'en étudier les effets sur le mouvement.
[...] D'autre part, la pression internationale en faveur d'un échange humanitaire s'accroît avec Hugo Chavez. Elle croit aussi avec Nicolas Sarkozy qui, dès son entrée en fonction, fait de la libération d'Ingrid Betancourt une de ses priorités, et avec les autres pays européens et bientôt plusieurs pays latino-américains. Les Etats-Unis prennent eux-mêmes conscience que trois des leurs sont aux mains des FARC. Dans ces conditions les FARC voient désormais dans le thème de l'échange humanitaire ce qui peut les sortir de leur isolement politique. [...]
[...] Il voulait être le seul chef au sein d'une organisation affichant une vision modèle de la société révolutionnaire tout en pratiquant les méthodes d'un système autoritaire. Homme profondément marqué par l'assassinat de Jorge Eliécer Gaitan, en avril 1948. Candidat à la présidence, il envisageait de réformer en profondeur une société bloquée. A cette époque, multiplication en AL des régimes dictatoriaux. Alors que les gouvernements restreignaient les espaces politiques et sociaux, un espoir grandissait dans certains milieux, généré par la victoire de la révolution cubaine de 1959. [...]
[...] Cette relation peut cependant être très solide là où la population n'a d'autre perspective que la coca. On peut parler de logique de protection dès lors qu'elle échange sa soumission contre la sécurité. Les FARC ne font pas que protéger, elles visent à consolider leur potentiel stratégique. Les FARC déploient des méthodes d'intimidation et de coercition qui répondent à cette situation et qui sont donc souvent beaucoup plus systématiques et expéditives. Ces méthodes peuvent alimenter les tensions entre la population et la guérilla lorsqu'elles donnent lieu à des actes ressentis comme abusifs ou excessifs. [...]
[...] L'influence bolivarienne Au début de 2008, l'affaiblissement des FARC n'est guère contestable. Les multiples manifestations sont : réductions de leurs effectifs, destruction de plusieurs fronts, repli territorial, baisse du nombre de leurs actions, perte de plusieurs cadres de premières importances dont pour la première fois des membres du secrétariat, problèmes de communication interne. A quoi s'ajoute la diminution de leurs rentrées financières due à la raréfaction des enlèvements et du racket ainsi qu'a leur moindre contrôle sur les cultures de coca et les laboratoires. [...]
[...] L'organisation de nouveaux réseaux politiques Elles tentent aussi d'organiser de nouveaux réseaux politiques. La constitution d'un mouvement bolivarien était envisagée dès 1993. Il est officiellement lancé en 2000 comme une formation politique clandestine dont la direction est confiée à Alfonso Cano. Son ambition est de réunir des sympathisants qui puissant, par leur nombre, le moment venu, confirmer la légitimité politique des FARC. Peu après, les FARC fondent un nouveau parti communiste, le PCCC ou PC3 (Parti communiste clandestin de Colombie), encore plus secret. [...]
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