Entre 1680 et 1750, se situe ce que Paul Hazard a appelé « La crise de la conscience européenne ». Elle est caractérisée par l'assaut des grands penseurs contre l'absolutisme. Locke en est le représentant. Il entre dans l'entourage de Guillaume et Marie princesse d'Orange, lorsqu'ils entrent en Angleterre pour y occuper le trône. John Locke transporte dans ses bagages « Les deux essais sur le gouvernent civil », que l'on dénomme aussi « Essai sur le gouvernement civil », qui devait connaître un immense succès et faire la notoriété de Locke. C'est le second « traité sur le gouvernement civil » qui est fondamental dans son œuvre. Les circonstances dans lesquelles cette œuvre a été construite expliquent partiellement le succès qu'elle connut. En effet, la situation de l'Angleterre de la fin du XVIIème siècles est très troublée. Guillaume et sa femme Marie arrivent au trône, (après le conflit religieux sous Jacques II), dans la mesure où ils acceptent les conditions du Bill of Rights. Ils se prononcent positivement, Locke débarque donc avec eux et voit dans la procédure suivie la réalisation du Contrat entre le peuple et le gouvernement, qui est au centre de son interprétation de la construction de la société civile et le fondement du pouvoir. De plus, Locke, dû à sa formation religieuse, les péripéties de son existence, ses déceptions après la restauration, c'est l'anti-absolutisme, le désir violent de l'autorité contenue par le droit naturel surtout. Cet élan anti-absolutiste entraîne la volonté intellectuelle de démolir une fois pour toute la doctrine du droit divin, détestable invention des Stuarts, et véritable poison pour la politique. Il est profondément marqué par la philosophie rationaliste et le pragmatisme.
Comment, tant par le fondement de la société civile que par son organisation originale, Locke érige comme pivot central l'individualisme et son consentement au gouvernement légitime ?
[...] Locke s'est illustré sur les problèmes du gouvernement des hommes pour prendre la lignée des grands théoriciens de la chose publique. Il donne une place prépondérante à l'entendement humain, à la raison humaine, qui permettent à l'homme de comprendre les phénomènes naturels et sociaux et d'organiser sa vie. A l'état de nature l'homme est doté du droit naturel, mais sa situation est précaire. Dans la société civile, le consentement est toujours conditionnel à la bonne conduite des gouvernants jugés en fonction du droit naturel, au risque de sanction ( droit de résistance). [...]
[...] Par contre, il est toujours nécessaire de faire exécuter les lois faites. C'est ici le domaine de l'application de la loi ( ce n'est pas la notion moderne du pouvoir exécutif, car il est étroitement lié par le contenu de la loi et qu'il comporte une place faite au judiciaire). Pour Locke, les deux pouvoirs doivent être placer dans des mains distinctes au risque d'être dangereux pour la liberté des citoyens ( afin d' éviter les abus de puissance). On voit ici la première esquisse de séparations des pouvoirs. [...]
[...] et contrôlé par un droit de résistance Locke montre que l'obéissance au souverain est conditionnelle car elle ne s'applique que si le gouvernement rempli sa tâche. Le pouvoir est orienté vers la réalisation d'une fin qui le limite : la protection de la liberté, de la vie de la propriété. L'individu reste le pivot central dans la théorie de Locke. Selon Locke : si le peuple est unanime à se persuader en se fondant sur des preuves manifestes ( ) des mauvaises intentions des gouvernants Ces derniers en agissant ainsi, sont coupables de rébellion ( au sens, rétablir l'Etat de guerre). [...]
[...] De plus, Hobbes préconise de rompre avec l'Etat de nature, au contraire Locke prône la création de la société dont le but serait de garantir et de prolonger l'Etat de nature ( Etat de paix, où l'individu et ses droits naturels sont mis en avant). Pour Locke, certes l'Etat de nature est vertueux mais la jouissance des droits naturels est précaire et constamment exposée aux empiétements d'autrui ( Pufendorf avait dit de même Trois conditions font défauts : une loi établie, fixée, connue, admise, un juge compétent et impartial pour l'appliquer, et une force coercitive pour exécuter les sentences. Toutefois, comment passer donc de l'Etat de nature à la création de la société civile ? A . [...]
[...] Reste la question de savoir qui à la qualité pour juger les gouvernants et leurs actions. Locke prône l'émancipation raisonnable. Toutefois, selon Voltaire Jamais il ne fut peut-être un esprit plus sage que Monsieur Locke sage certes, mais idéaliste. Ce droit de résistance, a seulement servit de justification à ce qui a été fait en Angleterre en 1688. Mais la notion d'émancipation raisonnable reste très délicate. Au fond, Locke présuppose une harmonie naturelle spontanée entre les exigences des intérêts naturels individuels, et celles de l'intérêt général. C'est bien là le postulat de l'individualisme libéral. [...]
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