Si l'on s'accorde avec Montesquieu pour dire que l' "on mesure l'importance d'un homme à ceux qui s'en réclament", on peut tout aussi bien considérer que l'on juge et l'on jauge la popularité d'une idéologie à ceux qui s'y opposent. Et à cet aune, la liste de ceux qui désespèrent du politique et se révoltent contre l'ordre économique actuel grossie plus rapidement que ne monte le chômage. Ainsi, un sondage organisé par la BBC entre le 19 juin et le 13 octobre 2009 demandait à 29 000 ressortissants de vingt-sept pays leur opinion sur le capitalisme. Le résultat est incontestable : seuls 11 % des personnes interrogées estiment que le capitalisme fonctionne de manière satisfaisante. Dans 21 des 27 pays sondés, une majorité affirme avoir perdu confiance dans ce système.
Ainsi intitulé, le sujet « La fin des idéologies » traduit l'idée qu'il n'y aurait plus de gauche ni de droite mais seulement des blocs économiques qui s'affrontent. Cette représentation renvoie évidemment aux blocs idéologiques de la guerre froide qui, ayant disparu, ont laissé place aux blocs économiques qui marchent de concert dans la même idéologie. L'idéologie est l'ensemble des idées, croyances et doctrines propres à une époque, à une classe ou à une société. L'idéologie a deux traits fondamentaux : c'est un besoin fondamental pour un groupement d'individus qui lui permet de vivre dans un cadre de référence, avec des interdits, des codes, des règles, c'est-à-dire un ensemble structurant qui permet d'orienter les actions des individus – l'idéologie existe aussi bien dans les sociétés traditionnelles que dans les sociétés modernes. La seconde caractéristique de l'idéologie est de permettre aux chefs – dans le cas des sociétés traditionnelles – ou aux hommes politiques – dans le cas de nos démocraties modernes – de répondre à des demandes, interrogations ou problèmes de la population à l'aide d'une grille de lecture spécifique, et ce, de façon cohérente.
Nous nous interrogerons au cours de ce travail : la fin des idéologies n'est-elle pas elle-même une idéologie ? Dans une première partie, nous montrerons les caractéristiques et les différents visages de la fin des idéologies. Dans une seconde partie, nous démontrerons que le concept de fin des idéologies est absurde et que l'économie doit être réencastrée dans la société.
[...] Une étude de trois rapports de l'OCDE consacrés la même année, en 1996, à trois États membres : le Royaume-Uni, la Corée et la Nouvelle-Zélande a permis de constituer un glossaire regroupant les mots à forte connotation positive pour l'OCDE : Ainsi, ce qui est économiquement correct de faire pour l'OCDE : politique d'ouverture, politique industrielle moins interventionniste, libéraliser le commerce extérieur, réduire le rôle des entreprises publiques, restructurations des grandes sociétés pour qu'elles améliorent considérablement leur compétitivité, libéralisation financière indispensable pour soutenir la croissance, resserrement budgétaire, modération très sensible des salaires réels, rentabilité des entreprises, progression du salaire réel inférieure à celle de la productivité, plus grande ouverture de l'économie aux forces du marché et de la concurrence, accentuation très marquée des disparités de salaires, multiplication des emplois temporaires, sentiment de moins grande sécurité de l'emploi, flexibilité du marché du travail, privatisations, flexibilité du travail, faible progression des salaires, allonger le délai entre le moment où le salarié quitte ou perd son emploi et le moment où l'allocation est versée, pas d'obligations légales en matière de protection de l'emploi sous la forme d'un préavis minimum ou d'une indemnité minimum de licenciement, taux de syndicalisation tombé d'environ 45 à grèves de solidarité illégales, accentuation de la dispersion des salaires, horaires plus flexibles, rémunération au rendement a gagné du terrain, pression à la baisse sur les retraites. A l'inverse, pour l'OCDE, il faut éviter : le soutien public à l'industrie, l'instauration d'un régime d'indemnisation du chômage et des dispositions en matière de sécurité de l'emploi. B. un engrenage fatal : le néolibéralisme ou la subordination totale de la société à l'économie La métamorphose devient engrenage : la conversion des élites et des prescripteurs idéologiques est immédiate. On prépare alors des privatisations avec un seul guide, le consensus de Washington. [...]
[...] Il n'y a donc pas de fin des idéologies pas plus que de fin de l'histoire, dans les deux sens du terme fin : fin du monde, et finalité de l'histoire. Lorsque le politologue américain Francis Fukuyama annonce dans son ouvrage La fin de l'histoire et le dernier homme, il donne au mot fin, le sens de finalité, l'histoire serait donc la conjugaison de la démocratie représentative et de l'économie de marché : Ce dont je suggérais la fin n'était pas la fin de l'histoire comme une succession d'évènements, mais de l'Histoire avec un grand H comme un processus simple et cohérent qui prenait en compte l'expérience de tous les peuples en même temps. [...]
[...] L'idée défendue par Polanyi est que les catastrophes économiques observées durant le XXe et en prolonge l'analyse au XXIe ne sont pas le produit d'un accident dans le parcours du libéralisme, mais est sa conséquence intrinsèque. La logique interne du libéralisme serait d'amener la sphère économique à se détacher des autres dimensions de la vie sociale pour s'autonomiser et donc échapper à un contrôle et une réglementation. Conclusion Lorsque Hegel théorise la fin de l'histoire dans La Phénoménologie de l'esprit, il voit dans la victoire de Napoléon contre la Prusse en 1806, une éclatante démonstration de la justesse de ses vues : à cette époque, Napoléon est en effet vu par beaucoup comme étant la forme la plus aboutie de la modernité. [...]
[...] En définitive, l'économie s'est imposée à tous les domaines de la vie publique. On observe également une extension de la rationalité économique. Avec le triomphe libéral, le risque et l'instabilité sont célébrés. Cette révolution aboutit à la subordination totale de la société à l'économie. L'objectif central des néolibéraux est de faire en sorte que toute tentation de revenir un jour sur les réformes néolibérales soit impossible, faire disparaître tout espoir d'enchâsser l'activité marchande dans le contrat social. Le culte de l'ouverture des frontières permit de légitimer, de pérenniser la concurrence permanente. [...]
[...] Leur influence est réelle, le nombre de ces homes qui auront un impact est important, ils ont : un rôle direct dans la mise en place des politiques économiques de divers pays européens. C'est tout d'abord le cas de Röpke, qui côtoie de très près Ludwig Erhard, futur ministre des Finances de la RFA. Röpke et Erhard conseilleront tous deux le chancelier Adenauer. Un chiffre parle de lui- même : 1/3 des économistes conseillant Reagan sont passés par le Mont Pèlerin. De l'autre côté, Thatcher est une adepte d'Hayek. [...]
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