On oppose traditionnellement deux visions, deux définitions de la nation : d'une part, la conception française, politique, issue de la Révolution et théorisée au XIXe siècle par Renan, et d'autre part, la conception allemande ou ethnoculturelle de la nation, dont Fichte est l'initiateur. Ces deux visions antagonistes de la nation se sont enrichies mutuellement, et se sont même constituées l'une par rapport à l'autre tout au long du XIXe siècle. Nous allons aujourd'hui nous intéresser plus précisément au modèle de la nation allemande.
A quoi correspond l'idée allemande de la nation, quelles réalités recouvre-t-elle ? Comment cette idée de nation a-t-elle évolué au long des deux derniers siècles ? De Fichte à la construction européenne, quels sont les rapports complexes entre l'Allemagne et la nation ?
Nous prendrons comme point de départ à notre réflexion la publication des Discours à la nation Allemande par Fichte en 1807, pour aller jusqu'à la période contemporaine, celle de la construction européenne.
Nous verrons d'abord comment l'idée de nation s'est développée en Allemagne, avant même la naissance d'un Etat unifié, puis comment cette vision ethnoculturelle de la nation, dévoyée par le nazisme pour justifier son expansionnisme a progressivement été remise en question au XXe siècle.
[...] De Fichte à la construction européenne, quels sont les rapports qu'entretient l'Allemagne avec sa nation ? On oppose traditionnellement deux visions, deux définitions de la nation : d'une part, la conception française, politique, issue de la Révolution et théorisée au XIXe siècle par Renan, et d'autre part, la conception allemande ou ethnoculturelle de la nation, dont Fichte est l'initiateur. Ces deux visions antagonistes de la nation se sont enrichies mutuellement, et se sont même constituées l'une par rapport à l'autre tout au long du XIXe siècle. [...]
[...] Nous verrons d'abord comment l'idée de nation s'est développée en Allemagne, avant même la naissance d'un Etat unifié, puis comment cette vision ethnoculturelle de la nation, dévoyée par le nazisme pour justifier son expansionnisme a progressivement été remise en question au XXe siècle. I. Une conception particulière de la nation qui a précédé et inspiré la constitution d'un Etat-Nation A. Un idéal romantique en réaction contre le voisin français B . qui a inspiré la constitution par le haut d'un Etat- Nation moderne autour de la Prusse. II . [...]
[...] L'unification se fait par le haut, au nom de la conception ethnoculturelle de la nation. En 1870, l'unité allemande s'achève, avec la conquête de l'Alsace-Lorraine et la création d'un Etat fédéral. Reste à forger le sentiment national, avec notamment le Kulturkampf de 1871 à 1880 et la consolidation de l'Etat par la mise en place d'une administration efficace. Malgré tout au début du XXe siècle, cet Etat-Nation allemand, réalisé par le fer et le sang n'est pas totalement concrétisé : il n'est encore qu'« inaccompli Au début du XXe siècle, les velléités coloniales et la participation à la Première guerre mondiale peuvent être interprétées comme une volonté allemande d'achever l'établissement de la nation, par le recours à la force, en pesant sur la scène internationale, tout en renforçant la cohésion à l'intérieur du territoire national. [...]
[...] Il s'agit d'une remise en cause de la conception allemande de l'Etat-Nation, puisqu'il n'y a plus d'assimilation stricte entre citoyenneté et nationalité : la double nationalité est autorisée. Comment expliquer ce revirement ? Le statu quo devenait intenable, en raison de la transformation du pays en terre d'immigration et de l'apparition d'un paradoxe : la présence d'une importante population d'immigrés de deuxième voire de troisième génération, dépourvue de droits, alors que des immigrés plus récents et moins bien intégrés, mais d'origine allemande en provenance de l'Est de l'Europe et de l'ex-URSS se voyaient automatiquement attribuer la nationalité allemande. [...]
[...] Cette dérive du nationalisme, qui sert à justifier les crimes les plus horribles a conduit l'Allemagne, à la fin de la guerre, à trouver d'autres fondements à son unité. B . qui a conduit à une remise en cause progressive de la conception allemande de la nation et du jus sanguini A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne divisée prend conscience de n'être plus qu'une nation sans Etat ; c'est pour cela que dès sa création, la RFA se veut provisoire et que le préambule de la Constitution fixe comme objectif l'unité du peuple allemand tout entier Il n'y avait pas de nationalité ouest-allemande, mais une nationalité allemande unique, grâce à l'application du jus sanguini. [...]
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