10 300 véhicules incendiés, 200 millions d'euros de dégâts, 3000 personnes placées en garde à vue…tel est le bilan des émeutes qui ont enflammées la France en novembre 2005. L'un des autres résultats sans précédent de ces « événements » était le matraquage médiatique dont ils ont bénéficié, aussi bien en France qu'à l'étranger. Certes ce n'était pas les premières révoltes de jeunes banlieusards , mais la durée et l'étendu géographique des violences ainsi que la jeunesse des protagonistes (et sans nul doute la perspective des élections présidentielles) ont suscité beaucoup plus l'attention qu'auparavant. Egalement, le cas français a été en quelque sorte la goutte d'eau qui fit déborder le vase, étant donné la multiplication des actions de ce type, c'est-à-dire perpétrées par des immigrés, dans les pays d'Europe occidentale. On peut ainsi citer les affrontements à Birmingham entre communautés noire et pakistanaise en 2005 et l'assassinat de Theo van Gogh à Amsterdam par un néerlando-marocain en 2004. Le Courrier International a publié le 10 novembre un supplément de seize pages intitulé « La rage des banlieues vue par… », compilant des articles de la presse étrangère traitant des émeutes dans les banlieues françaises. Les journalistes synthétisent la situation mais peuvent également apporter des éléments de solution, à la lumière de leurs expériences nationales.
Il est possible de partager les analyses rétrospectives de ces journaux en trois parties: les articles qui parlent de la faillite de la politique française en matière d'immigration (1) ; ceux qui pointent du doigt la responsabilité de Nicolas Sarkozy (2) et enfin ceux qui montrent leur inquiétude quant à une éventuelle contagion des émeutes (3).
[...] Ces émeutes étant même devenues une banalité, à en croire le rapport de Lucienne Bui-Trong Les violences urbaines à l'échelle des RG. Etat des lieux pour 1998 dans Les cahiers de la sécurité intérieure, Comme souligné par Le Goaziou et Muchielli dans Quand les banlieues brûlent. Retour sur les émeutes de novembre 2005, Paris, La Découverte, coll. Sur le Vif p.29 De Volkskrant, Pays-Bas Sauf, comme le montre The Independent, quand les banlieues peuvent servir de thème de campagne mais de façon négative : c'est le cas avec le Front National qui utilise ce thème pour gagner des électeurs. [...]
[...] Cependant de manière générale les gouvernements peuvent être élus sans le vote des banlieusards, et, comme le fait remarquer Beck, l'économie peut également très bien croître sans eux. Le Temps, Suisse Cette idée de lieu de passage est d'ailleurs souligné par Thomas Sauvadet dans ‘Jeunes' de la cité et contrôle du territoire : le cas d'une cité de la banlieue parisienne in Hérodote, Le Royaume-Uni et les USA sontt souvent mis en opposition à la France en matière de politique d'intégration car ils ont un modèle multiculturel et communautariste (le célèbre melting-pot américain) qui consiste à accepter la présence d'immigrés sans demander la participation de celle-ci à la communauté nationale. [...]
[...] Ils en viennent même à craindre la Police, et donc à soutenir les jeunes, car elle attiserait la violence La politique sarkozyenne Le premier flic de France est au cœur de l'actualité étrangère. Cependant l'opinion est divisée : pour certains le Ministre de l'Intérieur est la seule personne capable de faire régner l'ordre, ayant eu l'audace de dire tout haut ce qui se pensait tout bas (comme indiqué par The Australian) et proposant des solutions alternatives. Pour d'autres il a été non seulement le détonateur mais a également réussi à aggraver durablement la situation. [...]
[...] Dès lors le gouvernement a du mal à trouver un consensus, d'où la durée des violences. Surtout cet article nous laisse penser, à raison, que le problème de fond des émeutiers est loin d'être résolu étant donné le dialogue de sourds qui s'est installé et les mesures ad hoc, telles que les couvre-feux, qui ont été imposés. La France ne ferait ainsi qu'attendre passivement jusqu'aux prochains événements (sic). L'article suédois fait en quelque sorte écho au précédent puisqu'il se réfère à la Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983, sous la présidence mitterrandienne. [...]
[...] Etant donné que cela touche la majorité des pays européens, un Printemps des peuples banlieusards risque, d'après La Republica, d'éclater en Europe[9]. En plus des trois thèmes principaux ci-dessus, on trouve bien évidemment des analyses très subjectives et/ou hors contexte de l'événement. Ainsi le quotidien italien Il Giornale en profite pour appuyer la politique de Berlusconi en matière de pauvreté. De façon plus extrême, le Tehran Times appelle au boycott d'une France esclavagiste et le journal israélien Yediot Aharonot indique que les français, considérés comme pro-palestiniens, ont cherché cette situation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture