Le rapport qu'entretiennent les femmes avec la politique est conflictuel. Celle-ci forme un monde dominé par les hommes et les valeurs masculines que les femmes cherchent petit à petit à investir. Si aujourd'hui il est admis presque partout que la politique ne doit pas être l'apanage du masculin, ce n'est qu'au terme de nombreuses évolutions et de combats houleux à mettre au compte des femmes. Exclues depuis toujours de la « res publica », la chose publique, il a fallu qu'elles réclament aux hommes le droit de participation, qu'elles inventent des stratégies pour parvenir à prendre une place à la fois dans le débat public et sur la scène politique. En effet, le domaine de la politique reste un lieu de combat pour les femmes et ce dans un sens qui est double. En soit, il s'agit d'un bastion masculin investi et déterminé par des valeurs guerrières. On parle de combat, d'armes politiques, de guerre parlementaire pour parler de la politique. Mais, les femmes à ce combat, doivent en ajouter un autre ; celui que représente le simple droit d'entrée dans l'arène politique. Il existe une forte résistance à ce changement notamment en France où la politique demeure un cercle très fermé et hostile à la nouveauté et ce malgré les améliorations enregistrées avec la parité. Pourquoi une telle résistance ? Et quelles stratégies les femmes mettent-elles en place pour y faire face : se conformer au système tel qu'il existe ou le transformer pour qu'il soit plus à leur image ?
Nous tenterons d'abord d'aborder les obstacles historiques, juridico-institutionnels et sociaux à l'entrée puis à la montée des femmes en politique en se limitant au cas particulier de la France.
Puis, nous traiterons des avancées significatives enregistrées récemment dans ce domaine et des motivations politiques de cette volonté de changement en France.
Enfin, nous rappellerons les limites des réformes, les obstacles sociologiques rencontrés et tenterons d'analyser les différentes propositions tendant à les surmonter.
[...] En revanche, l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1995 marque un virage dans le traitement de la question des femmes qui devient centrale dans le débat politique. Le temps des réformes politiques en faveur des femmes : quels résultats ? Le féminisme pragmatique fait son entrée en politique. La question des femmes comme véritable enjeu politique est soulevé par la gauche dès après la guerre. Certains partis se montrent plus ouverts aux femmes que d'autres comme le Parti Communiste qui affiche le plus fort taux de féminisation au sortir de la guerre. [...]
[...] Il tente aussi d'instaurer une limitation au cumul des mandats qui décourage les hommes politiques à occuper plusieurs fonctions au même temps et à conserver ainsi de puissants bastions politiques. Enfin, il placera des femmes politiques à des postes- clés de son gouvernement, telle Elizabeth Guigou qu'il nomme Garde des Sceaux. Désormais, la volonté de promouvoir l'égalité homme-femme devient un enjeu de démocratie, elle est perçue comme une façon de renouveler la politique et de la rendre plus attractive. La droite aussi la reprend à son compte. [...]
[...] Trois femmes avaient été nommées sous-secrétaires d'Etat dans le gouvernement Blum suscitant déjà des espoirs. Mais, De Gaulle, qui défend une vision militaire de l'administration, voit d'un mauvais œil la collaboration avec des représentantes de l' éternel féminin Ainsi, les trois femmes qui entreront au gouvernement sous sa présidence auront tôt fait de le rassurer sur leur conformisme politique et leur indifférence aux questions féminines. Puis, Valéry Giscard- d'Estaing va lancer la mise en scène d'une certaine féminisation du pouvoir à travers la nomination de Simone Veil ou encore Françoise Giroud au gouvernement. [...]
[...] L'espoir de voir changer la politique avec les femmes. Une étude de Ronald Inglehart et Pippa Norris menée dans les années 1990 montre que, dans la plupart des pays, les femmes votent plus à gauche que les hommes. Mariette Sineau, dans une étude similaire sur le gender gap (les comportements électoraux différenciés selon le genre) affirme que si seules les femmes avaient voté aux élections présidentielles de 2002, Jean-Marie Le Pen ne serait pas passé au deuxième tour. Hormis les explications d'ordre psychologique, on peut avancer un argument socio-économique pour comprendre cette tendance. [...]
[...] Si l'on reconnaît aujourd'hui que ce modèle camouflait la domination des hommes sur les femmes, n'est-on pas forcé de reconnaître qu'il camouffle aussi la domination des blancs sur les autres ou encore des riches sur les pauvres ? Si la cause féminine a fait l'objet d'une politique volontariste, c'est parce qu'elle fait consensus aujourd'hui dans l'opinion publique mais qu'en est-il de la représentation des autres groupes ? Les femmes, dit-on, sont porteuses de valeurs autres, c'est pourquoi, leur présence dans l'arène politique enrichit le débat. Ces valeurs dites féminines contribueraient à la définition de l'intérêt général puisqu'elles sont partagées par au moins la moitié de la population. [...]
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