Le FN connaît un développement de plus en plus important depuis ses premiers succès électoraux en 1984. Depuis les années 80, l'extrême droite française s'est en effet plutôt enracinée autour de ce front. Mais il faut remonter en juin 1972 pour commencer l'histoire du « Front National pour l'unité français » puisque c'est à cette date qu'il est créé.
Il s'agira alors ici d'analyser une partie de l'histoire de l'extrême droite, dans laquelle se situe le FN, pour comprendre que le sexisme est, avec le racisme, une part importante mais quelquefois méconnue de son idéologie et de sa pratique. Si le FN est bien connu sur son engagement concernant des thèmes comme la sécurité, l'identité nationale ou l'immigration, ses positions vis-à-vis de la structure familiale et du rôle de la femme sont moins médiatisées mais restent essentielles. Considérant les rapports de sexe et le genre comme des données naturelles formant la base de l'édifice social, le FN explique et systématise le discours naturaliste qui reproduit et légitime une société de domination.
Le mouvement des femmes a d'ailleurs souvent tendu à montrer le « fascisme » comme quotidien, à travers des thèmes graves comme le viol ou la pornographie ou encore le culte de la virilité et de la force (armée, police). L'extrême droite renvoie donc à la fois à l'histoire et à l'ensemble de notre quotidien.
[...] Mais nous avons vu que le sexisme est aussi très présent dans son idéologie et dans un discours qui voudrait la soumission des femmes. Finalement, beaucoup de femmes se retrouvent dans le discours frontiste, ce qui n'est pas anodin. Finalement, aujourd'hui, comme dans le passé, ordre sexuel, social et national sont pensés par le FN comme allant de pair et leur défense conjointe légitime une politique de redressement autoritaire. [...]
[...] On peut ainsi lire dans un tract pour les élections régionales de mars 1986 : Famille, commune, région, nation, sont les structures de l'ordre naturel Ce sont par ailleurs les filles de JM Le Pen lui-même qui contribuent à diffuser cette image de la famille en étant souvent présentes lors des manifestations. La lignée est en outre assurée par Marine Le Pen. Une frontière des sexes très marquée Chacun à sa place La notion de place est essentielle dans l'idéologie FN qui a besoin de repères forts et de catégorisations sûres. Rien ne l'inquiète plus que le mélange et le mouvant. [...]
[...] Le champ d'action des femmes du FN est de manière générale situé dans la sphère publique et politique, mais au nom de leur rôle dans la sphère privée. Là se trouve une certaine contradiction : les militantes FN doivent concilier leur engagement politique avec une image traditionnelle. Au final, les femmes d'extrême droite développent un anti-féminisme qui cherche à répondre à des crises et des problèmes bien réels pour les femmes (conditions de vie et de travail, violences). Mais qu'en pensent alors leurs adversaires de premier plan, les féministes ? [...]
[...] Les femmes sont cantonnées à leur fonction reproductrice et doivent servir l'ensemble du corps social. La subordination des femmes est légitimée par leur assignation à un rôle spécifique au nom de la nature (voire la tradition). Ces dernières sont alors invisibles en tant que sujets politiques ; elles sont bien souvent les objets d'un discours. Les femmes n'existent donc que dans leur place traditionnelle, leur fonction de reproduction et d'éducation. Le discours frontiste justifie cette soumission des femmes à la fois par Dieu, la morale et la tradition. [...]
[...] Cependant, cela ne signifie pas que les femmes du parti partagent toujours les positions de J.M. Le Pen : elles diffèrent notamment sur la question du droit à l'avortement. Des études sociologiques montrent que les adhérents du FN justifient principalement leur adhésion par la fidélité à des traditions familiales ; quant aux femmes, par l'influence d'un mari ou d'un père. Si l'on s'intéresse de plus prêt aux caractéristiques des femmes du FN, plusieurs motivations se dégagent (d'après Fiammetta Venner). D'une manière générale, les femmes ont le sentiment d'avoir adhéré au FN parce qu'aucune autre alternative politique ne leur était offerte. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture