Politique, mémoire, devoir de mémoire, Vichy, régime de Vichy, Charles de Gaulle, mémoire collective, nation, guerre, seconde Guerre Mondiale, Halbwachs, histoire, société, domination, Ricoeur, abus, manipulation politique, dépolitisation de la mémoire, oubli, tradition
Monet, procureur assigné au procès de Pétain, déclara que Vichy constituait « 4 ans à rayer de notre Histoire » (P. Burin, Vichy dans Les lieux de mémoire). En dépit de sa réalité historique, car Vichy fût l'État français, les forces politiques œuvrèrent à effacer les traces de son existence dans l'Histoire nationale et la mémoire collective. Cette amnésie collective, mais surtout politique, cessera par le discours célèbre de C. De Gaulle : il avoua la responsabilité française et que « le fascisme était peut-être la plus française des inventions ». Vichy, oscillant entre excès de commémoration et oubli absolu, est l'illustration du politique s'insinuant au sein de la mémoire. Le sujet semble en effet présupposer l'existence d'une politisation fallacieuse de la mémoire qu'il s'agirait d'inverser. La mémoire possède une double acception. Sur le plan psychologique et individuel, elle est une fonction psychique s'attachant à l'enregistrement, la rétention et la restitution du souvenir. Son sens collectif est plus complexe car la mémoire collective ne se réduit pas à la somme des mémoires individuelles ; elle semble être dotée d'une identité propre (G. Le Bon, Psychologie des foules, 1895). Dès lors, son instrumentalisation par le pouvoir politique est une question délicate.
[...] L'on perçoit alors bien la nécessité de dépolitiser la mémoire car celle-ci est excessivement manipulée. Quels en sont les effets pervers permettant d'entériner cette nécessité ? C'est donc face à ces abus du devoir de mémoire qu'il convient de souhaiter la dépolitisation de la mémoire. Si selon Jankélévitch dans l'Imprescriptible (1996), le devoir de mémoire est imprescriptible, car « oublier le crime nazi contre les juifs serait plus grave encore » et que « la jeunesse demande à savoir et soupçonne qu'on lui cache quelque chose », Todorov dans Les abus de mémoire en dénonce d'autres effets pervers. [...]
[...] Est-ce à souligner l'ambivalence des effets du politique sur la mémoire ? Encadrer les rapports entre mémoire et politique Il y aurait alors un problème plus profond : si le devoir de mémoire est justifié, comment expliquer ses dérives et ses abus ? Si le pouvoir politique se doit d'agir sur la mémoire, comment expliquer les effets néfastes des commémorations à temps et à contre temps ? D'où provient ce glissement de l'us à l'abus ? Il ne peut que se justifier par une perversion de l'idée de justice. [...]
[...] Pour Nietzsche, le remède est alors anhistorique ou supra-historique. De même que l'Histoire est légitime si et seulement si elle sert la vie, définie elle-même comme une puissance non historique, la politisation de la mémoire doit être sélective et composer avec l'oubli. La mémoire-politique juste serait capable de prendre dans l'Histoire ce qui serait le plus utile à l'action présente. Alors, toute dépolitisation de la mémoire consisterait plutôt en une sélection intelligente et mesurée des évènements à commémorer dans la mesure où ceux-ci servent la vie collective. [...]
[...] En somme, faut-il lutter contre l'emprise du politique sur la mémoire ou bien est-ce que dépolitiser la mémoire ne constituerait pas un remède pire que le mal ? Il s'agira de déterminer les conditions d'une dépolitisation légitime de la mémoire, de trouver le moyen d'encadrer les rapports entre mémoire et politique pour qu'ils puissent lier avec justesse la dimension pragmatique et véritative de la mémoire. Conditions d'une dépolitisation légitime de la mémoire Sans négliger l'importance de la mémoire individuelle, le sujet semble présenter davantage d'affinité avec la mémoire collective. [...]
[...] Faut-il lutter contre l'emprise du politique sur la mémoire ? Monet, procureur assigné au procès de Pétain, déclara que Vichy constituait « 4 ans à rayer de notre Histoire » (P. Burin, Vichy dans Les lieux de mémoire). En dépit de sa réalité historique, car Vichy fût l'État français, les forces politiques œuvrèrent à effacer les traces de son existence dans l'Histoire nationale et la mémoire collective. Cette amnésie collective, mais surtout politique, cessera par le discours célèbre de C. [...]
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