La récente victoire de S. Berlusconi en Italie a été saluée comme un retour du populisme par de nombreuses manchettes de journaux. Un de plus, pourrait-on dire. Car si le peuple russe a inventé le populisme au XIXe siècle, les résurgences ont semblé se multiplier à la fin du XXe siècle, et le suivant paraît prometteur
[...] Une construction en trompe l'oeil intrinsèquement dangereuse pour le citoyen A. Le peuple victime : la Raison en péril La démocratie est un exercice exigeant, demandant au citoyen intelligence et participation active. Dans l'antiquité grecque, les citoyens pauvres siégeant aux différentes assemblées percevaient un salaire en échange des journées de travail perdues à l'accomplissement des devoirs civiques. Aussi, bien loin de la figure du paysan qu'Alexis de Tocqueville conduisait à l'isoloir, le citoyen doit faire une véritable œuvre de réflexion pour donner sens à la démocratie, et, pour cela, comprendre le sens des enjeux politiques, faire des choix et donc soupeser les différentes options etc. [...]
[...] Le populisme se résume alors à un style politique susceptible de mettre en forme divers matériaux symboliques et de se fixer en de multiples lieux idéologiques prenant la coloration politique du lieu d'accueil pour reprendre les termes de Pierre André Taguieff. On ne saurait bien sûr reprocher au populisme de ne pas réussir à acquérir le statut de mode de gouvernement, ou même son incapacité à s'incarner dans un régime politique fixe. Cependant, ses manifestations en font un dangereux instrument apolitique, voire anti-politique. Tout d'abord, le populisme jouit d'une grande aura. Le succès du front national à diverses élections (municipales, législatives, européennes ) à partir des années 1980 a surpris par son ampleur. [...]
[...] Nombre d'handicaps empêchent le populisme de revendiquer le statut de régime. Technique de mobilisation, le rôle de l'émotion explique aussi l'absence de programme prédéfini des populistes, qui préfèrent laisser la place à la spontanéité et ainsi stigmatiser le cynisme et le calcul des politiques en place. En découle une série de réponses juxtaposées parfois contradictoires, mais caressant le peuple dans le bon sens. Le principal reproche à faire au populisme en tant que phénomène politique est d'être un fourre-tout vidé de sens, une sorte d'idéologie molle affaiblissant la démocratie, plus que la menaçant. [...]
[...] Que faut-il reprocher au populisme ? Introduction La récente victoire de S. Berlusconi en Italie a été saluée comme un retour du populisme par de nombreuses manchettes de journaux. Un de plus, pourrait- on dire. Car si le peuple russe a inventé le populisme au XIXe siècle, les résurgences ont semblé se multiplier à la fin du XXe siècle, et le suivant paraît prometteur. Populisme chiraquien promettant la réduction de la fracture sociale, populisme lepéniste exaltant la préférence nationale, populisme tiers-mondiste rejetant le nouvel ordre mondial symbolisé par l'OMC ou la Banque Mondiale autant de formes de populismes n'ayant a priori guère de points communs. [...]
[...] On peut aussi reprocher au populisme de réussir là où la démocratie bien souvent échoue. Même si, comme on le verra, il s'agit pour l'essentiel d'une formidable construction en trompe l'œil, le populisme gagne le pari de l'union, au delà des étiquettes de partis et de classe. Il transcende l'affrontement partisan autour d'étiquettes. Aussi, à l'inverse de Xerxès tuant le messager porteur de mauvaises nouvelles, on ne saurait reprocher au populisme d'être ce qu'il est : une sonnette d'alarme à l'usage de la démocratie qui se voit révéler ses faiblesses juste à temps pour les combler : l'essentiel est de porter son attention sur le contexte de désenchantement démocratique et aux éléments déclenchant (sociologiques, économiques, psychologiques Mais on ne saurait arrêter là l'analyse. [...]
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