« Je m'appelle Vincent Humbert, j'ai eu 22 ans le 3 février 2003. C'est moi le jeune Normand tétraplégique qui a écrit au président de la République pour le supplier de lui venir en aide. »
« Je veux mourir parce que cette vie de merde que l'on me fait vivre depuis mon accident, je n'en peux plus, je n'en veux plus. »
Voici les mots du jeune Vincent, 19 ans, victime d'un accident de la route en 2000. Depuis cette date Vincent est vivant mais : tétraplégique, muet, quasiment aveugle et dépendant d'une alimentation artificielle. La seule communication possible est celle par pression de son pouce. Par ce moyen il va alors rédiger une lettre dans laquelle il demande à Jacques Chirac le droit de mourir. Le chef de l'état répond qu'il n'a pas le droit de répondre à cette demande. Avec l'aide d'un journaliste il va ensuite raconter son histoire et sa demande dans un livre. Vincent parvient à convaincre sa mère de l'aider :
- Injection par sa mère d'une forte dose de barbituriques qui le plonge dans un coma profond :
- Réanimation par le médecin, puis après consultation plus poussée du dossier celui-ci décide de débrancher le respirateur et d'effectuer une injection de chlorure de Potassium
- accusation de la mère et du docteur Chaussoy pour « empoisonnement avec préméditation »
- finalement décision d'un non-lieu général par le procureur de Boulogne sur mer. Ce non lieu est rendu le 2 janvier 2006. sur le plan juridique cela implique qu'il n'y a pas de matière à poursuivre, que le dossier est vide parce que la loi ne peut pas trouver de prise solide pour incriminer quiconque.
Cette affaire à pour effet de relancer le débat médiatique et politique sur la question de l'euthanasie et de sa possible légalisation.
Débat longtemps occulté en France : pourtant avec les progrès de la médecine et l'augmentation de l'espérance de vie ainsi que la médicalisation de la fin de vie (+ de 70% des personnes meurent à l'hôpital contre seulement 30% en 1960) la légalisation de l'euthanasie est une question qui se pose réellement puisqu'en France même si comme on l'a vu avec cette affaire la justice est compréhensive, la loi considère l'euthanasie comme un meurtre.
A la suite de cette affaire mise en place d'une mission d'information sur l'accompagnement de la fin de vie par le président de l'AN JL Debré
Rédaction d'un rapport collectif qui va être à l'origine de la loi d'avril 2005 appelée loi Leonetti relative aux droits des malades et à la fin de vie.
Cependant cette loi même si elle apporte quelques précisions en ce qui concerne les droits des malades, elle ne résout pas le débat de fond et la question faut il légaliser la pratique de l'euthanasie reste aujourd'hui entière. D'autant plus que d‘après certaines estimations on considère que 2000 euthanasie sont pratiquées chaque année dans les hôpitaux par les équipes médicales.
On peut alors se poser la question de savoir s'il faut réduire cet écart entre pratique et législation et s'il faut donc légaliser la pratique de l'euthanasie.
Dans quelle mesure le débat sur la légalisation de l'euthanasie repose sur une opposition juridique par rapport à la définition de la dignité humaine ?
Dans une première partie nous analyserons une vision de droit moderne : le droit est conçu comme un attribut de l'homme il y a donc une demande d'un droit à mourir dans la dignité et ainsi nécessité de légaliser l'euthanasie
Dans une deuxième partie nous analyserons la vision classique selon laquelle: la personne est un être en relation et sujet de l'ordre naturel. Il ne doit donc pas y avoir de légalisation afin de se protéger d'un mal plus grand qui est la reconnaissance sociale d'un permis de tuer. Le point primordial est celui de la défense de valeurs en dehors desquelles il n'y aurait pas de société possible.
[...] Les conséquences sociales liées à la légalisation de l'euthanasie sont lourdes. Une telle législation ne mènerait-elle pas à une dévaluation de la vie humaine ? N'ôterait-elle pas une certaine légitimité de vivre ? De plus, on ne peut nier l'idée selon laquelle nul ne peut être juge de ma dignité, pas même moi même. En effet en altérant ma dignité, j'altère toute la dignité humaine. Le Pr. Bernard Debré dans une interview pour le magazine l'express de janvier 2004 estime qu'« on ne peut reconnaitre à l'homme le droit de tuer son prochain, il y va de la notion même de l'humanité Inscrire la dépénalisation dans une nouvelle législation reviendrait à porter une atteinte grave au fondement même de la société (cela équivaudrait à une modification du droit civil, du droit pénal, du code de la santé et du code de déontologie médicale) ( Devoir du médecin : Serment d'Hippocrate : dans ce serment le médecin s'engage à ne pas porter atteinte à la vie de son patient Code de déontologie : Le code de déontologie médicale exclut totalement ce genre de pratique en faisant obligation morale au praticien d'"accompagner le mourant jusqu'à son dernier moment Art 38 : Le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. [...]
[...] On peut alors se poser la question de savoir s'il faut réduire cet écart entre pratique et législation et s'il faut donc légaliser la pratique de l'euthanasie. Dans quelle mesure le débat sur la légalisation de l'euthanasie repose sur une opposition juridique par rapport à la définition de la dignité humaine ? Dans une première partie nous analyserons une vision de droit moderne : le droit est conçu comme un attribut de l'homme il y a donc une demande d'un droit à mourir dans la dignité et ainsi nécessité de légaliser l'euthanasie Dans une deuxième partie, nous analyserons la vision classique selon laquelle: la personne est un être en relation et sujet de l'ordre naturel. [...]
[...] - Le médecin doit respecter la volonté de la personne après l'avoir informée des conséquences de ses choix. Droit de choisir : Le problème qui se pose est lorsque la personne n'est plus en état de communiquer son choix. Précision avec la loi d'avril 2005 : Le droit de désigner une personne de confiance Le droit de rédiger des directives anticipées Article 7 Art. L. 1111-11. toute personne majeure peut rédiger des directives anticipées pour le cas où elle serait un jour hors d'état d'exprimer sa volonté. Article 9 Art. L. [...]
[...] Cette affaire a pour effet de relancer le débat médiatique et politique sur la question de l'euthanasie et de sa possible légalisation. Débat longtemps occulté en France : pourtant avec les progrès de la médecine et l'augmentation de l'espérance de vie ainsi que la médicalisation de la fin de vie de 70% des personnes meurent à l'hôpital contre seulement 30% en 1960) la légalisation de l'euthanasie est une question qui se pose réellement puisqu'en France même si comme on l'a vu avec cette affaire la justice est compréhensive, la loi considère l'euthanasie comme un meurtre. [...]
[...] Enfin de nombreuses personnes estiment que la demande d'euthanasie ne se fait pas au nom de la dignité, mais à cause de la peur de la souffrance. C'est l'exemple même que prouvent les USP (Unité de Soins palliatifs). Dans ces unités les demandes d'euthanasie sont en effet extrêmement rares. Il faudrait donc plutôt développer ces unités au lieu de reconnaître l'euthanasie comme étant une pratique légale. En effet une justification légale de l'euthanasie aurait pour effet de ralentir les efforts faits dans le domaine des soins palliatifs. [...]
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