Le 25 mars 2008 a été rendu au président de la République, un document officiel de 99 pages préconisant une modification profonde des armées françaises. Ce texte est la partie Défense de la Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP). Elle vise dans ses grandes lignes des regroupements stratégiques mais surtout une réduction massive des effectifs. En effet, on estime à un peu moins de 35 000 emplois, le nombre de postes supprimés d'ici 2014 (ajoutons à cela, la suppression de 16 829 emplois civils) . Les travaux de la RGPP-Défense ont consisté à rationaliser le fonctionnement du corps militaire, en réduisant ses coûts. Cette réforme qui semble heurter l'état major militaire, laisse t-elle supposer la victoire des technocrates sur les armées, et par conséquent l'hégémonie du politique sur le militaire ? La question du rapport entre ces deux entités a été reprise par Thomas Lindemann dans une analyse : « Faire la Guerre, mais laquelle ? Les institutions militaires des Etats-Unis entre entités bureaucratiques et préférences stratégiques. » Docteur en science politique et diplômé des Universités de Bonn et Paris 1, Thomas Lindemann est actuellement maître de conférences à l'Université de Toulouse, chargé de recherches au Centre Morris-Janowitz de Toulouse et à l'Institut de Stratégie Comparée. L'article présenté met en exergue deux grandes théories explicatives des choix stratégiques de l'armée américaine. L'une se veut bureaucratique, c'est-à-dire tributaire des intérêts corporatistes et l'autre constructiviste, dépendante d'une culture organisationnelle et d'un référentiel identitaire. L'intérêt du texte est de montrer que même si en apparence, ces deux approches sont difficilement conciliables, il est nécessaire et indispensable de combiner les deux perspectives pour avoir une compréhension globale de la stratégie de l'institution militaire américaine. Dès lors, il faut se demander en quoi la réticence de l'état-major de l'armée américaine à s'engager dans des missions interventionnistes et leurs préférences pour des guerres peu meurtrières, est-elle le reflet d'un certain référentiel identitaire, qui dépasse les seuls intérêts corporatistes ? Ainsi, nous verrons que les limites du modèle bureaucratique (I), sont en grande partie comblées par le schéma constructiviste (II). Cette idée, nous permettra dans un dernier temps, d'insister sur l'interaction de ces deux théories dans la perspective d'un nouveau modèle explicatif (III).
[...] Revue de science politique, octobre 2003. [...]
[...] D.Battistella, Théories des relations internationales, Presses de Sciences Po A.Klotz et C.Lynch, Le constructivisme dans la théorie des relations internationales Critique Internationale Article du Point, Exclusif : le rapport qui met l'armée au pain sec mars 2008 Article du Point, Armée : Sarkozy prépare une révolution février 2008 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FD001435.pdf http://en.wikipedia.org/wiki/Alexander_Wendt Chiffres tirés de l'article du Point, paru le 20 mars 2008, intitulé Exclusif : le rapport qui met l'armée au pain sec Définition tirée de l'article de Thomas Lindemann, Faire la Guerre, mais laquelle ? Les institutions militaires des Etats-Unis entre identités bureaucratiques et préférences stratégiques. Revue de science politique, octobre 2003. Idem Idem Idem Idem Idem Idem Idem Idem Idem [12]Alexander Wendt, agent-structure problem in international relations”, International Organization [13]Alexander Wendt, “Social Theory of International Politics”, Cambridge University Press Thomas Lindemann, Faire la Guerre, mais laquelle ? Les institutions militaires des États-Unis entre identités bureaucratiques et préférences stratégiques. [...]
[...] Les effets empiriques de cette théorie auraient été observés lors de la guerre irakienne en 1991, dans la doctrine militaire soviétique ou plus globalement à travers la stratégie de la marine américaine. Il existerait donc selon ce schème, une corrélation entre la position institutionnelle et la conception stratégique des acteurs en présence. Ainsi, les partisans d'Allison et d'Halperin soutiennent l'idée selon laquelle, chaque branche du corps militaire serait dans la nécessité de défendre et d'accroître ses allocations financières, son autonomie et son prestige. [...]
[...] Contrairement aux constructivistes purs, Lindemann admet que même si les préférences stratégiques de l'institution militaire sont dépendantes des identités mouvantes, tout n'est pas pour autant socialement établi, car dans une logique de survie toutes les corporations tenteront de s'assurer des avantages financiers, d'autonomies et de prestiges. Par conséquent, avant même d'en venir à cette idée, on conçoit déjà qu'une coopération entre les deux grands modèles explicatifs est envisageable. Revenons maintenant sur cette identité militaire qui a façonné l'armée dans l'ère post vietnamienne. Cette expérience a été vécue de manière très forte par les élites en place. [...]
[...] En effet, la radicalisation de la tendance à la minimisation des pertes est compréhensible par la menace des intérêts corporatistes de l'armée dans la perspective d'obtention d'allocations financières intéressantes. Cependant, ce schéma d'interprétation rencontre selon Lindemann des limites analytiques qui empêchent de saisir l'objet d'étude dans sa globalité. Voyons donc les insuffisances et les faiblesses de cette théorie. Insuffisances et limites de l'approche bureaucratique Le modèle bureaucratique élaboré par Allison et son courant, a fait l'objet de nombreuses critiques. Lindemann souligne le fait en reprenant une remarque de Berstein que les décideurs militaires ne prennent pas toujours position pour leur corporation personnelle. [...]
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