L'Amérique latine connaît à partir des années quatre-vingt des transformations économiques et politiques. Le reflux des régimes militaires est caractéristique de cette époque, pendant laquelle on dénombre treize transitions vers la démocratie. L'érosion du pouvoir et de la légitimité de ces régimes est en partie due à une moindre efficacité économique. D'autre part, la crise économique fragilise les économies des pays latino-américains et se manifeste par une évolution négative du PNB/habitant. C'est à partir des années quatre-vingt dix que l'on constate une certaine reprise économique. Les populations latino-américaines attendent donc du régime démocratique un changement radical dans l'amélioration de leurs conditions de vies. Cependant, leurs espoirs sont vite déçus et l'on va même jusqu'à parler de « désenchantement » vis-à-vis du régime. Le contexte politique présente en effet de nombreux dysfonctionnements, parmi lesquels une situation d'ingouvernabilité et d'incapacité du pouvoir exécutif à satisfaire les attentes populaires.
Il apparaît donc nécessaire de constater en quoi le régime démocratique connaît une crise de l'offre politique en 1990.
Nous verrons quels sont les facteurs de dysfonctionnements de la démocratie (I) et quelles en sont les manifestations. (II)
[...] Les outsiders finissent en général mal. Des mandats d'arrêt internationaux pour corruption et crime organisé ont été lancés contre Fujimori et les autorités péruviennes demandent son extradition. Les relations entre le Président et le Parlement Devant le multipartisme et l'absence de discipline partisane, le pouvoir exécutif est amené à trouver des solutions afin d'assurer une certaine gouvernabilité. Même s'ils sont bien élus c'est-à-dire qu'ils bénéficient d'une majorité confortable à l'Assemblée- les Présidents doivent sans cesse négocier pour obtenir le soutien des parlementaires. [...]
[...] Nous verrons quels sont les facteurs de dysfonctionnements de la démocratie et quelles en sont les manifestations. À l'origine des dysfonctionnements de la démocratie Une absence de tradition parlementaire Nous pouvons évoquer comme premier facteur le manque de tradition parlementaire en Amérique latine. Le continent a une histoire marquée par le caudillisme, qui laisse donc une place peu effective aux partis politiques. On l'assimile à un régime politique typique d'une société dominée par une oligarchie foncière, l'Eglise et les militaires à la tête de laquelle un autocrate charismatique le caudillo, va alimenter un réseau de clientèle. [...]
[...] L'émergence du phénomène des outsiders dans les années 90 traduit le sentiment de désillusion politique de l'époque. Dans certains pays latino- américains, les populations cherchent à trouver une solution au problème de représentation à l'extérieur des partis politiques, en qui ils n'ont plus confiance. Cela ne signifie pas pour autant que ces modèles sont une solution durable à la crise. L'exemple le plus connu est indéniablement celui d'Alberto Fujimori au Pérou (1990-2002). Ancien recteur d'université, il arrive à la présidence et court-circuite le système de partis traditionnels. [...]
[...] Il a lui-même promulgué la totalité des décrets sur la pacification. Le spectre de la fujimorización plane sur d'autres parlements latino-américains alors que la dissolution est interdite par les Constitutions nationales. Le cas de l'ancien président équatorien Abdalá Bucaram, destitué par le Congrès pour incapacité mentale montre l'idée que les parlementaires ont également un moyen de pression sur l'exécutif. La démocratie des années 90 est une démocratie dégradée dans le sens où le régime fait apparaître plusieurs failles qui remettent en question son caractère proprement démocratique Les Latino-américains sont déçus en général de cette démocratie qui a du mal à se consolider. [...]
[...] De son côté, le président cherche à consolider sa place au pouvoir en alimentant des réseaux de clientélisme (concessions, marchandages). Les députés et les sénateurs brésiliens par exemple obtiennent que les ressources gouvernementales soient canalisées vers leur province. Le président trouve également intérêt à provoquer la division des partis : il en résulte qu'ils sont plus faibles et ne peuvent donc plus empêcher le président de gouverner. Le système se caractérise donc par une volatilité politique. Il faut aussi prendre en compte les modes de scrutin qui aggravent la crise de l'offre politique. [...]
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