« Bush face à la déroute », voilà ce que l'on pouvait lire en couverture du Courrier International la semaine précédent les élections. En dessous figurait une caricature du journal cubain Juventud Rebelde représentant un Bush minuscule, ridicule, portant une couronne bien trop grande pour lui.
Et en effet, le mercredi 08 novembre 2006, la victoire attendue des démocrates était enfin officielle, à la grande satisfaction d'une large majorité du peuple américain et de l'opinion publique internationale. Cette « raclée » comme l'a lui-même appelée George W. Bush met fin à une campagne électorale de près d'un an, riche en rebondissements et scandales en tout genre. Elle annonce un changement important dans la vie politique américaine : pour la première fois depuis douze ans, les démocrates sont de nouveau majoritaires au Congrès et mettent fin à six ans d'une domination exclusive des conservateurs et des néoconservateurs sur la prise de décision.
[...] Les grands gagnants de cette élection sont donc les démocrates. Au sein de ce parti, un homme et une femme politiques ont été particulièrement distingués par la presse : le Sénateur de l'Illinois Barrack Obama et la démocrate californienne Nancy Pelosi.
Nancy Pelosi, chef de file de l'ancienne minorité démocrate, est aujourd'hui pressentie pour devenir la nouvelle présidente de la Chambre des représentants, elle sera aussi la première femme à occuper ce poste . Brandie par les républicains en épouvantail pendant la campagne et accusée de gauchisme éhonté, Mme Pelosi s'est jusqu'à présent montrée prudente : elle a ainsi prévenu la nouvelle majorité qu'il n'y aurait pas de procédure d'impeachment contre le Président comme cela avait un temps été murmuré. Cependant des enquêtes parlementaires sur la gestion financière de la crise provoquée par l'ouragan Katrina et de la guerre en Irak (notamment sur l'affaire Haliburton) seront ouvertes. (...)
[...] Elle réaffirme un dualisme que l'on peut considérer comme paradoxal : Abou Hamza Al-Muhajir successeur d'Al-Zarkaoui, félicite et remercie les américains qui ont fait un premier pas dans la bonne direction pour sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve ; il réaffirme cependant également sa volonté de faire explosé la Maison Blanche et appelle George W. Bush à ne pas se presser de prendre la fuite d'Irak. Nous n'avons pas encore étanché notre soif de votre sang B. Après George W. Bush, quelles options pour l'Amérique ? En France et en Angleterre, l'incertitude domine : The Economist et Le Courrier International se font l'écho des propos du politologue Michael Lind[13]. [...]
[...] Chaque jour pendant près de deux semaines de nouveaux messages sont transmis à la presse trop heureuse de pouvoir les diffuser. La réputation du représentant, qui devait justement être réélu cette année, est détruite et il décide de ne pas être candidat à la réélection. Cette affaire, qui tombe si bien, est l'occasion pour les démocrates de stigmatiser publiquement l'hypocrisie et l'immoralité des républicains, de légitimer leur volonté de réintégrer la religion à leur discours. B. Les thèmes de la campagne Si le parti démocrate est parvenu à réduire le fossé qui le séparait de son opposant principal en ce qui concerne le negative campaigning il a également su tirer profit d'une autre situation favorable. [...]
[...] Déjà en 2005, la condamnation par la justice de deux (ancien) gouverneurs républicains avaient défrayé la chronique : en août 2005, le gouverneur de l'Ohio Bob Taft doit se retirer de ses fonctions après avoir été condamné par la justice pour corruption. Peu de temps après, le procès de l'ancien gouverneur de l'Illinois George Ryan se termine : il est reconnu coupable pour chacun des chefs d'accusation (plus d'une dizaine dont fraude et corruption). Mais c'est surtout depuis le début de l'année 2006 que l'on assiste à une véritable escalade dans le scabreux. [...]
[...] Bush a déclaré sottement qu'une victoire des démocrates aux élections de mi-mandat serait une victoire du terrorisme. Les menaces que font planer le terrorisme islamiste, les Etats voyous comme la Corée du Nord et une Chine qui affirme ses ambitions planétaires sont autant de défis pour les Etats-Unis que pour le reste du monde démocratique. Il serait imprudent de penser que la planète sera rendue plus sûre par une Amérique paralysée qui se désengage. Ce serait certes une bonne chose que l'Amérique soit moins adepte de l'unilatéralisme, mais sûrement pas qu'elle devienne isolationniste. [...]
[...] La victoire des démocrates était attendue à la Chambre et, dans une moindre mesure, au Sénat. Le seul facteur de surprise demeure les chiffres : une victoire si large était inespérée pour les démocrates qui jusqu'ici s'étaient distingués par leur absence : l'absence de projets et l'absence d'une opposition organisée face à la machine républicaine. Le tableau ci-dessous illustre cette victoire : cependant certains résultats étant toujours contestés, les chiffres sont provisoires Nouvelle répartition du Congrès[2] B. Deux futurs candidats à la présidence ? Les grands gagnants de cette élection sont donc les démocrates. [...]
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