Le christianisme est-il à l'origine de l'Etat moderne ?

Résumé du document

L'Etat moderne se caractérise par le développement d'un espace politique autonome. Cette caractéristique se retrouve essentiellement en occident dont la culture est marquée entre autre par la religion chrétienne. Une comparaison avec d'autres cultures montre que les Etats d'autre confession ne connaissent pas cette autonomie du politique. L'Islam ne reconnaît d'autres lois que la Charria, l'Empereur romain avait un caractère divin. La religion joue un rôle dans la construction d'une culture et en tant que principale organe socialisant de nombreuses sociétés, elle est souvent décisive dans la formation de l'Etat.

Ceci amène à penser que le christianisme peut être à l'origine de l'Etat moderne. Quelle est sa place dans la construction du type d'Etat de l'Occident actuel et qui est parfois l'objet de transposition dans des pays d'autre culture ?

L'Etat moderne est avant tout le produit d'une lutte pour le pouvoir entre l'Eglise et l'Etat accompagnée d'une évolution des idées politiques. Cependant le Christianisme est par son contenu même une origine de cet Etat moderne ...

Extraits

[...] Mais parallèlement à cela se développe l'idée d'un corps mystique du souverain laïc. Une fois l'espace public défini, il faut une personne tenant sa légitimité non de son corps naturel mais d'un corps mystique capable de réaliser le bien commun et de transcender les intérêts personnels. L'apport principal de Saint Thomas est le caractère naturel de l'Etat et le droit naturel auquel il doit se conformer. Cependant, cet apport a pour origine la redécouverte d'Aristote. Saint Thomas se trouve à la rencontre de cette philosophie antique et de la tradition augustinienne. [...]

[...] Il faut attendre les années 1150- 1160 pour voir les puissances temporelles prendre le dessus sur Rome, à la suite de la Querelle des Investitures qui opposent Frédéric II au pape Alexandre III. L'empereur germanique va jusqu'à Rome avec son armée et oblige le souverain pontife à fuir. Frédéric II rejette tout pouvoir du pape dans la nomination des Princes et affirme l'indépendance du pouvoir séculier. C'est alors que commence le développement d'un Etat totalement indépendant. Même si les rois se feront couronner par la pape, celui-ci n'a plus aucun pouvoir sur leur nomination. [...]

[...] Le lien entre visible et invisible est désormais du domaine exclusif des religieux. Depuis que Dieu s'est fait homme, un homme ne peut plus revendiquer cette place de médiateur. Le roi acquiert progressivement une légitimité non plus exclusivement divine mais également de source populaire. Marcel Gauchet nomme le Christ un "messie à l'envers". Alors qu'on pouvait attendre du fils de Dieu qu'il vienne sur Terre dans la personne d'un roi, ayant pour objectif de libérer son peuple, il naît dans une étable et meurt sur une croix comme un brigand. [...]

[...] Cependant, le rôle majeur de la féodalité dans ce processus est celui décrit par Norbert Elias dans Le processus de civilisation. Le christianisme joue un rôle décisif dans la naissance de l'Etat moderne, non seulement par l'originalité du message du Christ mais aussi par son évolution et celle de l'institution qui l'accompagne, l'Eglise. Le processus de concurrence entre les pouvoirs temporels et spirituel a mené à un espace politique autonome qui a permis la modernité. Cependant, le christianisme n'a pas enfanté seul l'Etat moderne. Il a fallu la rencontre de diverses cultures. [...]

[...] Cependant, si le jeu des acteurs étatiques et ecclésiastiques et l'évolution des doctrines ont joué un grand rôle dans la construction de la modernité politique, qu'en est-il de la nature même de la religion? Le christianisme en lui-même devait-il fatalement conduire à une forme appelé aujourd'hui moderne de l'Etat? "Le christianisme est la religion de la sortie de la religion" Marcel Gauchet Pour Marcel Gauchet, dans Le désenchantement du monde, "le christianisme est la religion de la sortie de la religion". Ceci amène à penser que le christianisme porte en lui la modernité politique et en particulier l'autonomisation de la sphère temporelle. A. La révolution chrétienne du pouvoir 1. [...]