La crise de Mai 68 a donné lieu à un flot d'interprétations parfois contradictoires et a été aussi bien considérée comme « bouc émissaire au mal-être social existant » que « célébré(e) comme le précurseur d'une libération des moeurs et de la culture qui triomphe aujourd'hui. ».
Pour certains, cet événement ainsi que la permissivité sont responsables de la « crise morale » dont souffre la France. Ce diagnostic suscite de nombreuses interrogations. Tout d'abord, la France vit-elle réellement une « crise morale » depuis mai 68 ? Si tel est le cas, ne peut-on pas l'expliquer par d'autres facteurs ? Qui établit ce diagnostic ? Quand ce diagnostic a-t-il été établi ?
Il s'agit également de définir ce qu'est la permissivité. Ce terme à connotation péjorative, qualifie un système de valeurs et un mode de vie considérés comme trop libéraux en matière morale. Cependant, l'énoncé reste mystérieux sur les liens existant entre mai 68 et la permissivité. Les révoltes étudiantes ont-elles renforcé la permissivité ou ont-elles en quelque sorte inventé la permissivité ? De plus, ces personnes établissant ce lien semblent suggérer que si Mai 68 n'avait pas eu lieu, rien de tout cela ne serait arrivé. Cette analyse est-elle valide ?
Je me propose donc dans une première partie d'analyser le discours de la « crise morale ». Puis je me pencherai plus précisément sur les évènements de 1968 et ses conséquences dans le domaine de la morale. Enfin, j'essaierai d'élargir le diagnostic de « crise morale » en établissant plutôt un diagnostic de crise du capitalisme.
[...] On a tendance à se focaliser sur les révoltes étudiantes et à négliger la crise sociale du monde du travail qui n'avait pas du tout les mêmes aspirations que le monde étudiant.
Le diagnostic de « crise morale » s'est quelque peu cristallisé sur l'école. Il est vrai qu'après la crise de 1968, les rapports élèves-professeurs ont été modifiés : les classes ne s'alignent plus devant les salles, les élèves ne se lèvent plus lorsque le professeur arrive... Dès juin 1968, les élèves et leurs parents participent aux conseils de classe et à la redéfinition des règlements scolaires dans les établissements.
Mais on peut également se demander si la société « morale » de l'après guerre n'a pas créé elle-même les conditions de sa disparition : en se basant sur le complet refoulement des désirs, la société s'exposait tôt ou tard à une révolte. L'explosion était inévitable en 1968 ou plus tard. La société morale serait donc en partie responsable de la « crise morale ». Mais peut-on qualifier la société d'avant 68 de « morale » puisqu'elle était fondée sur une sorte d'hypocrisie, une volonté de ne pas reconnaître des pratiques qui existaient depuis longtemps ? (...)
[...] Sciences politiques : culture générale Exposé : Mai 68 et la permissivité sont-ils les causes de la crise morale que diagnostiquent certains ? Introduction La crise de Mai 68 a donné lieu à un flot d'interprétations parfois contradictoires et a été aussi bien considérée comme bouc émissaire au mal-être social existant[1] que célébré(e) comme le précurseur d'une libération des mœurs et de la culture qui triomphe aujourd'hui.[2] Pour certains, cet événement ainsi que la permissivité sont responsables de la crise morale dont souffre la France. [...]
[...] Discours du 3 septembre 2006, De libéralisation, plutôt Ne pas oublier le Printemps de Prague, en Tchécoslovaquie Penser aussi à Cohn-Bendit en France L'historien catholique M. de Certeau disait : on a pris la parole comme on a pris la Bastille en 68. C'est congruent avec de profondes évolutions sociales : l'émancipation de la femme (qui a droit à son chéquier, sans passer par son mari en 1967 C'est lié à la montée en puissance de l'idée de droits personnels. [...]
[...] Dans ce cas, la crise morale s'apparente à une crise du régime politique et de la Ve République. Le diagnostic d'une crise morale est donc polysémique[8]. Nicolas Sarkozy se détache en reprenant quelques-uns des arguments de l'extrême-droite en termes plus policés. Il accuse également la génération de mai 68 d'avoir été des enfants gâtés ne se contentant pas de ce qu'ils avaient[9] et les oppose ainsi à la génération de la Résistance. Il accable également la gauche qui s'est selon lui servi de mai 68. [...]
[...] L'idée dominante pour penser et critiquer mai 68 postule que le joli mois de mai a vu la dévaluation du principe d'autorité, conduisant à sa disparition. Ce qui entraîne une forme d' à-quoi-bonisme quant aux valeurs et aux choix : tout se vaut, puisque nulle autorité ne peut légitimement dire les valeurs. La consommation de masse, dont l'essor est contemporain de cette mentalité, apparaît alors comme l'élément qui permet aux individus de se distinguer et de former des communautés de sens au détail près qu'elle est elle-même vide de sens. [...]
[...] Certaines personnes affirment également que les affaires de mœurs ont singulièrement augmenté depuis quelques années et que cela est un symptôme flagrant de la crise morale vécue par notre pays. D'une part, les victimes osent davantage témoigner et réclamer justice pour ce type d'affaires car elles sont en un sens mieux écoutées[17]. D'autre part, il ne faut pas négliger le rôle des médias. Les années 60 voient l'apparition des médias de masse et notamment les premiers pas de la télévision. [...]
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