« L'autoritarisme implique une limitation de la liberté, mais jamais l'abolition de celle-ci ». Hannah Arendt. Qu'est-ce que l'autorité ? (1989). Cette phrase illustre le paradoxe, l'équilibre précaire, dans lesquels subsistent les systèmes autoritaires. D'un côté, ils restreignent les libertés afin de se maintenir, mais de l'autre, ils laissent certaines aires d'autonomie propices au développement d'une opposition.
En effet un système autoritaire peut se définir comme la pratique d'un régime politique qui tend à valoriser la concentration de la puissance dans l'exercice du pouvoir par une seule personne ou un groupe de personnes, au détriment des libertés et de l'opposition. Toutefois, le système autoritaire se différencie du système totalitaire par quatre traits qui lui sont propres : l'absence de projet volontariste et idéologique de transformation radicale de la société (idéologie conservatrice) ; l'acceptation d'un pluralisme limité (qui entraîne la non-responsabilité du parti unique) ; une répression d'intensité « moyenne » et discriminée ; et une dépolitisation de la société.
[...] Cependant, il est important de ne pas dévaloriser les causes conjoncturelles qui semblent accélérer et précipiter la dislocation, inévitable, d'un système autoritaire qui se veut imperméable. La reconnaissance de l'impuissance du système autoritaire et la volonté de le réformer ne suffisent pas à le maintenir un peu plus longtemps. Le système autoritaire laisse des aires d'autonomies dans la société et accepte un pluralisme limité. Lorsqu'il se retrouve en difficulté, il peut faire le choix de restreindre un peu plus les libertés de façon à éviter toute contestation ou au contraire, s'ouvrir un peu plus et reconnaître la nécessité de réformes pour maintenir un tel régime. [...]
[...] La chute de la République populaire du Congo en 1991, installée depuis 1969 (au CongoBrazzaville) résulte de l'introduction du multipartisme en juillet 1990 par le Comité central du parti congolais sous la pression soviétique et française, qui a aboutit à l'élaboration d'une sixième Constitution et à des élections démocratiques en 1992. La résistance civile, appuyée par de nombreuses institutions, remet en cause les systèmes autoritaires et provoque leur chute. Les mouvements dissidents prennent de plus en plus d'importance au fur et à mesure du durcissement/assouplissement du régime, notamment grâce au soutien croissant de différentes institutions. Tout d'abord, il faut souligner le rôle de la religion dans la dislocation des systèmes autoritaires. [...]
[...] Et pourtant, dès le milieu des années 1970 jusqu'au début des années 2000, dans un même élan, on a assisté à la dislocation de ces systèmes autoritaires, leur organisation s'est désarticulée et a provoqué l'effondrement des régimes autoritaires. On est donc amené à s'interroger sur les causes profondes de l'effondrement de l'autoritarisme, au-delà d'une explication par la succession d'événements particuliers, simples accélérateurs d'un mouvement semble-t-il irréversible. I. La dislocation d'un système autoritaire semble d'abord résulter de causes structurelles, inhérentes à l'organisation de l'Etat qu'il met en place. Le système autoritaire aboutit sur le long terme à une paralysie de l'appareil d'Etat. [...]
[...] Les systèmes autoritaires semblent donc voués à un immobilisme croissant qui ne peut mener qu'à leur chute à plus ou moins long terme. De plus, l'organisation qu'il propose lui permet de s'assurer le soutien indispensable de la population, base du régime autoritaire, seulement pour une courte durée. L'autorité renvoie précisément en science politique à la forme du pouvoir qui repose sur le consentement (implicite ou explicite) de ceux qui subissent l'exercice de la puissance Elle suppose donc un rapport inégalitaire distinguant ceux qui commandent de ceux qui obéissent. [...]
[...] Or la soumission et la dépolitisation des masses sont souvent compromises par les contradictions du système autoritaire. Tout d'abord, il est souvent difficile lorsque l'on use de la répression et de la force, même dans une moindre mesure, de susciter l'enthousiasme et le soutien de la population pour le régime en place. Ainsi, Perón en Argentine parvient à obtenir le soutien de la classe ouvrière mais réprime l'opposition bourgeoise. De plus, là où le système autoritaire prétend abolir les hiérarchies sociales il les remplace par un clivage croissant entre la majorité de la population et l'élite au pouvoir appelée généralement nomenklatura d'après le modèle soviétique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture