« Il faut démocratiser la démocratie » : cette ambition de Tarso Genro, maire de Porto Alegre de 1993 à 1996 puis en 2001-2002, introduit bien le sujet, en ce sens où la démocratie participative a pour fonction même de faire participer les citoyens à la vie politique, alors même que les régimes démocratiques contemporains tendent à s'éloigner du principe même de démocratie : la souveraineté du peuple. Ce processus a débuté lorsque le Parti des Travailleurs (PT) s'est emparé de la mairie de la ville de Porto Alegre (capitale de la région du Rio Grande Do Sul) en 1988, et ce, presque par surprise.
Après des débuts difficiles, est lancée une initiative novatrice qui prend une ampleur inattendue au fil des ans, institutionnalisant la participation des habitants à l'élaboration du budget municipal. Quinze ans plus tard, l'expérience s'est établie dans une centaine de villes brésiliennes, dont Santos ou Curitiba, mais également ailleurs en Amérique latine et jusqu'en Europe (Ségolène Royal avait lancé un système similaire dans la région Poitou-Charentes). Je m'intéresserai ici plus particulièrement au cas de Porto Alegre, ville d'où tout est parti, se proclamant fièrement « capitale de la démocratie ».
Mais les pratiques correspondent-elles aux discours ? L'intervention des habitants renforce-t-elle vraiment l'efficacité ? N'y a-t-il pas un risque de populisme ? Une véritable participation est-elle possible, sans que des groupes prennent l'ascendant sur les autres ? Quelle est la réalité de la participation politique ? Peut-on institutionnaliser ce mouvement sans le bureaucratiser et le couper de ses racines ?
Finalement, cette expérience est-elle aussi exemplaire qu'elle souhaite l'être, est-elle un modèle à imiter, développer et perfectionner ?
Nous nous pencherons donc dans un premier temps sur le dispositif du Budget Participatif en lui-même, avant d'évoquer les défis auxquels il a dû faire face lors de sa mise en application.
[...] Quelle est la réalité de la participation politique ? Peut-on institutionnaliser ce mouvement sans le bureaucratiser et le couper de ses racines ? Finalement, cette expérience est-elle aussi exemplaire qu'elle souhaite l'être, est-elle un modèle à imiter, développer et perfectionner ? Nous nous pencherons donc dans un premier temps sur le dispositif du Budget Participatif en lui même, avant d'évoquer les défis auxquels il a dû faire face lors de sa mise en application L'expérience de Porto Alegre 1. Porto Alegre, une ville rouge 1. [...]
[...] 461-510 - Baiocchi Gianpaolo, Participation, activism and politics : the Porto Alegre Experiment and délibérative theory Politics & Society, Vol Mars 2001, pp. 43-72 - Thomas Olivier, Gouvernement des villes et démocratie participative : quelles antinomies ? Pouvoirs, n°104, janvier 2003, pp. 145-158. Autres - Réinventer la démocratie, la démocratie participative Les nouveaux chemins de la connaissance, France Culture, émission radio du 07 mai 2009, présentée par Raphael Enthoven, avec Loïc Blondiaux. [...]
[...] L'une des principales questions posées à la démocratie participative est celle de la construction de l'intérêt général et de la prise en compte, dans le débat local, d'enjeux plus globaux. Sur cet aspect, le dispositif de Porto Alegre apparaît comme assez exemplaire, en ne se bornant pas à des activités particularistes de clientélisme ou de lobbying. Une autre dimension de ce problème d'échelle est celle de l'articulation entre les demandes de court terme et la planification sur le long terme, partiellement résolu avec la réalisation du GAPLAN (cabinet de planification) et la mise en place de Congrès de la ville tous les 4 ans. [...]
[...] Les propositions de la base ont une chance d'aboutir dans un cadre institutionnellement réglé, ce qui constitue une forte motivation. Le second échelon est celui des secteurs, au nombre de 16, découpés sur la base de critères sociodémographiques et politiques. Ils correspondent généralement à des ensembles ayant chacun des traditions associatives propres et des problèmes urbains spécifiques. Leur population varie entre et habitants, et les assemblées plénières locales rassemblent de 100 à 2000 habitants, le caractère technique commençant à faire son apparition. [...]
[...] Par exemple, en matière d'urbanisme, l'action municipale consiste à viabiliser les terrains pour éviter la favelisation (car il n'existe pas de logements sociaux) : installer l'eau courante, asphalter les routes, instaurer le tout à l'égout, etc. L'élaboration participative du budget constitue un processus continu qui s'étale sur toute l'année. Un premier cycle se déroule en Mars - Avril, durant lequel l'exécutif rend des comptes sur l'exécution du budget de l'année antérieure et présente celui de l'année en cours. Les premières discussions ont lieu, pour définir les priorités thématiques, qui peuvent également être proposées par Internet. C'est à ce moment-là qu'ont lieu les nombreuses assemblées de quartier où sont recueillis les vœux des habitants. [...]
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