A l'heure où Tony Blair connaît un succès historique en Grande-Bretagne, en étant le premier leader travailliste à gagner trois élections générales successives, il parait intéressant de s'interroger sur les raisons de sa victoire et sur la politique menée par son gouvernement depuis huit ans. Les travaillistes prétendent en effet exercer une politique d'un nouveau genre, ni de gauche ni de droite, une politique de « Troisième Voie. »
La « Troisième Voie » n'est pas une idée nouvelle. Beaucoup de théoriciens et surtout de responsables politiques ont proclamé vouloir l'emprunter afin de dépasser des clivages classiques comme ceux qui séparent par exemple le capitalisme et le socialisme. Depuis les années 1920, divers mouvements ont tenté d'incarner cette troisième alternative. On peut citer par exemple les groupuscules et régimes fascistes européens voulant se démarquer de la démocratie libérale occidentale et du régime soviétique, d'Harold MacMillan préconisant « un capitalisme à visage humain, ou encore des communistes réformateurs dans les démocraties populaires revendiquant un « socialisme à visage humain ». De nombreux gouvernements dans les années 1990 se sont aussi réclamés de la « Troisième Voie », le plus emblématique restant celui de Tony Blair.
L'expression n'est donc pas une récente et encore moins une invention travailliste. Cependant, la plupart des références à la « Troisième Voie » restent stériles dans la mesure où elles se définissent par la négative. Or, proposer de dépasser les modèles capitalistes et socialistes, c'est proposer de dépasser deux visions précises, clairement définies et opposées du monde. D'où la nécessité d'élaborer de nouvelles conceptions, quitte à emprunter ce qu'il y a de bon dans les modèles déjà connus. François Caron, dans son article « La Troisième Voie », publiée dans la revue La Défense, souligne que les décideurs se sont souvent revendiqués de la « Troisième Voie » par manque de conviction ou par opportunisme politique. Il ajoute : « Une troisième voie doit proposer un projet politique cohérent capable de fédérer des volontés afin de dépasser les contretemps et les déceptions. » C'est ce qu'a proposé le sociologue Anthony Giddens, sociologue renommé, directeur de la London School of Economics et auteur de Beyond Left and Right, paru en 1994, de The Third Way. The Renewal of Social Democracy paru en 1998 ou encore de The Third Way and its critics. Ses idées ont fortement influencé le New Labour de Tony Blair et son action à la tête de l'Etat bien que le parti travailliste ait aussi connu une évolution profonde due à 18 ans passés dans l'opposition. On remarque cependant que le Premier Ministre britannique a de son côté rédigé une brochure publiée par la Fabian Society en 1998 : The Third Way. New politics for the century.
Il s'agit donc de se demander si la « Troisième Voie », définie de façon positive, représente une véritable alternative aux conceptions politiques et socio-économiques classiques et si elle permet à la social-démocratie de dépasser ses contradictions, ses questionnements voire ses échecs, à l'aube du XXIème siècle ?
La « Troisième Voie » telle qu'elle a été définie par Giddens permet d'envisager une nouvelle façon de gérer les problèmes sociaux et économiques actuels, de dépasser les clivages traditionnels. Elle a d'ailleurs été adoptée et mise en pratique par divers gouvernements depuis quelques années. Elle n'est cependant pas exempte de critiques, certains allant jusqu'à douter de son caractère novateur.
[...] 2-Les échecs des politiques relevant de la Troisième Voie C'est en effet sur la question de la précarité que le modèle de la Troisième Voie perd quelque peu de son lustre. En effet, le mouvement de libéralisation, d'encouragement de la liberté d'initiative et d'entreprise se fait souvent aux dépens des droits et de la protection des travailleurs qu'il est plus facile de licencier. Il est vrai que le taux de chômage n'est aujourd'hui que de (contre plus de 10% en France) pour un taux d'emploi (proportion de ceux qui travaillent entre 15 et 64 ans) de 76% (contre 10 points de moins en France), que le salaire minimum a augmenté de 40% depuis 1999, que la croissance est évaluée à pour 2005 pour la France). [...]
[...] D'où la nécessité de la Troisième Voie capable de répondre à l'ensemble des défis posés par le monde contemporain. Les incertitudes du monde dans lequel nous vivons poussent le sociologue à reconsidérer la question de la responsabilité. Pour lui, l'objectif de l'Etat ne peut plus être de garantir une sécurité individuelle permanente mais plutôt de préparer le citoyen afin de lui permettre de vivre dans une société de risques Ceci remet en cause une certaine idée de la protection sociale garantie, voire l'idée même des droits créances. [...]
[...] On remarque cependant que le Premier Ministre britannique a de son côté rédigé une brochure publiée par la Fabian Society en 1998 : The Third Way. New politics for the century. Il s'agit donc de se demander si la Troisième Voie définie de façon positive, représente une véritable alternative aux conceptions politiques et socio-économiques classiques et si elle permet à la social-démocratie de dépasser ses contradictions, ses questionnements voire ses échecs, à l'aube du XXIème siècle ? La Troisième Voie telle qu'elle a été définie par Giddens permet d'envisager une nouvelle façon de gérer les problèmes sociaux et économiques actuels, de dépasser les clivages traditionnels. [...]
[...] L'expression n'est donc pas une récente et encore moins une invention travailliste. Cependant, la plupart des références à la Troisième Voie restent stériles dans la mesure où elles se définissent par la négative. Or, proposer de dépasser les modèles capitalistes et socialistes, c'est proposer de dépasser deux visions précises, clairement définies et opposées du monde. D'où la nécessité d'élaborer de nouvelles conceptions, quitte à emprunter ce qu'il y a de bon dans les modèles déjà connus. François Caron, dans son article La Troisième Voie publiée dans la revue La Défense, souligne que les décideurs se sont souvent revendiqués de la Troisième Voie par manque de conviction ou par opportunisme politique. [...]
[...] Cette tentative d'exporter un modèle passe par ailleurs par la volonté de certains de ces dirigeants de fonder une nouvelle Internationale social-démocrate autour des adeptes de la Troisième Voie tels que Romano Prodi, Bill Clinton ou encore Tony Blair. Cette idée a en effet été formulée lors d'un colloque qui réunissait les trois hommes à New York. Enfin, le chancelier allemand s'est associé au PM britannique peu avant les élections européennes de 1999. Ces dernières devaient avoir lieu le 13 juin 1999. Le 8 juin 1999, parait un manifeste signé des deux chefs de gouvernements. [...]
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