La nation peut être perçue comme le fruit d'un processus jamais achevé. C'est avant tout une construction : celle d'une communauté réelle fondée sur un imaginaire collectif. Elle n'est donc ni le fruit d'une quelconque naturalité, ni donnée une fois pour toute, c'est un « artefact », une entité historiquement constituée et liée à des circonstances données. La nation juive a existé, avant la conquête romaine scellée par la destruction du second Temple et l'écrasante défaite de Bar Kokhba, lorsque le peuple avait une existence politique. Ainsi, après leur expulsion brutale de la Palestine, les Juifs devinrent le prototype du peuple en diaspora. Leur intégration dans les différents pays semble dissoudre progressivement la communauté religieuse et menacer à terme l'unité juive. A ce sujet, Balaam dans la Torah, lança l'incantation suivante :
« Oui je le vois du haut de ces rochers, Du haut de ces collines, je le découvre, Ce peuple il vit solitaire, Et ne se confondra point avec les nations ».
La prophétie s'est-elle réalisée ? Autrement dit, la nation juive a-t-elle au cours de l'histoire, réussie à retrouver une nouvelle réalité ou doit-on parler de « nation défunte, de nation spectrale » ?
[...] Ainsi, selon Karl Deutsch, la nation résulte de la rencontre entre un peuple et un Etat. Sachant que depuis deux mille ans, les Juifs se trouvent sans territoire et privés de langue commune, leur lien social se distend et l'assimilation étiole l'attachement religieux. On parle donc plus aisément d'un peuple, c'est-à-dire un ensemble d'individus partageant certains traits socioculturels que d'une nation. La réémergence de la nation juive reste profondément liée à l'apparition de la souveraineté politique incarnée par l'Etat, agent de structuration de la nation. [...]
[...] Existe-t-il une nation juive ? La nation peut être perçue comme le fruit d'un processus jamais achevé. C'est avant tout une construction : celle d'une communauté réelle fondée sur un imaginaire collectif. Elle n'est donc ni le fruit d'une quelconque naturalité, ni donnée une fois pour toutes, c'est un artefact une entité historiquement constituée et liée à des circonstances données. La nation juive a existé, avant la conquête romaine scellée par la destruction du second Temple et l'écrasante défaite de Bar Kokhba, lorsque le peuple avait une existence politique. [...]
[...] Mais est-ce une nation juive ou israélienne ? L'Etat d'Israël est clairement défini comme un Etat juif dans le pays d'Israël[12] La Loi du Retour[13] dérogeant aux lois de l'Etat-nation classique est l'expression juridique du lien entre le peuple juif et Israël .C'est une diaspora qui a créé un Etat, et une fois l'Etat fondé, il essaie d'attirer cette diaspora. A ce titre, il semble que l'on puisse parler de nation juive. Pourtant, on ne saurait éluder la présence d'une importante minorité arabe[14] et sous cet angle, ne faut-il pas plutôt envisager une nation israélienne ? [...]
[...] Le peuple juif se perçoit donc comme une nation, une nation atypique. Au XIXe Pinsker utilise la définition subjective de la nation présentée par Renan, soulignant le rôle déterminant de la volonté pour fonder un consensus social sur la base d'un consentement réciproque et sans cesse réitéré[6]. C'est cette seule adhésion volontaire qui peut transformer un peuple en nation. Ben Yehouda[7] également revendique une identité nationale qui relève de l'immatériel, du spirituel, la nation est une âme, un principe spirituel[8]». [...]
[...] Déclaration d'indépendance d'Israël mai 1948. La phrase de A. Dieckhoff dans L'invention d'une nation est éloquente : L'appartenance à la nation ne se décrète pas, elle ne s'octroie pas non plus, elle est tout simplement La création d'Israël va conduire à l'exode de 700000 Arabes. Toutefois 160000 ne bougeront pas et deviendront israélien. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture