Alors qu'il existe tant d'ouvrages portant sur la thématique du « genre » en politique et que les comportements électoraux féminins font l'objet de nombreuses études, comment ne pas se poser la question de l'existence d'une culture politique propre aux femmes ? Mais il nous faut tout d'abord définir ce que l'on entend par « culture politique ». La culture politique sera ici entendue comme un ensemble de connaissances, de valeurs et de croyances (idéologie), de pratiques et d'attitudes, se rapportant aux éléments d'un système politique.
La culture politique est généralement associée à une société et découle prioritairement d'une situation macro-politique. Cependant, le sexe, au même titre que l'âge ou le niveau d'éducation, est souvent décrit en sociologie électorale comme une « variable lourde », pesant sur le comportement électoral. Le rapport des femmes à la politique fait aussi souvent l'objet d'une étude séparée. Est-ce que les femmes pourraient constituer une catégorie à part, dotée d'une culture politique propre ? Si on peut constater des spécificités du comportement politique féminin, on peut difficilement parler d'une culture politique féminine unifiée et qui se démarquerait nettement d'une culture politique « masculine ».
[...] Est-ce que les femmes pourraient constituer une catégorie à part, dotée d'une culture politique propre ? Si on peut constater des spécificités du comportement politique féminin, on peut difficilement parler d'une culture politique féminine unifiée et qui se démarquerait nettement d'une culture politique masculine Le rapport des femmes à la politique : les évolutions du gender gap et de la culture politique féminine Le Gender-gap et ses évolutions : un comportement électoral différencié ? En 1985, le sociologue et directeur émérite au CNRS Mattei Dogan intitulait l'un de ses articles : Les conséquences politiques du vote féminin : Comment les femmes ont porté les conservateurs au pouvoir en Europe article dans lequel il se proposait de montrer comment le vote des femmes, annihilant la volonté électorale des hommes avait profondément pesé sur les résultats électoraux dans dix des 16 démocraties en Europe Les femmes commencent effectivement à exercer leur droit de vote d'une manière différente de celle des hommes : pendant longtemps, on a désigné par gender-gap le double déficit qui caractérisait le vote des femmes : déficit de participation et déficit de vote en faveur de la gauche. [...]
[...] Les femmes votent même parfois plus et plus à gauche que les hommes (aux élections présidentielles de 1988, aux Européennes de 1999 et aux présidentielles de 2007). En Espagne, en Italie et en Pologne, les femmes votent encore plus à droite que les hommes, mais cela s'explique par la proportion encore élevée de catholiques pratiquantes, donc prédisposées à un vote plus conservateur (c'est aussi le cas dans les ex-pays communistes). Aussi, en France et en Europe, on remarque que le vote des femmes est beaucoup moins orienté vers l'extrême-droite que celui des hommes (aux élections présidentielles de 2002, on constate un écart important, aux régionales de 2004 aussi ; de même Autriche, Suisse, Norvège Cela peut s'expliquer par le refus des femmes de soutenir une idéologie politique basée sur la violence, mais surtout par la menace que représentent les partis d'extrême-droite envers les acquis récents des femmes (IVG, droit au travail ) et leur idéologie sexiste des électeurs masculins du FN estiment que les mesures prises par la gauche en faveur de la parité sont très négatives -mais 30% des électeurs de Le Pen, ce qui suggère que même les électrices de Le Pen ne soutiennent pas toujours l'orientation sexiste de sa politique). [...]
[...] La politique est vue comme une activité extérieure, donc réservée aux hommes. Cette sous-politisation des femmes persiste, car les instances de socialisation politique (scolaire et familiale) reproduisent ce modèle traditionnel du rapport différencié à la politique en fonction du genre. De plus, la politique conserve un caractère patriarcal et la position des femmes au sein de la famille les conduiraient aussi à s'auto-exclure de la compétition politique traditionnelle et à s'engager davantage dans les associations (associations religieuses, de parents d'élèves, associations culturelles ) où elles se sentiraient plus compétentes. [...]
[...] Par ailleurs, les femmes défendent généralement des valeurs situées plus à gauche sur le plan du libéralisme culturel, du féminisme et du libéralisme économique, et elles sont souvent vues comme un rempart possible contre la montée préoccupante de l'extrême-droite en Europe, ces deux dernières décennies. Bibliographie - C. Archin, S. Levêque, Les Femmes en politiques, ed. La Découverte, Paris - P. Bréchon, Comportements et attitudes politiques, PUG, Grenoble - M. [...]
[...] Norris et Inglehart ont d'ailleurs montré que ce sont les conditions sociales qui vont déterminer la culture politique des femmes. Ainsi, un niveau d'éducation élevé et un contexte encourageant les idées féministes vont favoriser un vote progressiste. Mais parallèlement à un niveau d'éducation plus élevé, le statut socio-économique des femmes étant plus précaire, elles voteraient en conséquence plus pour un parti qui serait susceptible de maintenir les aides sociales dont elles bénéficient plus que les hommes, et les femmes pensent aussi souvent la gauche plus à même de régler le problème des inégalités hommes/femmes et de défendre les droits des femmes en général. [...]
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