guerre, juste, jus in bellum, jus in bello, jus post bellum, walzer.
Samuel Butler, écrivain et poète anglais, ironisait déjà au XVIIe siècle sur la doctrine de la guerre juste : « A une guerre juste, préférons une injuste paix ! ». En effet, les termes de « guerre » et « juste » apparaissent comme foncièrement antithétiques. Cette expression paradoxale, née de la plume de Saint Augustin puis de Saint Thomas d'Aquin connaît pourtant un fulgurant retour dans les discours des grandes puissances impérialistes et on pourrait craindre que cette doctrine ne serve à masquer sous prétexte d'interventions armées faites au nom du droit, de l'humanitaire ou de la démocratie, une conception propre à chacun du juste, et la réalité même de la guerre, de l'usage de la violence et de ses excès dans lesquels disparaissent toute conception du droit ou de la morale. Nous pouvons alors nous demander s'il est possible de légitimer la guerre, et de la rendre acceptable voire nécessaire aux yeux de tous. Pour cela nous démontrerons d'abord que la doctrine de la guerre juste, malgré plus de seize siècles d'existence n'est toujours pas parvenue à offrir à la guerre un visage décent, puis nous nous attarderons sur l'importance du caractère subjectif du « juste ».
[...] Il y a des guerres justes, il n'y a pas d'armées justes ». Il ne s'agit plus en effet ici de faire appliquer une loi de la guerre à des instances politiques mais à des militaires qui doivent se conformer aux codes moraux. Les exemples de groupes militaires s'étant laissé aller à des pratiques douteuses et répréhensibles du point de vue du droit international sont légions, et pour citer un exemple récent, évoquons la prison d'Abou Ghraib en Irak où divers sévices corporels et humiliations ont été pratiqués sur les prisonniers de guerres par les militaires chargés de la surveillance. [...]
[...] Tous ces motifs, quelle que soit leur pertinence étaient conformes aux objectifs d'une guerre juste. Seulement, nous savons aujourd'hui que les croisades, bien qu'il ne fût pas question dans la déclaration officielle de convertir de force les infidèles, ou d'exercer une souveraineté temporelle sur d'autres territoires, avaient en réalité des objectifs bien moins louables que ceux invoqués par Urbain II. Citons par exemple le canoniste du XIIIe siècle Henri de Suse qui concevait les croisades comme de véritables guerres saintes, destinées à assurer la souveraineté de l'Eglise sur le monde entier, car seule celle-ci tiendrait de Dieu un droit de juridiction et de possession sur la terre. [...]
[...] Nous pouvons donc dire que le droit des Etats prévaut sur celui des hommes, dans un système interétatique où le développement de l'intervention humanitaire où les normes ne reconnaissent comme « sujet du droit international » que les souverainetés étatiques. C'est dans le jus in bello, le droit dans la guerre que les excès sont les plus remarquables. Malraux, dans La Condition Humaine disait : «Une guerre peut être juste quand elle sert une noble cause noble. Les armées ne sont animées d'aucune justice parce qu'elles sont des instruments qui préexistent aux causes. [...]
[...] Enfin, une dernière question se pose : celle de la détermination d'un critère pour départager les actions armées qui sont légitimes et celles qui ne le sont pas. A ce sujet, la communauté internationale se trouve paralysée, et on en revient inéluctablement aux errements antérieurs, quand chacun prétendait imposer unilatéralement son appréciation subjective des différentes situations. La position qui est finalement retenue aujourd'hui, d'après le préambule de la Charte des Nations Unies, est qu'il « ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l'intérêt commun », tout en réservant à l'article 51 « le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective ». [...]
[...] Pauline Monein Fiche technique : Existe-il des guerres justes ? Introduction : Samuel Butler, écrivain et poète anglais, ironisait déjà au XVIIe siècle sur la doctrine de la guerre juste : « A une guerre juste, préférons une injuste paix ». En effet, les termes de « guerre » et « juste » apparaissent comme foncièrement antithétiques. Cette expression paradoxale, née de la plume de Saint Augustin puis de Saint Thomas d'Aquin connaît pourtant un fulgurant retour dans les discours des grandes puissances impérialistes et on pourrait craindre que cette doctrine ne serve à masquer sous prétexte d'interventions armées faites au nom du droit, de l'humanitaire ou de la démocratie, une conception propre à chacun du juste, et la réalité même de la guerre, de l'usage de la violence et de ses excès dans lesquels disparaissent toute conception du droit ou de la morale. [...]
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