Avant la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis ne s'intéressent pas au Tibet qui est un vaste pays neutre, une zone tampon entre les trois géants asiatiques que sont l'Inde, la Chine et l'Union soviétique. Ses frontières sont quasiment impénétrables. Les Tibétains vivent dans un isolement délibéré et gardent leur pays fermé à tous les étrangers. Pour Washington, c'est un vide commode : un espace vide de toute valeur géopolitique.
Tout change avec Pearl Harbor : chaque centimètre carré de l'Asie acquière soudain une importance capitale. La mainmise du Japon sur une grande partie de l'Extrême-Orient pousse les généraux à combler leurs lacunes en matière de géographie asiatique. Pour le transport de matériel entre l'Inde et la Chine, le Tibet devient intéressant.
Cependant, l'Amérique n'a pas de relations diplomatiques avec le Tibet. Elle se demande à qui s'adresser pour obtenir l'autorisation d'emprunter ses routes inconnues. Le gouvernement tibétain est décrit comme une archaïque théocratie bouddhiste dirigée par un « roi-dieu » qui n'a que 6 ans. Or apparemment, la Chine revendique depuis longtemps la souveraineté sur le Tibet : elle prétend contrôler ses relations avec l'extérieur tout en lui laissant la gestion de ses questions internes. La Chine dirige donc les affaires internationales du Tibet. Dans ce cas, l'Amérique hésite à contourner le « roi-dieu » et ses moines-conseillers pour demander directement l'autorisation à Pékin. Tchang Kaï-chek, le Président de la République Chinoise, est l'ennemi juré du Japon et donc un allié précieux pour les Etats-Unis. En effet il s'oppose aux Japonais mais aussi à l'armée communiste de Mao Tsé-toung : il mène le « bon combat » sur les deux fronts. Washington entre en contact avec lui à la fin de l'année 1942.
La réaction de Tchang Kaï-chek est rassurante : il affirme qu'il contrôle totalement le Tibet, qu'il aiderait à lutter contre le Japon en permettant à l'armée des Etats-Unis de passer par ce pays et déploierait des agents chinois à l'intérieur du Tibet pour faciliter la circulation des contingents américains. Le problème est que le Tibet se considère comme une nation indépendante.
[...] Le général Tan a une obsession : faire venir le Dalaï-Lama à son quartier général pour le faire assister à un spectacle de danse. Le Dalaï-Lama finit par accepter et fixe, malgré les avertissements de ses proches, sa visite au Yutok (le quartier général de l'ALP en banlieue sud de Lhassa) au 10 mars. Kusung Depon, chef des gardes du corps et mari de la sœur du Dalaï-Lama, est convoqué le 9 mars au Yutok où on lui apprend que l'escorte de vingt-cinq hommes armés n'est pas autorisée à entrer : le Dalaï-Lama est attendu sans suite ni protection. [...]
[...] Il comprend le Palais blanc et le Palais rouge, ainsi que leurs bâtiments annexes. Accord en dix-sept points Afin que soit éliminée avec succès l'influence des forces agressives de l'impérialisme au Tibet, que soit accomplie l'unification du territoire et de la souveraineté de la République populaire de Chine et que soit sauvegardée la défense nationale ; afin que la nationalité et le peuple tibétains soient libérés et retournent dans la famille de la République populaire de Chine pour bénéficier des mêmes droits d'égalité nationale que toutes les autres nationalités dans le pays et qu'ils développent leur travail politique, économique, culturel et éducationnel, le gouvernement central populaire, quand il a donné l'ordre à l'Armée populaire de libération de marcher à l'intérieur du Tibet, a requis du gouvernement local du Tibet qu'il envoie des délégués auprès des autorités centrales afin de mener des entretiens en vue de la conclusion d'un accord sur les mesures pour la libération politique du Tibet. [...]
[...] Leur rééducation est couverte par les journaux chinois : Les officiers et les soldats de l'armée tibétaine ont avoué qu'ils ont mené pendant la période d'étude la plus agréable des existences Ngabo ignore tout de ce qu'il se passe à Lhassa. Il ne soupçonne pas que Dalaï-Lama est devenu officiellement chef de l'Etat et craint en fait qu'il ait fui vers l'Inde. Ainsi, il envoie un rapport à Lhassa qui est adressé à quiconque est au pouvoir à Lhassa. Cela montre également que Chinois s'attendent à ce que le Dalaï-Lama s'exile. [...]
[...] La date est fixée au 17 mars et des précautions sont prises : des chevaux sont transportés sur l'autre rive du Tsangpo, la mère et le benjamin des frères du Dalaï-Lama, Ngari Rinpotché, sont amenés au palais d'été et une tenue de simple soldat est confectionnée pour servir de déguisement au Dalaï-Lama. Le 15 mars, les Tibétains pensent être à deux doigts de la guerre. Un peloton de Chinois arrive, prêt à l'offensive, ce qui oblige les centaines de soldats tibétains à courir vers leur position défensive. Les hommes de l'ALP se replient. [...]
[...] De plus, il n'y a aucune garantie dans la lettre de Henderson : pas d'en-tête sur le papier ni de signature (précautions américaines pour ne pas que la lettre tombe entre des mains ennemies). Le Dalaï-Lama, malgré son manque d'expérience en matière de politique internationale, trouve un compromis : le 21 mai, le Dalaï-Lama répond à la lettre de Henderson. Il explique que les négociations sont en cours à Pékin et que, si elles échouent, il recontactera Henderson dans l'espoir que les Etats-Unis feront de leur mieux pour aider. Le Dalaï-Lama suppose que les négociations sont en cours. [...]
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