« Les femmes n'ont pas vocation à être des animaux politiques mais sont là pour donner des fils à la nation » telle étais le propos de l'Amiral de Gaulle au sujet de la nouvelle loi sur la parité dans un entretien livré au journal le monde en 2001. Femme et exercice du pouvoir semblent encore constituer deux notions antinomiques, notre héritage culturel continue d'être pensé comme un fait de nature. Le pouvoir pensé comme participation et prise de décision semble épouser naturellement les traits de la masculinité.
Ce n'est qu'avec l'apparition de ce qu'on appelle les « genders studies » qui se donnent pour « tâche de découvrir les variations des rôles et du symbolisme sexuel dans différentes sociétés et périodes » que l'on va progressivement admettre une sexuation des rapports de pouvoirs. En décembre 1985, Joan Scott au colloque de l'American Historical Association gender : a useful category of historical analysis définit le genre de façon plus complexe comme « un élément constitutif des rapports sociaux fondé sur des différences perçues entre les sexes » et comme « une façon première de signifier des rapports de pouvoir. ».
Le sujet nous invite à comprendre comment les sociétés différencient les hommes et les femmes, comment se construit le savoir culturel sur la différence des sexes et quels sont les effets de pouvoir qui en découlent. Pourquoi les femmes ont-elles été et continuent d'être écartées du pouvoir, quel qu'il soit ? Les femmes font-elles alors de la politique autrement, c'est-à-dire différemment des hommes ? Leur discours s'appuie-t-il sur leur pseudo spécificité, ou encore une autre idéologie ?
[...] Notamment, l'approche traditionnelle et réaliste des relations internationales s'est toujours focalisée sur les intérêts, la puissance et la guerre. Certains travaux féministes comme ceux de J.Steans (Gender and International Relations, 1998) ont travaillé sur la rhétorique nationaliste et démontré que le vocabulaire y était fortement sexué. Ainsi, le champ lexical de la politique internationale et celui de la famille tendent à se confondre, L'État étant associé à la figure du mâle et celui de la nation à la femme. La nation était représentée comme une femme en danger permanente, sous la menace de la violation de ses frontières ou de la domination par un autre État, ce dernier se confondait avec la symbolique masculine de la protection, de l'efficacité. [...]
[...] On a longtemps parlé d'exception française pour désigner ce déni de démocratique constituait l'absence des femmes dans les assemblées élues. Puis ont été promulguées en 2000 les lois dites sur la parité après la modification de la Constitution intervenue en juin 1999. Cette loi connaît un bilan mitigé certes elle est un succès à l'échelle municipale ou encore régionale en revanche c'est une déception patente au niveau national, la féminisation du parlement n'a pas eu lieu. On se trouve dans une situation paradoxale la France est le premier pays au monde à avoir adopté une loi établissant un système paritaire et se retrouve parmi les derniers de l'Union européenne pour ce qui est de la possibilité effective des citoyennes de voter la loi. [...]
[...] Les femmes peuvent avoir un exercice différent du pouvoir, car elles abordent des sujets souvent négligés par les hommes. Il ne s'agit pas ici de dire que celles-ci apporteront quelque chose de nouveau dans le monde politique parce qu'elles sont des femmes et, en tant que femmes, elles auraient des qualités différentes de celle des hommes. Il faut plutôt se replacer dans une perspective de genre, c'est-à-dire de sexe social et considérer que les Françaises aujourd'hui, du fait de leur situation historique et sociologique, ont une expertise différente liée au fait qu'elles sont en charge à la fois du public et du privé, alors que les hommes sont nettement moins insérés dans le privé. [...]
[...] L'exercice du pouvoir est-il sexué ? Plan I. Femme et pouvoir : un accès impossible ? A. Du biologique au construit sociale 1. la valence différentielle des sexes 2. l'anthropologie à l'encontre de l'essentialisme B . [...]
[...] À l'exclusion formelle des femmes du pouvoir légitime a succédé l'ensemble des processus informels qui dans la sphère politique aussi bien qu'économique privent encore les femmes d'une égalité d'accès au sphère du pouvoir. C'est peut-être dans la famille, la cellule sociale initiale, au sens de Platon que doivent s'effectuer les changements futurs décisifs. La famille constitue à sa propre échelle le premier modèle d'organisation politique, ainsi une répartition plus égale des taches en son sein représenterait le vecteur pour une révolution plus globale à venir. Aragon, voyait juste, mais flou ce n'est pas la femme, mais la maman qui est l'avenir de l'homme. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture