Université d'été des Jeunes populaires. La Baule. 4 septembre 2005. Le Président de l'Union pour un Mouvement Populaire, Nicolas Sarkozy, clame "il nous faut inventer un nouveau modèle français". Jean-Christophe Cambadélis, député et Secrétaire national du Parti Socialiste se demande quant à lui si "la gauche sera capable de rénover le modèle français". Un modèle typiquement et proprement français, original, et qui s'assimile à une forme d'exception. La classe politique, toutes tendances confondues, revendique aujourd'hui la spécificité du système français. La spécificité d'un modèle "en mal de vivre" ou "à bout de souffle", est-il expliqué dans les rubriques "politique" des journaux d'actualité. La spécificité, voire même l'exception française. Qu'ils soient Président de la République, Premier ministre, Ministre, Parlementaire ou encore Président d'un parti politique, les hommes politiques ambitionnent de la sauver et de la restaurer, pour finalement la maintenir. De la France Capétienne à la France d'aujourd'hui, en passant par la France Gaullienne, l'idée d'exception française est demeurée prégnante dans toute la réflexion politique. Ce terme d'exception manifeste tant la singularité et la différence du système politique français par rapport aux autres systèmes occidentaux, que ce qui le constitue intrinsèquement. Et il s'entend aussi comme une forme de supériorité, d'éclat ou de splendeur, au sens "exceptionnel". Outil spatial et temporel, c'est la comparaison avec les pays occidentaux dont la construction politique est, pour ainsi dire, contemporaine de la France, qui a permis deux choses. D'une part, de mettre en lumière cette exception française, et d'autre part, de la relativiser et de la nuancer. Car l'exception française jaillit de la comparaison politique, ce qui noue un lien de dépendance entre les deux notions. L'exception française recouvre alors différentes acceptions.
[...] Notons que la centralisation et la déconcentration relèvent, d'une différence de degré. A cet égard, on peut reprendre une célèbre phrase d'Odilon Barrot, parlementaire sous la IIIe République, qui définissait la centralisation de la manière suivante : "c'est le même marteau qui frappe, mais on a raccourci le manche." Grand Etat centralisé, la France a longtemps fait figure d'exception en Europe ; mais elle tend aujourd'hui vers la décentralisation, depuis la loi du 2 maris 1982 sur les droits et les libertés des collectivités locales décentralisées, qui tempère elle aussi la centralisation. [...]
[...] Car l'exception française jaillit de la comparaison politique, ce qui noue un lien de dépendance entre les deux notions. L'exception française recouvre alors différentes acceptions. L'outil de comparaison révèle toute l'ambiguïté de la notion d'exception française. Car dans le cas du système politique et institutionnel français, il appert que la comparaison, dans son principe même, permette certes de mettre en valeur les singularités qui sont les siennes. Cela consacre son utilité. Mais qu'elle renferme aussi une certaine limite, dans la mesure où elle apporte des nuances dans l'idée d'exception française exprimée. [...]
[...] Par ailleurs, la royauté française est sacrée et inviolable ; et par la théorie des deux corps du roi, elle est rendue unique en son genre par rapport aux royautés européennes, bien qu'en Angleterre cette théorie se retrouve également. Lieutenant de Dieu sur terre, le roi est tenu de respecter les préceptes divins, ainsi que la morale chrétienne. Aucun intermédiaire ne se situe entre lui et Dieu, source de tout pouvoir. Le roi de France a une nature supra humaine que lui confère le sacre, la sainte ampoule et la guérison des écrouelles. Le roi est en effet thaumaturge et beaucoup de personnes de pays frontaliers de la France le rencontrent pour être guéri. [...]
[...] Car la tentation vers un Etat régional est grande. Il est à noter enfin que l'émergence et l'assise de la notion d'exception française est aussi le fruit de convictions personnelles de penseurs ou d'hommes politiques L'exception française à l'épreuve La décentralisation a été en France, au cœur d'une longue bataille commencée à la Révolution dans l'affrontement des Girondins et des Jacobins. L'aspiration des citoyens à la prise en main de la gestion des affaires locales a fini par l'emporter. Dans son manuel Centralisation et décentralisation, Eisenmann explique "[qu'] une activité est décentralisée si c'est une multitude d'organes non centraux qui en ont la maîtrise, c'est- à-dire [qui] décident en fin de compte quelles normes seront édictées, chacun pour une fraction distincte de la collectivité". [...]
[...] Les discours au sujet de ce "modèle" sont nombreux ; il semblerait qu'il soit important, à tel point qu'il faut le sauvegarder. C'est la raison pour laquelle il est envisageable de penser que, à une certaine échelle, l'exception française constitue effectivement une réalité, mais une réalité peut-être poussée à l'extrême. Une exception, quelque soit son acception, à relativiser grâce à la comparaison. Bibliographie - Introduction historique aux institutions IVe-XVIIIe siècle, Sylvain Soleil, Flammarion. - La politique comparée, Guy Hermet et Bertrand Badie, Armand Colin. - Droit constitutionnel, tome 1 Fondements et pratiques, Frédéric Rouvillois, Flammarion. [...]
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