Pour savoir comment le monde arabe s'inscrit dans le système international aujourd'hui, il faut analyser trois thèmes principaux : le conflit israélo-palestinien, la communauté musulmane dans les pays étrangers et surtout la politique américaine au Moyen-Orient. Les Etats-Unis sont la plus grande puissance mondiale, construite dans la bipolarité avec l'URSS, et leur politique envers le Moyen-Orient s'est structurée sur deux piliers, d'une manière qui permet de comprendre les enjeux et les atouts de l'insertion du Moyen-Orient dans le système monde.
Chronologiquement, la question pétrolière. Le Moyen-Orient va dériver sa place particulière dans le monde, surtout par rapport aux Etats-Unis, parce que c'est une zone où se trouve la plus grande partie des réserves. Ces réserves ne sont pas également réparties dans tout le Moyen-Orient, elles sont principalement situées dans une partie, le Golfe, dans la péninsule arabique, en Irak et en Iran. Donc la question pétrolière, qui est l'essence de l'économie mondiale, est quelque chose de vitale. On obtient ainsi tout un système d'alliance, de positionnement militaire, qui seront construits pour assurer l'approvisionnement en hydrocarbure des grands acteurs internationaux d'où l'émergence de certaines contraintes.
Le deuxième pilier apparaîtra plus tard, et il ne s'imposera pas avec la même force d'emblée : c'est Israël. Mais autant la question pétrolière émerge dès 1945, autant la question israélienne n'acquiert d'importance centrale pour les US qu'à partir de 1967, et elle sera croissante aujourd'hui. « La route de Jérusalem passe par Bagdad », disait-on à Washington pour signifier que les Palestiniens, privés du soutien d'un monde arabe abasourdi et vaincus dans la seconde Intifada, se résigneraient aux conditions d'un Ariel Sharon détruisant systématiquement les infrastructures de l'Autorité palestinienne avant d'évacuer Gaza, et éliraient en février 2006 une majorité accommodante. Les deux régions du Moyen-Orient sont donc liées, l'Ouest pour la résolution de l'Est. La guerre en Irak, elle, n'était pas exclusivement destinée à abattre le régime de Saddam mais aussi à rebattre les cartes pour l'ensemble du Moyen-Orient car les deux parties de cette région sont de plus en plus interdépendantes. De même la guerre de cet été au Liban avait aussi comme acteur l'Iran, car elle a inspiré le Hezbollah.
Comment donc a évolué la politique américaine au Moyen-Orient à partir de l'imbrication de tous ces enjeux ?
Afin de répondre à cette question, nous verrons comment ces enjeux se sont construit sur toute la deuxième moitié du XXe siècle, en débutant notre analyse par l'étude des relations américano-moyen-orientales à leur début, avant de clore le sujet par le traitement des nouvelles orientations de la politique américaines dues aux différents facteurs d'instabilité.
[...] Dans le Golfe d'abord. L'Iran a une politique résolument anti-américaine : un parti communiste iranien, Toudeh, est présent dans la révolution, il sera éliminé par Khomeiny. De plus, sur le plan israélien, l'Iran islamique rompt les relations et se fait le soutien de l'OLP, qu'il pousse à ne passer aucun compromis. Il faut préciser qu'avant, il y avait une très forte relation entre Israël et l'Iran, car les deux n'étaient pas arabes, et les deux avaient différents contentieux avec les pays arabes. [...]
[...] Les deux régions du Moyen-Orient sont donc liées, l'ouest pour la résolution de l'Est. La guerre en Irak, elle, n'était pas exclusivement destinée à abattre le régime de Saddam, mais aussi à rebattre les cartes pour l'ensemble du Moyen- Orient, car les deux parties de cette région sont de plus en plus interdépendantes. De même, la guerre de cet été au Liban avait aussi comme acteur l'Iran, car elle a inspiré le Hezbollah. Comment donc a évolué la politique américaine au Moyen-Orient à partir de l'imbrication de tous ces enjeux ? [...]
[...] Vue d'un autre angle, c'est une guerre dans laquelle les Etats arabes, Egypte et Syrie, prennent l'initiative militaire, mais assez rapidement et grâce à un pont militaire des Etats- Unis, les Israéliens repassent le canal. Cependant, ils s'arrêtent à 100km du Caire, car les Etats pétroliers prennent des mesures d'embargo sur les livraisons de pétrole à destination des pays occidentaux qui soutiennent Israël. Par conséquent, le prix du pétrole monte, mais le plus important est que le pétrole devient une arme politique pour la première fois. [...]
[...] La politique américaine se trouve ainsi de nouveau confrontée au Moyen- Orient à deux pôles d'instabilité : l'Iran et l'irritant libanais. C'est pourquoi les Etats-Unis vont soutenir, en septembre 1980, l'offensive de Saddam Hussein contre l'Iran. En effet, l'Iran khomeyniste apparaît comme un danger majeur pour les approvisionnements pétroliers : il menace l'Arabie Saoudite d'une révolution islamique et l'inquiétude des Etats producteurs arabe va les amener à confier leurs intérêts à Saddam Hussein. Mais l'Irak est en même temps perçu par Israël comme un danger, car il a une volonté d'hégémonie arabe ; or on ne peut avoir une telle chose que si on se fait le champion de la cause palestinienne donc l'ennemi d'Israël. [...]
[...] Néanmoins, l'URSS reste dans la région avec des alliés tels que la Syrie et l'OLP. Mais même si 1979 apparaît comme une sorte de victoire américaine, puisque finalement Israël est sécurisé (il n'y a en effet plus d'Etat qui puisse concrètement lui faire la guerre), en fait non : Israël aura de nouveaux adversaires qui ne seront plus des Etats, mais des groupuscules (comme le Hezbollah), des mouvements populaires, beaucoup plus difficiles à gérer qu'une guerre. En effet, le Hezbollah va contraindre, par sa guérilla, Israël à se retirer en 1967 puis dans les années qui vont suivre grâce aux deux intifadas. [...]
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