En 1958, le général de Gaulle fonde un nouveau régime institutionnel: la Ve République. Ce faisant, il avait la ferme intention de mettre fin au « régime des partis », qui, comme il l'affirme lui-même dans une allocution le 13 mai, « depuis douze ans […] se montrait hors d'état d'assurer la conduite des affaires ». Pourtant, paradoxalement, le nouveau régime n'exclut pas tout système des partis; mieux encore, il reconnaît, pour la première fois dans l'histoire constitutionnelle française, le rôle des partis politiques: « Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie » (Article 4 C). Ainsi, il semble que la Constitution du 4 octobre 1958 tente d'intégrer, d'internaliser le système des partis, en définissant et délimitant clairement le cadre dans lequel leur action s'inscrit.
[...] Toutefois, notons qu'aux élections présidentielles de 1969, l'appropriation de l'élection présidentielle par les partis est plus nette qu'en 1965. En effet, le gaullisme gaullien est mort, et G. Pompidou s'affirme clairement comme le candidat de l'UDR. Ainsi, O. Duhamel affirme : Tout en revendiquant totalement l'héritage institutionnel de la Ve République, et d'abord la primauté présidentielle, Georges Pompidou estime qu'il ne pourra pas incarner l'autocratie plébiscitaire défaite en 1969 et déjà affaiblie par le ballottage de 1965. Son leadership présidentiel devra se fonder d'abord sur le contrôle du parti dominant à droite et sur une alliance entre le parti gaulliste et d'autres fractions de la droite et du centre lui donnant une majorité stable et durable En outre, les socialistes présentent un candidat (G. [...]
[...] Le PC obtient des suffrages et 73 sièges, l'UGSD des suffrages et 102 sièges. S'opère ainsi un rééquilibrage à gauche au profit des socialistes, qui s'imposent progressivement comme le cœur du pôle de gauche. La gauche entière dépasse des suffrages ; la bipolarisation est claire. Entre ces deux pôles, le Mouvement Réformateur propose presque partout un candidat, et obtient des suffrages. Il est néanmoins en difficulté avec 34 sièges. De même aux élections présidentielles de mai 1974, la bipolarisation est très claire. [...]
[...] La formation d'un pôle de gauche ne débute donc qu'en 1965, après l'échec de G. Deferre. Elle répond à deux logiques : le rassemblement des forces de gauches non communistes, orchestré par François Mitterrand, et leur alliance programmatique et électorale avec le PC. La fédération des gauches non communistes passe par la création de la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste (FGDS) en décembre 1965. La FGDS rassemble principalement la SFIO, la Convention des Institutions Républicaines (CIR) de François Mitterrand (créé en 1964), et divers clubs socialistes. [...]
[...] Il est donc clair qu'un système des partis demeure sous la V République. Pour autant, celui-ci n'est pas nécessairement identique à celui qui marquait le jeu politique sous la IVe République. En effet, s'il faut distinguer entre régime institutionnel et système des partis, qui ne sont pas confondus, les deux entretiennent toutefois des interactions mutuelles. Ainsi, la nature de la mécanique institutionnelle influe sur la structure du système des partis. C'est pourquoi le système des partis d'avant 1958 a dû s'adapter à la nouvelle structure institutionnelle qui contraint son évolution. [...]
[...] Grunberg, le mode de scrutin majoritaire à deux tours donne une force d'attraction et de structuration très forte au clivage gauche/droite En effet, ce mode de scrutin écarte de la représentation parlementaire et du pouvoir exécutif toutes les formations qui ne se sont pas alliées à l'un des pôles. Ainsi, les nouveaux partis apparus depuis 1981, à moins d'entrer dans la logique de la bipolarisation, sont exclus du régime. Par exemple, les Verts, le MRC ou le RPF jouent le jeu de la bipolarisation en concluant des accords électoraux avec les partis dominants des deux pôles. De là, ils participent au pouvoir et bénéficient d'une représentation parlementaire (voir plus haut). [...]
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