Le « séisme » du 21 avril et ses 5,5 millions de votes en faveur de Jean-Marie Le Pen, candidat d'extrême droite à la présidentielles, a provoqué de nombreuses interrogations : pourquoi une telle mobilisation en faveur du candidat frontiste ? Quelles ont été les motivations de ces électeurs ? Qui sont ces électeurs ? La littérature sociologique s'est trouvée là un terrain d'étude presque inépuisable, et de nombreuses études, notamment celles de Nonna Mayer, spécialiste du vote FN, ont tenté de tracer les contours de l'électeur lepéniste.
Le vote frontiste n'est pas une constante : les premiers succès électoraux datent de 1983 (avec les élections municipales partielles de Dreux en septembre, qui marquent vraiment le début de la légitimité politique du FN et son passage de parti « marginal » à un parti jouissant d'une réelle assise électorale et politique). L'étude de l'évolution sociologique du vote FN ne peut se faire qu'à partir de 1983 et à fortiori des législatives de 1988, puisque les résultats antérieurs ne prêtent à une étude approfondie du fait de leur marginalité dans le paysage politique français. « Qui sont donc ces quelques 20 % de votants qui forment depuis le 21 avril le « peuple d'extrême droite », ces quelques cinq millions et demi de personnes qui ont accordé leurs suffrages, au premier tour, à Jean-Marie Le Pen et à Bruno Mégret ? » C'est à cette question que nous tenterons de répondre ici.
L'électeur type est un mythe : on observe en effet une corrélation extrêmement forte du vote frontiste à la conjoncture ; les soutiens frontistes ne sont pas constants, mis à part pour une petite fraction de son électorat, le « noyau dur ». Ils se renouvellent donc constamment, et se diversifient au fil des élections. Mais il reste néanmoins possible de distinguer des lignes de fracture et des permanences au sein de l'électorat frontiste, comme nous allons le voir ici.
[...] L'électorat frontiste en évolution : le poids de la conjoncture A la conquête des campagnes ? Les premiers succès électoraux de FN furent des succès urbains : en effet, les plus réceptifs au programme lepéniste furent les grandes villes et leurs banlieues, qui concentraient une importante population immigrée et un fort taux de délinquance et de violence, un des fers de lance du programme frontiste, comme on le sait. Mais le 21 avril 2002 a changé la donne : alors que le monde rural catholique et très fidèle aux traditions (le Grand Ouest) et l'autre campagne, celle déchristianisée et plutôt marquée à gauche (Massif Central) semblait résister à la vague lepéniste a été l'année de la rupture. [...]
[...] On peut citer ici l'étude qui a été faite Le Pen. Les mots, dans lesquels les discours de Jean-Marie Le Pen ont été analysés : il en ressort que les métaphores guerrières, de mort, de combat ou encore de souffrance ou de menace sont omniprésentes. De plus, les discours sont emprunts d'une virilité agressive avec l'utilisation de l'image du viol, de la pénétration, en référence aux étrangers : les immigrés pénètrent la France Le vote lepéniste a donc su s'installer durablement dans le paysage politique français, et fidéliser une partie de son électorat, électorat dont nous venons de voir les principales caractéristiques. [...]
[...] Déjà en 1988, J-M Le Pen arrivait en tête des candidats préférés des petits patrons et commerçants. Fait historique : en1995, le FN devient le premier ouvrier de France, détrônant ainsi historiquement le PCF. En 2002, le score chez les ouvriers et commerçants atteint 22% : Le Pen bat des records dans les anciennes régions industrielles en crise (comme le Nord Pas-de-Calais ou encore la Moselle). Pourquoi y a-t-il eu une perte du lien privilégié qui unissait la classe ouvrière à la gauche ? [...]
[...] Palier, V. Lehay. Cité dans Ces Français qui votent Le Pen, Fayard p Nonna Mayer, Comment Nicolas Sarkozy a rétréci l'électorat Le Pen In Le symptôme Le Pen, Fayard Comment Nicolas Sarkozy a rétréci l'électorat Le Pen, Nonna Mayer. [...]
[...] Il est en effet intéressant de noter cette différence puisque normalement, le comportement électoral des femmes ne cesse de se rapprocher de celui des hommes depuis 1944, du fait de la massification de l'éducation, entrée massive des femmes sur le marché du travail. Pourquoi une réticence plus marquée des femmes à l'égard du FN ? Comme nous l'avons vu précédemment, le niveau d'étude influence le vote : moins on est diplômé, plus notre propension à donner notre vote à l'extrême droite, et a fortiori au FN, est importante. Là repose une première explication : en effet, les femmes sont à l'heure actuelle plus présentes dans l'éducation supérieure, et plus présentes dans les filières générales. [...]
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