L'Union européenne : union des Européens ?

Résumé du document

« Nous ne coalisons pas des États, nous unissons des hommes. » Voilà ce que répondait Jean Monnet, l'un des pères fondateurs de l'Europe, lorsqu'on l'interrogeait sur son action. Mais cette union des hommes est toujours une question sensible à l'heure actuelle et reste sujette à de nombreux débats. Composition de 3000 mots environ au format Word.

Extraits

[...] Cet attachement à un ensemble de symboles culturels ne doit pas apparaître comme contradictoire avec la recherche de puissance, de poids sur l'ordre mondial, c'est pourquoi les débats actuels sur la question d'une identité européenne se croisent par exemple avec les motivations et les conséquences du dernier élargissement de mai 2004, dans le but de cerner au mieux les orientations futures que prendra l'Union européenne. Par conséquent, pour dégager le sens de l'expression identité européenne il ne s'agit pas seulement de répondre à la simple question qui sommes nous ? ou bien encore que voulons nous être ? mais l'enjeu réside plutôt dans le fait de s'interroger sur que voulons nous faire ? et comment voulons nous le faire ? Une fois posées, ces questions demeurent cependant limitées puisque le nous est toujours à définir, de même que le comment ? [...]

[...] En effet, la multiplication des pays membres de l'U.E. semble aller en contresens de l'intégration européenne, dans la mesure où la présence de pays tout à fait différents, selon l'importance territoriale, selon le développement et la richesse économique ou selon une multitude d'autres critères, ne permettra jamais l'adéquation parfaite de tous les intérêts nationaux particuliers, sans qu'aucun pays ne se sente défavorisé. La légitimité de l'Union paraît alors fragilisée par ces Etats qui cherchent à défendre au maximum leur position, comme ce fut le cas à de nombreuses reprises avec le Royaume-Uni, à tel point que ces tensions perturbèrent la cohésion européenne et il fallut attendre plusieurs relances dans les négociations et les traités pour parvenir à un accord qui convienne à tous. [...]

[...] D'autre part, l'identité européenne doit s'appuyer sur la construction d'une Europe politique et non simplement sur des bases géographiques, étant donné que les frontières européennes dépassent les limites fixées par le contour des vingt-cinq pays membres actuels. En effet l'entité Europe est le fruit d'un long et lent processus vers l'édification d'une communauté rassemblant des volontés constructivistes, initialement élaborée sur un plan pragmatique. Motivée par des principes de paix et reposant sur des motifs de prospérité économique et géostratégique à l'époque de la guerre froide, l'Europe s'est peu à peu développée puis renforcée en se découvrant des considérations identitaires. [...]

[...] Ainsi pour éviter les conflits intranationaux, les différents responsables étatiques ont pris la très mauvaise habitude de ne rendre des comptes qu'en s'appuyant sur cette mystérieuse entité Bruxelles lorsqu'une décision de consensus s'est jouée en défaveur de leur Etat. La faute est donc déléguée au rang supérieur, ne faisant qu'alimenter certaines craintes voire rancœur vis-à-vis de ces hautes institutions considérées comme inaccessibles. Ce grave problème de communication entraîne alors un dessaisissement de l'engagement politique de la part des citoyens dans leur grande majorité, comme l'illustrent les taux d'abstention toujours plus élevés quel que soit l'enjeu, et ce dans la plupart des Etats. [...]

[...] Ainsi l'Union européenne n'est pas considérée comme supérieure mais comme une sorte d'association de type traditionnel, qui ne s'entend et s'allie que pour faire face à un ennemi commun, en l'occurrence il s'agissait de rassembler ses forces contre la menace d'invasion de l'Union soviétique, durant la période de guerre froide. La question s'est d'ailleurs posée, après la chute du Mur de Berlin, de savoir si cet événement n'allait pas entraîner la dissolution de l'Europe des Douze. D'autre part, un argument fort de cette conception soulève le problème de la défense des intérêts nationaux par rapport au pluralisme qui règne au sein de l'Union européenne. [...]