L'articulation entre la nation, l'Europe et la paix a été au cœur du mythe fondateur des débats structurants sur la construction européenne. Le dépassement de la nation fondé sur le souvenir des évènements de la première moitié du XXe siècle a été le catalyseur de l'unité européenne en construction.
Cependant, l'épreuve des faits a mis en exergue le fait que fonder la paix sur la fin des nationalismes et sous la menace soviétique n'a pas eu pour conséquence de troquer des nations imparfaitement démocratiques pour des structures politiques post nationales moins oligarchiques. Avant même le traité de Rome, dès le 5 mars 1948, André Malraux, dans son « Appel aux intellectuels », estime que « Pour le meilleur comme le pire, nous sommes liés à la patrie. Et nous savons que nous ne ferons pas l'Européen sans elle, que nous devons faire, que nous le voulions ou non, l'Européen sur elle. »
Cette citation, extrêmement déterminée par son contexte, notamment quant à sa sémantique, reformule la question des interactions entre l'identité nationale, au travers de la « patrie » et la construction de ce qu'il désigne comme « l'Européen ».
[...] Il en résulte que les effets de débordements qui affectent la souveraineté des Etats, de même que le renforcement des autonomismes dans le cadre de la globalisation et des interactions du triptyque Union Européenne, Etats, Régions, s'ils participent du phénomène d'émiettement de la centralité du caractère national, ils n'offrent pas de débouchés concrets au caractère post national. En effet, la souveraineté des Etats, dans un contexte de capitalisme mondialisé, revêt une fonction économique prépondérante, à savoir la mise en concurrence des modèles de régulations économiques et sociales. [...]
[...] L'Europe et la nation L'Europe et la nation Pour le meilleur comme le pire, nous sommes liés à la patrie. Et nous savons que nous ne ferons pas l'Européen sans elle, que nous devons faire, que nous le voulions ou non, l'Européen sur elle. André Malraux mars 1948 Appel aux intellectuels La France a été faite du sacrifice de ses provinces, l'Europe sera faite des sacrifices de ces nations Y sommes nous prêts ? Jean Guéhenno, dans La paix se paie, pose ainsi les fondements du débat de la construction européenne avec une actualité sidérante pour un texte écrit en 1930. [...]
[...] C'est le nationalisme qui fournit un langage commun qui permet aux individus de faire fonctionner l'économie. Le nationalisme donne une identité commune et un langage commun à des individus d'origines différentes. Avant la révolution industrielle, les hommes sont dispersés dans des communautés ce que Gellner appelle des isolats culturels Or la révolution industrielle brise ces isolats et réunit entre eux des individus qui ne se connaissent pas. Le nationalisme va donner une mémoire artificielle mais commune, qui socialisée notamment par l'école permet l'émergence d'une identification commune. [...]
[...] En effet, selon lui, le journal va participer à la création d'une communauté imaginée au travers de la sélection d'une langue qui, par l'écrit, s'imposera aux autres. De son approche, il s'agit de retenir deux idées principales pertinentes pour le traitement de notre problématique, à savoir que dans un premier temps, c'est le journal qui va créer des liens de solidarité, des liens abstraits entre des individus qui ne se connaissent pas. Le journal, au-delà, d'opérer le développement d'une langue vernaculaire et de favoriser l'émergence d'une conscience culturelle commune, tend également à naturaliser l'idée de la Nation. Elle devient un personnage dont on suit l'actualité. [...]
[...] Le facteur national, lui devient un élément de légitimation de cette régulation comme l'a mis en exergue Ernst Gellner. Par voie de conséquence, l'effacement de la prédominance du facteur national, résulte non pas d'une adhésion à l'universel démocratique de l'Etat de droit mais alors bien davantage de la remise en cause d'un cadre économique de forte division du travail social, et des régulations sociales concurrentielles que les nations ont apportées, nous renvoyant ainsi à l'interrogation de Jean Guéhenno, Y sommes nous prêts ? [...]
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