La Révolution française n'est pas la première Révolution, elle a en effet été devancée par la Révolution américaine. Toutefois, elle se révèle n'avoir aucun précédent dans l'Histoire, en se caractérisant tant par le bouleversement qu'elle provoque, que par l'innovation de ses principes qui se veulent universels, et par l'ampleur de ses conséquences qui se répercutent dans l'espace comme dans le temps. René Raymond la définit comme un « grand ébranlement dont procède toute l'histoire du XIXe siècle ».
Il est vrai que la Révolution française, par son idéologie même, cherche à appuyer toutes les nations dans leur quête de la liberté et dans leur accession au droit de « disposer d'elles-mêmes ». Effectivement, la Révolution française se répercute au-delà de ses frontières et touche toute l'Europe, et tout particulièrement l'Europe occidentale. Le fait est que l'étendue de sa portée est indéniable, mais qu'en est-il de la nature de cette influence et de ses répercussions ? Comment l'Europe a-t-elle accueilli le Révolution française ?
[...] En effet, si les premières annexions françaises, comme l'Alsace ou Avignon, sont à la demande des populations, les suivantes sont opérées sans consultations préalables. Pour justifier ces annexions, on prétexte dans un premier temps le problème de la question des "frontières naturelles" de la France. Dans un second temps, suite au principe d'autodétermination évoqué précédemment, la France se fait un devoir de répandre les idéaux de sa Révolution au reste de l'Europe par la conquête, prétextant alors obéir aux vœux des populations. [...]
[...] En outre, le fait qu'elle se sente menacée par les monarques européens a aussi motivé sa soif d'expansion. En effet, durant l'été 1792, la Prusse et la Russie se sont alliées pour intervenir contre la Révolution. Avec les pays conquis, la France est loin de se comporter comme ses idéaux de la Révolution le laissaient présager. Dans tous les pays occupés par la France, c'est Paris qui impose sa politique, sans aucune consultation préalable des peuples. Par exemple, la Belgique et le Piémont sont annexés et divisés en départements français de façon arbitraire. [...]
[...] Les armées de la Révolution pénètrent aussi à Rome qui fait alors l'expérience nouvelle d'une séparation radicale entre le religieux et le politique. Les formes de gouvernement y sont imposées sans choix possible, des institutions politiques et des priorités idéologiques sont établies de force, tout comme l'organisation de l'administration et de la justice. On parle alors d'une "liberté non négociable." On s'aperçoit que la France va bien au-delà des ambitions menées par l'idéologie révolutionnaire. Le 15 septembre 1793, la Convention change la donne en proclamant que "les territoires occupés [seraient] traités en pays conquis", ce qui est en contradiction totale avec les principes du 5 mars 1793 où l'assemblée affirme "ne vouloir ni asservir ni dominer aucun peuple, mais remettre la souveraineté entre leurs mains". [...]
[...] En outre, la compréhension des événements est en grande partie facilitée par l'influence de la France et de la langue française qui est, à cette époque, la langue parlée en Europe. En effet, l'Europe cultivée parle et pense en français, ce qui la prépare à prêter attention aux évènements de la France. La Révolution française provoque alors un écho considérable en Europe, car celle-ci se veut, en premier lieu, universelle, et donc délivrant des principes possiblement applicables à toutes les autres nations. Elle n'est pas repliée sur elle-même et entend d'emblée agir pour le monde. [...]
[...] Par conséquent, l'intérêt des Européens pour la Révolution française tient d'abord à l'universalité des principes revendiqués. De plus, dans le décret de 19 novembre 1792, la France énonce le principe d'autodétermination des peuples et affirme souhaiter porter fraternité et secours à tous les peuples désireux de recouvrer leur liberté Cela provoque l'espoir d'un renouveau et d'une reconnaissance, notamment pour les plus pauvres, dans les populations de nombreux pays européens. Par exemple, aux Provinces-Unies, la Révolution française provoque "la plus vive fermentation", selon Jean Luzac, rédacteur en chef de la gazette de Leyde. [...]
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