A en croire des évènements récents, un Français peut brûler son drapeau national en public mais aussi l'exhiber pour supporter son équipe sportive nationale. C'est le type d'ambivalence qui amène parfois les journalistes étrangers à s'interroger – souvent avec humour - sur ce qu'est un Français ! Cela montre bien qu'être français est quelque chose de spécifique, qui ne répond pas simplement d'une démonstration unique.
Le mot « Français » est défini pour la première fois sous la Révolution ; on parle alors de « qualité de français ». Le mot de « nationalité », quant à lui, n'existait pas encore ; il apparaît au début du XIXe siècle.
L'expression « être français » est sujette à débat et à extrapolation car elle ne connaît pas de définition précise. La nationalité française apparaît comme un produit de l'histoire qui serait fait à la fois de données juridiques mais aussi de représentations, de croyances voire de stéréotypes. Il faut alors tenter de déblayer le terrain petit à petit pour parvenir à se faire une idée de la signification de cette expression.
Tout d'abord, en droit, être français, c'est avoir la nationalité française, c'est être juridiquement et politiquement lié à la France, Etat souverain. C'est en être citoyen, et à ce titre, bénéficier de droits et se voir confier des devoirs.
Il faudrait donc se demander par quel raisonnement une personne qui est française pourrait le démontrer. Plus encore, il s'agit ici de montrer si le fait d'être français présente une singularité.
[...] Cette attribution de la nationalité française par l'Etat répond de considérations politiques. Un sujet éminemment politique, lié principalement aux politiques d'immigration Etre français, c'est être au centre d'intérêts étatiques Comme tout pays, la France a toujours cherché à contrôler sa population, au sens démographique. L'histoire nous montre que cela a été fait plus ou moins dans trois optiques qui se recoupent : l'intérêt des individus, l'intérêt du pays, et dans une certaine mesure l'intérêt du monde. - Emancipation de l'individu face à l'Etat De 1790 à 1794, on est naturalisé français quand on est étranger et qu'on réside en France afin notamment de bénéficier du tout frais principe d'égalité devant la loi. [...]
[...] Mais comme le rappelle Patrick Weil dans son ouvrage intitulé Qu'est-ce qu'un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution (2002), le droit de la nationalité n'est pas le reflet d'une conception de la nation : il a son parcours et son identité propre, indépendants également de l'histoire de la citoyenneté qui a déjà été tracée. Il ne faut donc pas seulement et principalement se référer à la nation française pour comprendre ce que signifie être français, et en cerner la particularité. [...]
[...] Avoir la nationalité française confère des droits et des devoirs. Etre Français, c'est être soumis aux lois de la République Etre soumis aux lois de la République est à la fois un droit et un devoir. C'est de cette soumission que découlent toutes les libertés et obligations. La loi française garantit la protection des libertés et droits fondamentaux. Par exemple : -sur le plan national : le Français bénéficie d'un principe fondateur de la République : l'égalité de tous devant la loi. [...]
[...] - Les provincialismes ont toujours existé et connaissent un regain. L'homogénéisation des sociétés à l'échelle mondiale entraîne des réactions identitaires locales. On peut donc posséder une identité locale, lié à un village, une région - La mondialisation et les migrations qu'elle entraîne déclinent souvent l'identité française au pluriel. Par exemple, certaines personnes ont juridiquement une double nationalité. Ou bien même sans avoir cette double nationalité, les immigrés gardent souvent un lien fort avec leur pays d'origine où ils ont encore de la famille, voire où ils ont grandi. [...]
[...] Et Max Gallo de penser dans Fier d'être Français que sur fond de crise, c'est justement en étant fier d'être français que les choses iront mieux. A l'identité française première, s'en grefferaient d'autres. Mais elles ne prendraient de sens que par rapport à la première qui aurait des vertus universelles, telles que la défense des droits de l'homme, le vouloir vivre ensemble, la démocratie. On peut alors trouver paradoxal que si être français c'est porter en soi des valeurs universelles, il soit si dur aujourd'hui de devenir juridiquement français puisque des valeurs universelles sont facilement assimilables par quiconque. [...]
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