Max Weber (1864-1920) est certainement de tous les sociologues celui qui aura le plus apporté à sa discipline. Son érudition a non seulement marqué son temps de son empreinte mais également posé les jalons de la sociologie actuelle. Pourtant son œuvre ne s'inscrit dans une démarche sociologique que sur le tard. En effet le fil d'Ariane de Weber est sans conteste l'action politique et son préalable : la compréhension de la société. Une motivation qui trouve ses sources dans le contexte historique allemand et les difficultés économiques et politiques que connaît le pays en ce début de XXè siècle. Cette compréhension passera essentiellement par l'étude du capitalisme, des conditions de son développement et des obstacles qu'il rencontre.
Né à Erfurt dans une famille d'industriels protestants, il commença par enseigner le droit puis très rapidement l'économie, il fut nommé professeur d'économie à l'Université de Fribourg à 30 ans. Son influence est à noter dans le nombre considérable de disciplines qui s'en réclament. Ce n'est que relativement récemment que cet éclectisme a été présenté notamment grâce à Raymond Aron dans l'introduction de l'ouvrage Le savant et la politique. L'ouvrage que nous présentons et qui est parue en 1905, L'Ethique protestante et l'esprit du capitalisme fait partie de ceux caractérisant le mieux Max Weber sociologue admiré et contesté, et dont les thèses ont donné et donnent encore lieu à de vifs débats. A partir de 1903, il engagera d'importants travaux des recherches documentaires sur l'histoire et la sociologie des religions, ainsi que des réflexions méthodologiques et épistémologiques sur le statut des sciences historiques. Enfin " L'exigence d'une construction de concepts rigoureux et d'une séparation stricte entre savoir empirique et jugement de valeur " l'amène à mettre en œuvre l'ensemble de ses savoirs : histoire du droit, sociologie économique, sociologie des religions et politique et ce afin de rédiger Economie et Société.
[...] Le dogme fondamental du calvinisme est celui de la prédestination. Celui-ci marque son opposition radicale d'avec le catholicisme dans le déterminisme auquel l'homme est voué conséquence de la toute puissance divine. La confession de Westminster de 1647 exprime ce fait : " Chapitre III (Des décrets éternels de Dieu), n°3.-Par décret de Dieu, et pour la manifestation de Sa gloire, tels hommes [ ] sont prédestinés à la vie éternelle, tels autres voués à la mort éternelle. " De sorte qu'en rejetant le salut par l'Eglise et les sacrements, ce dogme consacre la " solitude spirituelle " du réformé et par-là célèbre le paroxysme du " désenchantement du monde." Ce type de religiosité qui perçoit la divinité comme étant absolument transcendant et trop éloigné de l'humain conduit d'une part les fidèles à se considérer comme des " instruments actifs " de Dieu et dans un " individualisme pessimiste " à œuvrer pour la connaissance de leur salut par la glorification de Dieu, c'est ce qu'exprime la formule calvinisme omnia in majorem Dei gloriam : tout ce que fait le chrétien sert la gloire de Dieu. [...]
[...] A ce monde l'alternative wébérienne nous dicte d'opter pour une attitude suivant l'éthique de la conviction et/ou l'éthique de la responsabilité. La sociologie wébérienne Le particularisme wébérien réside plus dans le côté compréhensif de cette sociologie en opposition à la sociologie durkheimienne ou au déterminisme de Marx (son matérialisme historique lui fait considérer la religion comme étant le reflet, la superstructure d'une infrastructure économique) De sorte que pour définir sa sociologie Weber écrit à R. Liefman en 1920 : " Si je suis sociologue, c'est essentiellement afin de mettre un point final ces exercices à base de concepts collectifs dont le spectre rôde toujours. [...]
[...] Les écrits théologiques permettent d'apprécier l'état d'esprit de cette ascèse. De ceux-ci ressort une éthique quant aux biens et leur danger " du point de vue moral, c'est le repos dans la possession, la jouissance de la richesse et ses conséquences : oisiveté, tentations de la chair, risque surtout de détourner son énergie de la recherche de la vie " sainte " Ainsi la condamnation et la péché le plus grave est de " gaspiller son temps " car alors on ne glorifie pas Dieu dans la besogne quotidienne. [...]
[...] La notion de Beruf chez Luther. L'une des notions essentielles dans l'analyse par Weber du " devoir professionnel " et donc du lien qu'il y aura entre religion reformée et " esprit du capitalisme " est le terme allemand Beruf au sens de Luther, désigné en anglais par le terme calling (métier, vocation, profession) Ainsi son sens apporté par la Réforme, avec Luther en précurseur, définit le dogme protestant comme : " L'unique moyen de vivre d'une manière agréable à Dieu n'est pas de dépasser la morale de la vie séculière par l'ascèse monastique, mais exclusivement d'accomplir dans le monde les devoirs correspondant à la place que l'existence assigne à l'individu [Lebenstellung], devoirs qui deviennent ainsi sa vocation [Beruf] " Et c'est cette double connotation, présente uniquement à cause de la Réforme, religieuse (vocation) et mondaine (profession) que nous décrit Weber. [...]
[...] Ce pluralisme signe l'arrêt du modèle normatif monothéiste dont les derniers tenants sont les philosophies de Hegel et de Marx. La lente disparition de ce socle n'est pas sans effet puisqu'on lui substitue le polythéisme et son corollaire : la multitude de valeurs. Mais alors que le polythéisme antique demeurait " sous le charme des Dieux et Démons, le monde actuel, sous l'effet d'une rationalisation et d'une intellectualisation croissantes, est un monde désenchanté, désensorcelé, dépoétisé. " Cet état de fait destinant l'humanité à la détresse spirituelle. [...]
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