«Le monde est trop vaste, trop peuplé, trop divers, trop traversé de forces incontrôlables. L'Amérique est trop faible, économiquement, militairement, idéologiquement». C'est le constat que réalise Emmanuel Todd dans son ouvrage Après l'Empire, essai sur la décomposition du système américain publié en 2002. Selon lui, les Etats-Unis sont entrés dans une phase de déclin qu'ils tentent tant bien que mal de dissimuler sur le plan international. Mais la thèse du déclin américain n'est pas nouvelle. Déjà en 1988, Paul Kennedy, dans Rise and Fall of Great Powers, expliquait qu'à terme l'empire américain, après une phase ascendante, connaîtrait comme tous les empires de l'histoire un affaiblissement lié au poids trop lourd de la puissance, fardeau qu'il conviendrait alors de partager avec les puissances moyennes du globe en s'orientant vers une politique multilatérale. Le déclin s'inscrirait donc dans un processus naturel inéluctable. Décliner serait tout simplement synonyme de vieillir. Plusieurs signes actuels convergent en ce sens: la désillusion de la guerre en Irak, Guantanamo et la violation des droits de l'homme, l'accroissement des inégalités, la multiplication des scandales comme celui d'Enron. Dès lors, l'expression d'empire américain a-t-elle encore de la pertinence aujourd'hui ? Faut-il conclure à la fin de l'exceptionnalisme américain ? Pendant longtemps, les Etats-Unis ont disposé des atouts d'une puissance impériale, économiquement, militairement et idéologiquement. Cependant, il semble qu'aujourd'hui une rupture se soit instaurée. Mais les Etats-Unis n'en demeurent pas moins une puissance de renom
[...] Les Etats-Unis, première puissance économique mondiale, sont donc devenus dépendants du reste du monde. A ce déficit commercial se greffe un déficit budgétaire considérable: 800 milliards de dollars en 2005, financé par le reste du monde. En dépit des promesses d'austérité budgétaire de George W. Bush, la progression des dépenses et la faiblesse des revenus de l'Etat entraînent une nouvelle ère du déficit budgétaire aux Etats-Unis très inquiétante étant donné son ampleur. Mais la crise qu'essuie actuellement la puissance américaine n'est pas seulement économique, elle est beaucoup plus profonde et affecte les fondements même, les valeurs de la société américaine. [...]
[...] Cependant, plusieurs réserves sont émises quant à l'efficacité de «l'affirmative action». En effet, elle ne touche pas les habitants les plus démunis des banlieues. Elle n'aide en réalité que ceux qui ont le moins besoin d'aide, les Noirs les plus dynamiques et les plus éduqués. Les politiques de traitement préférentiel ne peuvent par ailleurs à elles seule résoudre les faiblesses les plus criantes de la société américaine: elles ne bouleverseront pas la hiérarchie sociale et seule une véritable amélioration du système scolaire dans les ghettos permettrait aux communautés ethniques les plus démunis de disposer d'un capital social suffisant pour affirmer leur talent et réussir selon leur mérite comme le défend Michael Walzer. [...]
[...] En conclusion, les Etats-Unis sont confrontés à une crise qui revêt plusieurs aspects et qui menace leur leadership. Cependant, ils conservent dans certains domaines une avance très large. Mais cette crise est-elle réellement spécifique aux Etats-Unis ? Ne concerne-t-elle pas l'ensemble des pays industrialisés qui font face à la montée en puissance des pays émergents? Ne devront-ils pas apprendre à composer sur le plan international avec ces nouveaux acteurs voire à leur céder inéluctablement leur place? [...]
[...] Enfin, les Etats-Unis apparaissent comme une société de moins en moins libertaire. L'adoption du Patriot Act et du Homeland Security Act, suite aux attentats du 11 septembre, afin de renforcer les pouvoirs des agences gouvernementales américaines, sont considérés par les organisations de défense des droits de l'homme comme une restriction de la liberté d'expression et une profonde violation de la vie privée. En effet, le Patriot Act autorise par exemple les agents du FBI à opérer des recherches secrètes au domicile de personnes suspectées de terrorisme ou à réaliser des écoutes téléphoniques. [...]
[...] Mais les Etats-Unis n'en demeurent pas moins une puissance de renom. La fin de l'empire américain Les Etats-Unis ont pendant toute la deuxième moitié du XXe siècle régné non seulement par les armes mais également par le prestige de leurs valeurs, de leurs institutions et de leur culture. La situation actuelle contraste avec cette image pour 3 raisons: les Etats-Unis sont confrontés à une situation économique plutôt morose, à des difficultés sociétales qui discréditent l'American Way of Dream et ils mettent en oeuvre une politique étrangère qui suscite la polémique. [...]
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