Ennemie de la « tyrannie », fervente détractrice de l'absolutisme, c'est sur le rejet de ces formes de gouvernement - oppressant le peuple - que naît la révolution américaine. Et c'est au lendemain de son indépendance avec l'adoption de la Constitution en mai 1787 que la question de la démocratie américaine prend tout son sens. À l'égal de certains textes philosophiques, cette Constitution est considérée avant tout comme une des œuvres fondatrices de la démocratie. Ainsi dès le préambule, l'instauration d'une primauté populaire est annoncée : la formule « Nous le peuple des États-Unis » en témoigne parfaitement. Pas uniquement un système politique, la démocratie est avant tout l'affaire du peuple. Il faut donc non pas se restreindre à l'envisager comme une forme de gouvernement, mais également comme une forme de société. En outre, les pères fondateurs, fervents lecteurs de John Locke, posent au cœur de leurs préoccupations l'égalité politique et les libertés individuelles. De grands principes libertaires se répandent ainsi sur l'ensemble des États-Unis à la fin des années 1780 et un vent de démocratisation semble s'amorcer. Pourtant l'absence de référence directe à cette égalité, et le caractère discontinu de la Déclaration des droits qu'est le Bill of Rights nous amènent à nous interroger sur la réelle nature démocratique de ce pays qui en pratique relève davantage du libéralisme.
[...] Toutefois, il faut attendre les années 1900 qui marquent un renouveau démocratique notamment par le biais du mouvement progressiste où lois sociales sont adoptées en masse (en une quinzaine d'années davantage de lois furent adoptées que durant toute l'histoire américaine) afin de lutter contre la corruption démocratique qui a entrainé le déclin du modèle quelques années auparavant. Finalement, le XXe s'ouvre sur une nouvelle attitude des États-Unis qui tente de redorer son blason de défenseur des droits en tentant un examen plus démocratique des institutions. [...]
[...] Tout le problème de la portée des Etats-Unis en tant que modèle réside dans ce paradoxe. C'est pourquoi est relancée l'impulsion démocratique dès la fin des mandats jacksonien avec un activisme féminin qui s'allie à la cause noire et qui veut sortir la femme de sa condition de subordination, restreinte à son rôle de mère et ainsi évincée de la démocratie. Mais c'est en 1840 que le mouvement devient véritablement effectif. Si les États- Unis n'apparaissaient alors pas comme un modèle de démocratie complet, en bafouant la place des femmes dans la société, comme le soulignait très nettement l'activiste Elizabeth Cady Stanton en déclarant qu' une femme n'est rien, mais qu'une épouse est tout , on peut tout de même lui attribuer le qualificatif de modèle au sens où les luttes menées ont permis l'émergence de Déclarations pour la défense des droits des femmes -telles que celles des Mères de la Nation ou encore de Seneca Falls. [...]
[...] Si les États-Unis présentent certaines tares quant au modèle parfait de démocratie politique, il en est de même en matière de démocratie sociale. Le mouvement ouvrier est un bel exemple pour illustrer ce propos qui émergea en réaction de la répression gouvernementale et de l'oppression patronale. Malgré les grèves menées, symbole de l'expression du peuple, les syndicats sortent affaiblis de cette période. L'aboutissement de cette crise syndicale se fait par un renouveau des valeurs démocratiques, car comme Friedman l'a souligné Le mouvement ouvrier sera démocratique ou ne sera rien Le nativisme des WASP (White Anglo-saxon Protestant) accompagnés d'associations tels que la Native American association pose également les limites de cette démocratie sociale et des libertés autrefois clamées par les Pères Fondateurs. [...]
[...] Le défaut démocratique auquel est confrontée l'Amérique est donc perceptible jusqu'à son organisation territoriale. Par ailleurs, il en va du même constat pour la conquête de l'Ouest. Au premier abord, l'effacement de la frontière en 1890 est le signe d'une véritable démocratisation du territoire : il n'existe plus de séparation entre blancs dits civilisés d'une part et indiens de l'autre et émerge de ce fait une nation unie. C'est en cela qu'elle nous apparut un modèle sur lequel les Etats européens encore fortement dominés par une hiérarchie devraient s'aligner. [...]
[...] Dès leur fondement les États-Unis se placent à l'avant-garde de la Démocratie. Malgré l'absence de référence explicite par les Pères Fondateurs de son caractère démocratique, nul doute n'est fait sur la reconnaissance de ce pays comme étant la toute première démocratie libérale. Un gouvernement issu d'une révolution a tout intérêt à instaurer un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple pour reprendre la célèbre formule d'Abraham Lincoln puisque dorénavant il tient sa légitimité du peuple. Rapidement sont posés les principes fondamentaux de la démocratie, et ce, dès le Préambule de la Déclaration des Droits rédigés par Madison et les fédéralistes Nous le peuplent des États- Unis L'importance de la souveraineté populaire est annoncée. [...]
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