La notion d'égalité est une notion étroitement liée avec une autre notion, celle de démocratie. L'axiome démocratique suppose en effet une égalité de droits politiques entre les hommes, qui vont choisir leurs représentants, selon le principe un homme, une voix. C'est donc au coeur des démocraties que les réflexions sur l'égalité ont vu le jour, et aussi au coeur de celles-ci que la notion est devenue protéiforme. Tocqueville, lorsqu'il étudiait la société américaine, s'étonnait déjà que l'égalité politique favorise une certaine "égalité des conditions", que l'on nommerait aujourd'hui davantage égalité socio-économique. Plus récemment, la notion d'égalité entre les hommes et les femmes est devenue l'objet d'initiatives dans certaines démocraties pour être davantage garantie.
Pour autant, devant l'extension de la notion, il serait difficile d'affirmer que l'ensemble des démocraties du monde partage la même conception de l'égalité entre les individus. Si elles s'accordent sur une notion minimaliste de l'égalité, celle de l'égalité de droits politiques, leurs conceptions quant à une notion d'égalité élargie divergent sur de nombreux points. L'importance du substrat historique, mais aussi des valeurs de ces sociétés, explique le plus souvent les différences que celles-ci conservent sur l'égalité. Toutes ne recherchent pas les mêmes effets quant à la réalisation de cette égalité. Certaines y voient un facteur de cohésion de la société, d'autres une manière de garantir un certain épanouissement de l'individu par exemple. Selon les cas un certain égalitarisme sera plus ou moins recherché, tandis que d'autres attacheront davantage d'importance à l'égalité des chances.
La notion d'égalité entre les individus peut être étudiée dans trois démocraties que sont les Etats-Unis, l'Inde et le Japon. Les Etats-Unis sont en quelque sorte le berceau de la démocratie. Le Japon est l'exemple d'une démocratie non occidentale, dans un pays développé. L'Inde est à la fois non occidentale et appartenant aux pays en voie de développement. De ces trois situations contrastées découlent une notion d'égalité entre les individus pour chacune de ces démocraties.
La place de l'histoire et des valeurs de ces sociétés sont à l'origine de conceptions différentes de l'égalité, et explique souvent les différences constatées dans les faits entre ces trois pays. Néanmoins, ces conceptions de l'égalité ne sont pas destinées à être figées. Développées dans une certaine temporalité historique, elles sont souvent sujettes évolutions, notamment devant les écarts existant entre la notion originelle de l'égalité et les réalités constatées, mais aussi parce que devant s'adapter à des structures sociales en changement.
[...] Ceci explique d'autant mieux que si les conceptions américaines et japonaises de l'éégalité permettent de comprendre la réalité égalitaire dans ces pays, il en est un eu différemment de l'Inde, dont l'obstacle du développement n'a pas encore été totalement franchi àà l'époque de la fondation démocratique. II) . découlent une réalité différente entre ces pays en matièère d'égalité entre les individus? Les conceptions de l'égalité prévalant dans chacun des pays permettent souvent d'expliquer les inégalités constatées dans ces sociétés. En effet, certaines inégalités sont mieux tolérées que d'autres. La conception américaine est plus sensible quant à l'égalité des chances que l'égalité des conditions. [...]
[...] L'Inde, comme le Japon, a subi des influences occidentales dans la formation de sa démocratie. Les élites indiennes se sont en effet formées dans le pays colonisateur qu'était la Grande-Bretagne, et en ont tiré les enseignements. La Constitution de l'Union Indienne est proclamée le 26 janvier 1950. Son article 17 proclame l'abolition de l'intouchabilité, tandis que son article 15 condamne toutes formes de discriminations reposant sur la religion, la race, la caste, le genre et le lieu de naissance. La Constitution indienne pose également les bases d'une démocratie sociale. [...]
[...] La cohésion des différents groupes est fondamentale, elle est promue au nom du wa, c'est-à-dire de l'harmonie. Dès lors l'État s'emploie à contenir les inégalités socio-économiques. Cette conception de l'égalité continue de prévaloir après la seconde Guerre mondiale. L'influence de l'occupation amééricaine dans la rédaction de la Constitution japonaise du 3 mai 1947 est certes marquée : les Japonais consacrent l'égalité politique entre les individus, notamment d'individus en étant dépourvus jusqu'alors, à savoir les burakus, mais aussi les femmes. Néanmoins l'influence du confucianisme continue de faire prévaloir le groupe sur celui d'individu. [...]
[...] Cependant, bien que la nation américaine soit la première à reconnaître l'égalité politique entre les individus, la réalité est autre à ses débuts. Elle exclut en effet les esclaves noirs et les femmes. A l'inverse des États-Unis qui se sont construits sans passé féodal, le Japon est un pays très marqué par les hiérarchies sociales historiquement. L'ère Meiji est une période de bouleversement intense au Japon. Le statut privilégié des samouraïs est aboli. Les inégalités par la naissance laisse place à une conception des inégalités fondées sur les talents. [...]
[...] La déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776 déclare en effet dans son préambule : "tous les hommes naissent égaux". Au coeur de la fondation des États-Unis repose également un fort accent mis sur l'individualisme et le mérite. L'idée que n'importe qui peut gravir les échelons de l'échelle sociale par son travail est au centre de l'American dream et de la figure du self made man, qui apparaît au XIXe siècle. De ces différentes conceptions découle une notion d'égalité entre les individus assez précise. [...]
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