Etats-Unis, Europe, division internationale du travail, mondialisation, GATT, Organisation mondiale du commerce (OMC), dotations factorielles relatives
Depuis les friches industrielles laissées par les anciennes sidérurgies jusqu'à la délocalisation au Maroc des centres d'appel, les conséquences économiques négatives de la division internationale du travail ont constitué un thème récurrent dans la vie politique et économique en Europe et aux États-Unis depuis les années 1960. Bien que le terme de « mondialisation », plus large et donc plus flou, ait supplanté dans les débats la notion de division internationale du travail, cette dernière demeure l'aspect le plus tangible de l'internationalisation des échanges économiques.
Les théories fondamentales du commerce international assurent que la spécialisation de la production des pays ouverts à l'échange, autre façon de présenter la division du travail, est non seulement une conséquence logique de l'ouverture, mais aussi qu'elle bénéficie à tous en permettant de produire plus efficacement. C'est sur cette prédiction fondamentale que se fonde la volonté de l'Europe et des États-Unis d'assurer la circulation des marchandises la plus libre possible par le biais du GATT, puis de l'Organisation mondiale du commerce.
[...] Cette même grille d'analyse fut ainsi appliquée par tous les acteurs au devenir des anciens pays communistes, pauvres en capital, mais à la main-d'œuvre qualifiée. La clarté de cette dynamique dans le domaine industriel ne doit cependant pas occulter les incohérences de la division de travail. Dès 1953, l'économiste Wassily Leontief faisait remarquer que les exportations des États-Unis étaient majoritairement constituées de produits dont la production demande relativement peu de capital, et pas nécessairement une qualification particulière de la main-d'œuvre. Ce paradoxe souligne deux limites essentielles à une vision de la division internationale du travail fondée sur la seule situation industrielle. [...]
[...] Il faut cependant noter qu'en dépit d'une médiatisation croissante, les perdants à la division internationale du travail sont de moins en moins visibles, et la compensation de moins en moins coûteuse. En effet, au cours des années 1970 et 1980, les transferts d'activités vers les nouveaux pays industrialisés ont touché des industries employant une main-d'œuvre importante, et surtout localement concentrée. C'est ainsi que la disparition, parfois brutale, de la sidérurgie, de l'industrie textile et, surtout aux États-Unis, d'une part importante de la production automobile au profit des pays d'Asie et du Mexique ont provoqué d'importantes friches industrielles et des sinistres économiques de dimension régionale. [...]
[...] En effet, depuis la fin des années 1990, le fait marquant du commerce international est l'ouverture de la Chine et de l'Inde à des niveaux de production technologiquement assez proches de ceux des pays les plus développés. De ce fait, on assiste depuis une décennie à une diminution de la division internationale du travail, les pays d'Asie rejoignant l'Europe et les États-Unis dans une dynamique d'échange de biens de niveaux technologiques comparables (échange intrabranche), et même de services. Dans ce cadre, l'Europe et les États-Unis se retrouvent face à une nouvelle modalité de division internationale du travail. [...]
[...] En effet, le moteur essentiel de la division internationale du travail est au final l'écart entre les dotations factorielles relatives. Tout comme cela s'est passé au cours de la période avec le Japon ou la Corée, au fur et à mesure de son industrialisation, un pays exerce une concurrence de moins en moins différenciée en termes de qualité des biens et devient un client des pays les plus riches autant qu'un fournisseur. Ainsi', on peut se demander si les réactions de l'Europe et des États-Unis n'ont pas fondamentalement manqué le caractère transitoire de la division internationale du travail telle qu'elle s'est rencontrée au cours de toute la seconde moitié du vingtième siècle. [...]
[...] L'examen de ce problème passe tout d'abord par une exposition de la dynamique de la division internationale du travail au cours de la période. Il convient ensuite d'examiner les conséquences pour l'Europe et les États- Unis des choix de l'ouverture à l'échange et de la spécialisation. Ceci permettra enfin d'évaluer l'impact des politiques économiques et commerciales de ces pays sur le mouvement de division internationale du travail. I. Fondements, extensions et limites de la division internationale du travail De 1960 au milieu des années 1990, les modalités de la division internationale du travail sont souvent héritées d'une manière ou d'une autre de la situation coloniale. [...]
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