L'émigration des Portugais vers la France n'est pas en elle-même un phénomène nouveau. Depuis que le Portugal a acquis son indépendance au XIIe siècle, des milliers de Portugais ont choisi de partir pour l'Hexagone pour diverses raisons, que ce soit pour développer des activités économiques ou pour fuir des persécutions politiques et religieuses.
Cependant, c'est de la fin des années cinquante à la Révolution des Oeillets que le phénomène migratoire vers la France se montre particulièrement intense (cf. documents annexes). Il s'agit de la plus importante vague de migration que le Portugal ait jamais connue. Les émigrants portugais viennent gonfler des bidonvilles, concentrés en région parisienne. L'année 1958 est marquée par la remontée des oppositions à la vieille dictature, à travers les élections présidentielles. En effet, Américo Tomás est élu président de la République du Portugal. Homme de Salazar, il prend le pouvoir suite à une procédure électorale frauduleuse au détriment de Humberto Delgado, le candidat de l'opposition. L'Estado Novo est ensuite traversé par une longue crise due à la guerre coloniale qui, conjuguée aux effets d'une certaine modernisation économique, va renforcer les contradictions politiques, sociales et économiques du régime. Entre 1960 et 1973, ce sont près de 1,4 millions de Portugais qui ont quitté leur pays d'origine pour la France. Les événements du 25 avril 1974 ne mettent pas pour autant un terme à ce phénomène, même si l'épanouissement de la démocratie politique au Portugal élargit le champ de liberté de ces immigrés.
A travers le texte, l'auteur cherche à comprendre comment l'Etat portugais, ou l'Estado Novo, a répondu au phénomène migratoire. La réaction de l'appareil d'Etat s'est faite autant sur le plan législatif et par ses encadrements sur le sol français. Il évoque également le clivage qui divise la société portugaise : l'opposition entre conservateurs et modernisateurs sur la question migratoire.
Ainsi peut-on se demander dans quelle mesure le régime salazariste a joué un rôle coercitif - au sens wébérien- sur le phénomène migratoire.
[...] L'encadrement vise donc à l'apolitisme des émigrants. Il est supervisé par la PIDE, qui, sans que l'on puisse parler vraiment d'une collaboration active des autorités françaises, veut éviter que les émigrants portugais s'impliquent dans des activités politiques en France. L'encadrement administratif et religieux des émigrés portugais en France L'encadrement sur le territoire français même se révèle être une nécessité afin de maintenir l'ordre social au sein du régime de l'Estado Novo. Les structures consulaires se renforcent, mais avec beaucoup de retard, faute de moyens financiers suffisants. [...]
[...] L'Estado Novo est ensuite traversé par une longue crise due à la guerre coloniale qui, conjuguée aux effets d'une certaine modernisation économique, va renforcer les contradictions politiques, sociales et économiques du régime. Entre 1960 et 1973, ce sont près de 1,4 million de Portugais qui ont quitté leur pays d'origine pour la France. Les événements du 25 avril 1974 ne mettent pas pour autant un terme à ce phénomène, même si l'épanouissement de la démocratie politique au Portugal élargit le champ de liberté de ces immigrés. A travers le texte, l'auteur cherche à comprendre comment l'Etat portugais, ou l'Estado Novo a répondu au phénomène migratoire. [...]
[...] D'autre part, il promulgue des lois plus favorables aux émigrants et à leur famille, afin de gagner l'appui des masses populaires et rurales. Le phénomène clandestin a été renforcé par les manœuvres de l'Etat français, qui a systématiquement régularisé les clandestins qui arrivaient sur le territoire. Les autorités recherchaient une main-d'œuvre bon marché et docile, et voulaient éviter les flux migratoires venant du Tiers-monde ou du Maghreb - en pensant que les Portugais s'assimileraient mieux à la population. L'encadrement des Portugais va se déplacer au-delà des frontières nationales, ce qui reflète une évolution de l'appareil d'Etat et de ses outils. [...]
[...] Les autorités veulent également garder des soldats pour renforcer les troupes sur les territoires coloniaux. Le rôle de frein a été dévolu depuis 1947 à la Junta de Emigração, installée pour contrôler et limiter l'émigration. Le conservatisme économique domine à l'époque, et se base sur une vision mercantiliste de l'émigration. La bourgeoisie agricole et les petits industriels voient d'un très mauvais œil l'hémorragie d'une main-d'œuvre bon marché constituée par les masses laborieuses. L'Estado Novo, avec l'appui des conservateurs portugais, va mener une politique ambivalente à l'égard de l'émigration portugaise : elle va chercher à encadrer le phénomène en promulguant des lois et en signant des accords avec le pays destinataire, sans pour autant lutter contre les flux clandestins. [...]
[...] Les freins législatifs mis par le gouvernement portugais à l'émigration légale sont aggravés en 1967, lorsque les autorités portugaises suspendent l'exécution des recrutements faits par les pays européens et les demandes nominatives d'émigration d'une grande majorité des travailleurs portugais. L'émigration illégale reçoit alors la qualification juridique de crime Toutefois, les sanctions sont irrégulièrement et inégalement appliquées, car le gouvernement portugais reste tiraillé entre l'application de ses propres règles (nécessaires aux équilibres du régime), et les avantages de l'émigration (un exode rural indispensable au développement et la masse des devises envoyées par les émigrés). Les limites de l'encadrement législatif La moitié des Portugais qui ont émigré vers la France entre 1958 et 1974 l'ont fait dans la clandestinité. [...]
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