Le jeudi 15 novembre 2007, le Conseil Constitutionnel invalidait l'article de la loi sur l'immigration autorisant les statistiques ethniques. En effet, selon l'article premier de la Constitution, les citoyens sont égaux, quelle que soit leur origine, leur race ou leur religion. La question de la reconnaissance des minorités et de la neutralité de l'Etat est donc hautement d'actualité et peut-être plus encore qu'auparavant.
L'Etat neutre est celui qui ne prend partie pour aucune communauté et permet un arbitrage impartial entre les oppositions qui naissent de l'existence de conceptions différentes du bien, leur existence étant par ailleurs un corollaire de la société libérale et de sa volonté de placer la liberté de l'individu et de ses choix au centre de tout. C'est un Etat dans lequel la morale ne fait plus partie du champ politique, mais s'est retirée dans le domaine de la sphère privée. Mais nos sociétés pluriculturelles sont de plus en plus marquées par la volonté de reconnaissance des minorités culturelles. Pourquoi voudrait-on d'un Etat neutre ? Une société multiculturelle ne demanderait-t-elle pas un Etat multiculturel ? En effet, dans nos sociétés connaissant un fort pluralisme culturel se pose la question de la coexistence pacifique entre ces différentes communautés.
La communauté se définit comme une collectivité caractérisée par des liens internes intenses, une forte cohésion (esprit de corps, objectifs communs), un esprit de solidarité vis-à-vis de l'extérieur sans pour autant exclure des tensions internes. Le rapport entre l'Etat et les communautés nous amène à parler de multiculturalisme. Il s'agit de la coexistence au sein d'une même société de groupes différenciés selon l'origine ethnique, l'affiliation religieuse, la langue, voire l'attache régionale. Au sens politique et idéologique : il s'agit de l'ensemble d'exigences centrées sur la reconnaissance et les droits des minorités, sur la prise en compte de leurs revendications « communautaires ». On peut donc se poser la question de l'attitude que l'Etat doit adopter face à ces communautés, s'il doit et surtout si l'Etat peut être et rester neutre.
Si le libéralisme a tenté de mettre en place un Etat neutre, la possibilité d'un Etat neutre est remise en cause par les communautariens et républicains, tandis que les libéraux eux-mêmes s'interrogent sur les corrections à apporter à leur modèle.
[...] Les communautariens, pour qui l'Etat ne peut pas et ne doit pas être neutre à moins de vouloir provoquer un génocide culturel, et les républicains, qui ont une conception particulière du rôle de l'Etat, ont réintroduit dans leurs modèles la dimension collective. De nouvelles théories tentent aujourd'hui de résoudre les contradictions du libéralisme, sans toutefois toujours apporter des solutions concrètes aux problèmes qui se posent. Bibliographie Livres C. Giolito et L. Bouvet, La culture générale à Sciences-po, Armand Colin W. Kymlicka, La citoyenneté multiculturelle. Une théorie libérale du droit des minorités, Paris, La Découverte J. Rawls, Théorie de la justice, Paris, Seuil A. [...]
[...] L'individu veut être reconnu pour cette part de différence en lui. l'Etat doit donc intervenir pour protéger les minorités culturelles Dans l'Etat multiculturel, prôné comme alternative à l'Etat libéral, la priorité est donnée au groupe social plutôt qu'à l'individu. Ces groupes sont formés selon des critères ethniques ou religieux. On ne parle plus de citoyenneté abstraite, mais au contraire on encourage les individus à renforcer cette appartenance à leur communauté. On aboutit dans ces Etats à un système de quota pour assurer à toutes les communautés une certaine représentation et empêcher la domination de l'une d'entre elles sur les autres. [...]
[...] L'homme est la seule source des valeurs qu'il se choisit. Mais si les conceptions du Bien peuvent être différentes entre les communautés de la société, il faut distinguer le Bien et le Juste. Le domaine de la justice fixe les mêmes règles pour tous. C'est ce qui permet à la société de fonctionner. Ce qui entraîne, devant la pluralité des conceptions du bien, une supériorité du juste. Dans l'idée libérale, les principes de justice peuvent être déterminés en toute indépendance par rapport aux différentes conceptions du bien. [...]
[...] A la fois les communautariens et les républicains tentent de réintroduire une dimension collective en politique. II/ cette idée a été remise en cause par les communautariens et les républicains Le libéralisme strict homogénéise la société en favorisant l'identité dominante Car en pratique, l'Etat n'est pas neutre Est-ce que l'Etat peut se couper de toute conception du Bien dans la définition de ses principes de justice ? C'est la critique communautarienne : la priorité du juste sur le bien qu'on trouve dans la théorie libérale repose sur l'idée que nous sommes des sujets indépendants. [...]
[...] Renaut, Libéralisme politique et pluralisme culturel, Pleins feux A. Renaut et S. Mesure, Alter ego. Les paradoxes de l'identité démocratique, Flammarion C. Taylor, Multiculturalisme, Différence et démocratie, Paris, Champ- Flammarion M. Walzer, Pluralisme et démocratie, Paris, Esprit Sites internet www.contrepointphilosophique.ch http://www.oragora.com http://www.lefigaro.fr http://www.revue-republicaine.fr http://www.hansen-love.com http://www.ledevoir.com http://malgretout.collectifs.net Divers Entretien avec Michael Walzer, L. Bouvet et C. Jaffrelot au sujet de son livre Pluralisme et démocratie Discours du professeur P. B. [...]
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