Pour comprendre les raisons d'être de l'Etat laïc, on ne saurait cependant se borner à l'analyse d'une loi, fut-elle une des grandes lois républicaines, une des rares à n'avoir été évincée par aucun régime.
De 1870 à 1905, au cœur de l'enracinement de la Troisième République, un processus de sécularisation s'intensifie, procédant d'une volonté politique ainsi que d'une déprise religieuse. Cependant, si Léon Gambetta affirmait le « cléricalisme, voilà l'ennemi » devant la Chambre des Députés en 1877, c'est qu'à l'époque, il imprégnait encore les consciences, dressé contre « La Gueuse » dans un climat encore incertain pour les républicains dans la première décennie de la Troisième République. Principe républicain fondamental, comment expliquer que la laïcité n'est formalisée et intégrée à notre édifice juridique qu'en 1905 ?
[...] Dans ce contexte de conflit latent sur la question du Concordat, de nombreux penseurs vont défendre l'idée de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. C'est le cas dès la Restauration de Benjamin Constant (1773-1830), dans De la religion, mais aussi du théologien protestant Alexandre Vinet (1797-1847) en 1825, dont l'idée est relayée dans l'organe de presse Le Globe, qui date de 1824. Ecrivain Paul-Louis Courier, plus anticlérical. Citons sous la monarchie de juillet : Lamartine (1790-1869), Jules Michelet (1798-1874), et Edgar Quinet (1803-1875). [...]
[...] Elle est le résultat d'un long processus de laïcisation et de sécularisation de la société, même s'il serait aventureux d'adopter une lecture trop téléologique. Il n'y pas de processus linéaire vers la laïcité de la Révolution à la séparation de 1905, mais plutôt des allers-retours, des hésitations entre plusieurs modèles d'organisation des rapports entre les cultes et l'Etat, et puis un saut final dans la séparation. Celle-ci, loin d'être une lubie radicale, a su montrer qu'elle incarnait une véritable et solide compilation d'héritages historiques. [...]
[...] Le Concordat constitue un compromis entre la laïcité et la reconnaissance de l'utilité sociale de la religion. Nécessité d'une pacification religieuse. Le Concordat est un accord passé le 15 juillet 1801 ou le 26 Messidor an IX entre le gouvernement français dont le Premier Consul est Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII. Il constitue un système dit des cultes reconnus, catholique bien sûr, mais y aussi luthérien, calviniste et judaïque, et régit la relation entre Eglise et Etat jusqu'à la loi de 1905. [...]
[...] Il est l'origine de la rupture diplomatique avec le Vatican alors que dans le même temps, de nombreuses positions loi de séparation sont étudiées au sein de la Commission parlementaire de la séparation. On a une vraie réflexion parlementaire au cœur des 2 chambres. Pourtant, c'est bien Combes qui est considéré comme le petit père de la Séparation. Pourquoi ? L'exécutif va se saisir de l'initiative, notamment sous l'impulsion des radicaux dissidents, qui ne veulent pas qu'une telle loi procède des Assemblées. Le projet Combes, radical, rend visible l'offensive contre l'Eglise. [...]
[...] Il fallait régler la question religieuse pour enfin pouvoir se concentrer sur la question sociale. L'Eglise passant pour s'être toujours rangée du côté du patronat et de l'ordre politique et économique, en dépit des ouvertures sociales présentées par l'encyclique Rerumnovarum (1891), il n'était pas illégitime de régler cette question avant de s'occuper de l'injustice sociale. Mais la Séparation ne fut ainsi possible après l'Affaire Dreyfus que par une intense mobilisation laïque. Lors de l'Affaire Dreyfus, une grande partie du clergé, animée par l'antijudaïsme chrétien et par un cléricalisme de combat s'est compromise avec la droite monarchiste, ruinant ainsi la politique de ralliement des catholiques à la République, encouragée par le pape Léon XIII. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture