L'Etat du XIXème siècle marque un tournant dans la conception de la nation. Jusqu'alors, il était coutume d'affirmer que, si la révolution n'avait pas achevé de définir le terme de nation, elle avait au moins contribué à donner une ébauche de sa conception « moderne ». Jusqu'alors également, à la fin du siècle des Lumières, les concepts d'Etat et de Nation tendaient à coïncider. La Révolution française, en ce sens, est perçue d'un premier abord comme une rupture fondamentale avec les conceptions acquises, quoique nébuleuses de la Nation. En outre, force est de constater, au lendemain de la Révolution et pendant tout le 19ème siècle, l'existence de courants d'interprétations profondément antagonistes. L'un, fondé sur les principes révolutionnaires en accord avec les formes d'états successives du long 19ème siècle ; l'autre, fondé également sur les principes révolutionnaires mais contestant l'Etat, car c'est bien d'un gouffre qu'il faut parler entre les intentions des révolutionnaires et le bilan post-révolution. Le XIXème siècle est, par ailleurs, marqué par un fort mouvement des nationalités. Contestation de l'Europe du Congrès de Vienne mais aussi de l'hégémonie française et de l'expérience de la Révolution qui atteint les monarchies apeurées. Il faut entendre dès lors la nation, non plus comme seulement une communauté de personnes partageant la même langue, la même histoire, la même culture mais aussi considérer, en nation par rapport aux autres nations. Le notoire Discours à la nation allemande de Fichte, bien que controversé, conduit à l'idée d'affirmation nationale par le rejet. Siècle des nationalismes, le 19ème augure donc une toute nouvelle conception de la nation. Le cas de la France est particulièrement significatif à cet égard, en ce sens qu'elle incarne la « grande nation » depuis la révolution française.
Comment l'Etat produit-il la nation au 19ème siècle, et pour quelles raisons ? Autrement dit, le fait de produire la nation pour l'Etat français n'est-il pas la manifestation d'une volonté de plébiscite, sinon de renforcement de l'état lui-même ? De fait, l'instabilité constitutionnelle, les nombreuses successions des régimes, de révolutions des populations françaises ne témoignent elles pas de la mise en cause de l'Etat Nation revendiqué jusqu'alors et de la nécessité d'ajustement entre Etat et Nation ?
Ainsi, nous nous pencherons d'abord sur la période consécutive de la révolution et la revalorisation du concept de Nation : aboutit-on pour autant à la formation d'un Etat nation ? Puis, nous tenterons de mettre en lumière l'importance du 19ème siècle dans la mise en relation de l'Etat et de la Nation, quels en sont les enjeux pour l'Etat ?
[...] Appartenir à la nation c'est, par conséquent, être un des héritiers d'un patrimoine commun et indivisible, le connaître et le révérer. Le processus politique de création est engendré dès la fin du 18ème siècle, l'Etat français du 19ème siècle, quelque soit sa forme, va se charger mettre en lumière le patrimoine français, à partir d'une relecture de la révolution et d'en diffuser le culte. L'Etat, grand architecte de la nation va s'illustrer par un interventionnisme de plus en plus poussé dans la vie quotidienne des citoyens, en vue de renforcer la cohésion nationale. [...]
[...] Effervescence des sentiments nationaux, l'expérience de la Révolution, le romantisme conduisent à parer la nation d'une dimension plus passionnelle. Le 19ème siècle met l'œuvre à l'œuvre tout un processus de production historique visant à forger la nation, l'historia patria, notamment dans la deuxième moitié du siècle avec le triomphe de la République. II L'identité nationale du 19eme siècle : nouvelles manifestations, nouveaux enjeux ? A. De la nécessité de créer des identités nationales La véritable naissance d'une nation, c'est le moment où une poignée d'individus déclare qu'elle existe et entreprend de le prouver (A.M. [...]
[...] En 1865, Duruy rend obligatoire l'histoire de France dans le primaire. L'institution du suffrage universel en 1848, même s'il subit une restriction avec la loi du 31 mai 1850 (interdit aux indigents) entreprend d'ancrer les principes de la citoyenneté dans les mentalités nationales. B. Le triomphe de la république : créer la nation et aller au-delà de l'Etat Nation ? La Troisième République : apogée de la construction nationale Pourtant, c'est la victoire des républicains sur les monarchistes à l'aune de la 3ème république consacre enfin le triomphe de la république dans les profondeurs du pays. [...]
[...] Comment l'Etat produit-il la nation au 19ème siècle, et pour quelles raisons ? Autrement dit, le fait de produire la nation pour l'Etat français n'est-il pas la manifestation d'une volonté de plébiscite, sinon de renforcement de l'état lui-même ? De fait, l'instabilité constitutionnelle, les nombreuses successions des régimes, de révolutions des populations françaises ne témoignent elles pas de la mise en cause de l'Etat Nation revendiqué jusqu'alors et de la nécessité d'ajustement entre Etat et Nation ? Ainsi, nous nous pencherons d'abord sur la période consécutive de la révolution et la revalorisation du concept de Nation : aboutit-on pour autant à la formation d'un Etat nation ? [...]
[...] Mais loin de conclure la question, il nous reste encore à s'interroger sur les interactions entre Etat et Nation : en témoignent les débats que nous procure l'actualité concernant les nations dénuées d'Etat, les phénomènes de la diaspora ou encore la controverse liée à la construction européenne et la réticence toute française à déléguer sa souveraineté nationale. [...]
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