L'Iran, constamment montré du doigt par la communauté internationale au cours de ces dernières décennies, interroge. Vers quoi tend-il véritablement ? Nombreux sont les analystes à le présenter comme une exception, un Etat qui s'éloignerait plus que jamais du chemin emprunté par les autres. Pourtant, si cette vision se défend, il est également possible de soumettre le processus de construction et d'affirmation de l'Etat iranien à la comparaison avec celui des Etats européens, souvent considérés comme des modèles en la matière.
La Constitution de la République Islamique d'Iran est par exemple largement inspirée de celle de la Vè République en France. S'il ne faut pas perdre de vue les spécificités de l'Iran, et notamment sa culture religieuse très prégnante, rien n'empêche, à la lumière de ces éléments qui en font l'unicité, de relever des points communs aux pays européens dans la construction de l'Etat, des passages obligés qui porteraient à entrevoir une issue connue à cette évolution.
[...] Un retour du Shah semble difficilement concevable : on ne peut parler de régime instable. Cependant, la politique du Président Ahmadinejad n'est pas pour autant symptomatique d'une stabilisation de la situation, ce à quoi aspirent par exemple les générations plus anciennes qui ont connu le pouvoir du Shah. Au contraire, Mahmoud Ahmadinejad fait partie de cette nouvelle génération en politique des pasdaran qui ont été formés par la guerre contre l'Irak et à travers lui contre une partie importante de l'Occident. [...]
[...] L'Etat en Europe, un modèle adapté pour considérer la modernisation de l'Etat iranien ? L'Iran, constamment montré du doigt par la communauté internationale au cours de ces dernières décennies, interroge. Vers quoi tend-il véritablement ? Nombreux sont les analystes à le présenter comme une exception, un Etat qui s'éloignerait plus que jamais du chemin emprunté par les autres. Pourtant, si cette vision se défend, il est également possible de soumettre le processus de construction et d'affirmation de l'Etat iranien à la comparaison avec celui des Etats européens, souvent considérés comme des modèles en la matière. [...]
[...] Ainsi, nombreux sont les rapprochements possibles dans la modernisation, entre Iran et Etats européens. Il est alors tentant d'analyser la modernisation de l'Iran comme un processus décalé», en retard par rapport à celui des autres Etats : des événements qui paraissent surprenants aujourd'hui se sont déroulés d'une façon similaire en Europe. Mais là encore, il faut privilégier une explication qui s'attache aux particularités du pays : la construction et la modernisation de l'Etat ne sont pas un processus linéaire qui s'accomplit dans un ordre défini. La question de l'avenir continue de se poser. [...]
[...] Bibliographie indicative Gérard-François Dumont, «L'exception iranienne», Géostratégiques, Nº 18, Janvier 2008, pp. 5-17. Bernard Hourcade, «Iran : la difficile construction d'une république», Questions internationales, Nº 25, Mai-Juin 2007. Ahmad Naghibzadeh, République islamique d'Iran à la recherche d'une nouvelle source de pouvoir», Revue internationale et stratégique, Nº 70, Février 2008, pp. 107-112. [...]
[...] De même qu'en Europe où l'importance accordée à la référence religieuse a permis de légitimer l'Etat et de l'installer sur de solides bases traditionnelles, la construction de l'Etat iranien s'est faite dans un cadre religieux. Les rois Safavides, qui ont cherché à s'émanciper de l'Empire Ottoman au cours du XVIe siècle, ont opté pour la conversion au chiisme, dont ils ont fait une religion d'Etat s'appuyant sur la société civile. En 1905 a lieu la révolution constitutionnelle, à laquelle participent les intellectuels formés en Europe et sensibles au modèle de la Révolution française. [...]
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