Etat, perspectives, totalitarisme, puissance, limites
Après les attentats du 11 septembre 2001, le bouleversement engendré a abouti à un renforcement de la sécurité et de l'intervention étatique. Au nom de la lutte antiterroriste, les Etats-Unis, principalement, ont mis en place de nouvelles législations comme l'USA Patriot Act dès le 26 octobre 2001. Celui-ci élargit considérablement la liberté d'action de la police et des services secrets américains, encadrant plus étroitement la société et bafouant ainsi les principes démocratiques et les droits civiques en place. Un simple évènement ponctuel – certes imprévu et à haute portée symbolique – a suffi pour ébranler les bases des principes protégeant la population contre un joug de nature éventuellement totalitaire, et a amené le pays à reconsidérer sa ligne politique directrice et renoncer à ses velléités démocratiques. Bien que les Etats-Unis restent un haut lieu de la démocratie occidentale, le maintien de celle-ci étant assuré par ses institutions et par l'Etat fédéral, le basculement vers un versant autoritaire apparaît possible, permis voire encouragé par l'Etat lui-même. Il est alors possible de supposer que, plus largement, un Etat puisse être le point de départ de la mise en place d'un véritable régime totalitaire.
[...] Il dispose certes d'un pouvoir conséquent, mais celui-ci est de plus en plus limité par la montée en puissance de multiples acteurs, dont l'influence croissante s'exerce tant à l'échelle nationale qu'aux échelons régional et international. L'Etat est tenu de ne pas trop outrepasser les limites de ses fonctions. L'évolution des enjeux internationaux des dernières décennies en particulier le confine dans un rôle toujours majeur, mais plus altéré. La mondialisation et le développement du libéralisme, en particulier, ont multiplié le nombre et la puissance des acteurs internationaux. Les banques, par exemple, ont acquis une autonomie bien plus large qu'auparavant. [...]
[...] Ainsi, l'Etat de droit est une assurance supplémentaire contre la mise en place d'un totalitarisme. L'Etat n'est alors en aucun cas un totalitarisme en puissance. L'Etat de droit n'est évidemment pas une constante puisque l'on trouve également de nombreux Etats autoritaires par exemple, mais son existence semble prouver que l'Etat en lui-même n'est pas nécessairement un vecteur significatif du potentiel avènement d'un régime totalitaire. Plus largement, les Etats démocratiques qui laissent davantage de place à l'expression populaire qu'un Etat de droit brut apportent des garanties contre une instauration totalitaire. [...]
[...] Ce monopole, qui peut rappeler la force des polices secrètes dans les régimes totalitaires, en est en réalité très éloigné : il doit en théorie n'être utilisé que pour protéger les populations et non les soumettre. Si l'Etat possède une autorité puissante, elle n'est pas dirigée contre la population mais pour défendre les intérêts de celle-ci. L'exercice d'une certaine violence ne peut s'effectuer que dans un cadre défini. Les éléments constitutifs de l'Etat comme du totalitarisme n'ont ni la même puissance ni nécessairement la même destination. [...]
[...] Comme dans un régime totalitaire, le rôle du paraître est fondamental. C'est l'image et la représentation idéologique qui permettent au régime de recueillir les soutiens nécessaires à sa perpétuation. Pour Georges Burdeau, l'Etat est avant tout un moyen de faire oublier aux citoyens le fait qu'ils sont dominés, en leur faisant croire qu'ils obéissent simplement à un principe d'autorité L'Etat permettrait uniquement de sauver la face (Philippe Braud), de taire l'idée d'une obéissance absolue des citoyens malgré sa réalité. Par ailleurs, les Etats sont généralement enclins à outrepasser leurs cadres d'action en mettant en place un interventionnisme extrêmement fort, dirigé vers tous les domaines santé publique, alimentation, moralité En France, par exemple, l'initiative étatique ayant imposé à terme l'interdiction de fumer dans les lieux publics dès 2007 a été vivement contestée. [...]
[...] Le secret-défense en est un exemple évident. S'il est justifié par la nécessité de garder secrètes certaines données diplomatiques et relatives à la sécurité nationale, les gouvernements peuvent facilement dissimuler des informations qui ne rentrent pourtant pas dans ces catégories par le biais de ce moyen. De même pour le concept de raison d'Etat dont des délimitations strictes sont difficiles à instaurer devant le diversité des situations que doivent affronter les pays : la raison d'Etat est invoquée pour justifier le sacrifice d'intérêts particuliers ou d'un aspect du droit au nom de l'intérêt général, mais cette notion peut trop facilement être détournée. [...]
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