Répondre à la question : « l'école est-elle au service de l'Etat ? » suppose d'une part, l'analyse des structures sociales qui constituent les grands corps, d'autre part l'identification des mécanismes mis en place en vue d'en assurer la reproduction ou la transformation. Cela nous renvoie directement à l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) et les Instituts d'Etudes Politiques (IEP), qui forment les grands corps administratifs de l'État à savoir l'Inspection des Finances, le Conseil d'État, la Cour des comptes, y compris le corps diplomatique et le corps préfectoral et, plus récemment, l'Inspection générale de l'administration et l'Inspection générale des affaires sociales, aux Ecoles Normales Supérieures (ENS), à l'Ecole Polytechnique etc. qui pourvoient aux besoins en hauts fonctionnaires des Grands corps techniques de l'Etat. Les Grandes écoles ont-elles une finalité déterminée à servir l'Etat ?
[...] En ce sens on peut aussi dire le système élitiste français présente un caractère bien particulier. III/La place et le rôle de l'ENA dans l'administration L'exception française Comme nous l'avons vu dans la première partie, la France est sans doute le pays occidental dans lequel l'homogénéité des élites est la plus grande : cette homogénéité est due notamment au fait que ces élites proviennent du même vivier, ont suivi les mêmes filières de recrutement et sont passées par les mêmes écoles, celles d'Etat. [...]
[...] Malgré la tendance à suivre le modèle des ‘business schools', les institutions de formation des élites françaises restent cependant très attachées à leur modèle ancien de formation généraliste. La réussite de ces élites, leur faculté d'adaptation et le succès généralisé par les ‘business schools' ne leur assurent pas des postes à haute responsabilité contrairement à l'ENA. En revanche si la réussite à fournir des élites par les ‘business schools' était assurée, la légitimité de l'ENA en serait menacée ce qui n'a jamais été le cas depuis le XIXe siècle. [...]
[...] Seuil 314p. [...]
[...] Selon lui, l'ambition des fondateurs de l'ENA semblait se décliner en quatre principaux objectifs, qui s'avèrent soixante années plus tard avoir été inégalement atteints. Tout d'abord, il s'agissait d'en finir avec le monopole que Sciences-Po exerçait sur le recrutement de la haute fonction publique. L'expérience se solde en la matière par un échec. Très vite ces deux institutions se sont inscrites dans une relation d'osmose exclusive, t-il dit. J-M Emery fustigeait la quasi-hégémonie qu'exerce l'IEP de Paris sur l'accès à l'ENA par le concours externe. [...]
[...] Portant le taux de réussite à 90% En 2005, sur 45 admis lors du concours externe provenaient de Science Po Paris, soit 87%. Tandis qu'en 2004 seul 80% étaient passés par un IEP (Voir la newsletter de Science Po Info et le site Internet de la Fédération des Associations des Diplômés des IEP de France). Bien sûr, il ne faut pas oublier les autres concours, qui bien que métaphoriquement moins appréciés (le concours interne, réservé aux fonctionnaires ou agents publics ayant, au moins années de services effectifs, est souvent appelé la petite porte n'en sont pas moins des voies emmenant tout droit à l'ENA, lieu de regroupement de l'élite parmi les élites. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture