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Si selon une conception commune, l'Histoire renvoie à l'ensemble des faits passés, à un récit mettant en scène les anciennes générations, une définition plus neutre semble toutefois exister. Celle-ci peut en effet se concevoir comme une science dont la vocation est d'établir la vérité par l'étude des faits historiques et la confrontation objective de sources souvent discordantes. Consacrée en tant que science dès l'Antiquité par les travaux d'Hérodote, père des historiens, l'histoire constitue aujourd'hui une matière singulière pour notre République.
[...] L'État peut parfois même aller au-delà de son soutien matériel en imposant au citoyen un devoir de reconnaissance de certains faits historiques graves, dont la reconnaissance s'avère être une condition essentielle à la perpétuation d'un savoir scientifique neutre. Ainsi, la France a-t-elle décidé d'adopter une série de lois mémorielles portant reconnaissance de la responsabilité de l'État français dans les faits et crimes perpétrés lors de la Seconde Guerre mondiale ainsi que dans les violences générées par la colonisation. L'action de l'État dans la gestion du domaine historique et du patrimoine culturel français se traduit également par un engagement renouvelé des citoyens dans notre société. [...]
[...] Cette stratégie est d'autant plus singulière qu'elle peut aboutir à la construction de la figure bien connue de l'homme providentiel, un concept aussi bien constitutif des régimes autoritaires que des sociétés démocratiques (Jaques Ellul). Ainsi peut-on constater la propension de certains dirigeants à vouloir mobiliser l'histoire comme argument de promotion, invoquant des faits glorieux, avérés ou non, dans l'objectif d'accéder au pouvoir ou sinon de s'y maintenir. De telles stratégies viennent ainsi déséquilibrer le jeu politique, et les élections, d'une part, en ne faisant pas bénéficier tous les candidats du même statut, d'autre part faisant naître une confiance inconditionnelle de l'homme providentiel potentiellement néfaste pour l'État de droit, et vient annihiler tout contrôle populaire sur l'action des pouvoirs publics (Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif). [...]
[...] La politique du ventre). De telles stratégies viennent ainsi déséquilibrer le jeu politique, et les élections, d'une part, en ne faisant pas bénéficier tous les candidats du même statut, d'autre part faisant naître une confiance inconditionnelle de l'homme providentiel potentiellement néfaste pour l'État de droit (Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif). La manipulation par l'État de l'histoire consiste souvent à modifier voire occulter certains paramètres de la vérité historique pour sa propre survivance. La lecture rigoureuse et unilatérale du passé qui peut en résulter est d'autant plus singulière qu'elle renvoie généralement à l'existence d'une société dictatoriale sinon totalitaire. [...]
[...] De ce fait, l'étude du passé se voit ainsi réduite au rang d'outil de légitimation des politiques aussi néfastes peuvent-elles être pour la société. Dans son travail sur la vocation de l'homme politique, Max Weber témoigne de l'importance de la science dans le processus de décision au niveau étatique, estimant selon lui que tout homme politique doit déduire des résultats scientifiques des idées susceptibles de faire l'objet de politique. Pourtant, l'exercice du pouvoir s'ancre dans un régime de valeurs que certains dirigeants ont pu influencer sur la base d'une conception volontairement faussée du passé, parvenant dans certains cas à inverser la distinction de Bien et de Mal inhérente à toute collectivité humaine. [...]
[...] La diversité des clivages qui parcourent la société rend en apparence difficile l'intervention des pouvoirs publics dans la lecture et la recherche des faits passés. En premier lieu, ces tensions peuvent s'expliquer en raison du processus d'unification nationale, dont les stigmates sont encore perceptibles dans certaines régions à forte identité. Dans le siècle de l'avènement républicain, Mona Ozouf traduit ainsi les doutes d'une partie de la société actuelle, à l'identité essentiellement régionale, qui continue de ressentir les mécanismes d'un processus républicain d'acculturation impulsé notamment sous la troisième République. [...]
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