« Je préfère commettre une injustice que tolérer un désordre ». Par cette citation à l'assonance de commandement, Goethe se fait sans doute porte-parole de l'Etat, pour lequel le mécontentement du peuple est préférable à son soulèvement.
A priori, la question paraitrait donc relativement simple à élucider : l'Etat, institution suprême investie de l'autorité politique, regroupant l'ensemble des institutions juridiques, militaires, administratives et économiques qui organisent la société sur un territoire donné, doit avant tout se préoccuper du maintien de l'ordre au sein de cette société, évitant ainsi le chaos, l'anarchie, la contestation, qui seraient préjudiciables à sa survie. Cependant, il serait naïf de confiner un tel présupposé à la large palette de fonctions que doit assurer l'Etat. En effet, le mécontentement du peuple est intimement lié à son insurrection : il en est à l'origine. Dès lors, l'Etat doit également se préoccuper de l'établissement de la justice, légitimant par là son pouvoir auprès du peuple.
Arriver à ce stade de réflexion, c'est une question autrement plus complexe qui surgit : établir la justice et maintenir l'ordre, sont-ce là des fonctions incompatibles, ou cumulables ? S'agit-il de les concilier ou de faire un choix ?
[...] La raison voudrait alors qu'ils s'accordent conjointement sur deux principes : -l'égalité des libertés, les plus étendues pour tous -des inégalités justes devant profiter à tous : les inégalités doivent découler d'une égalité des droits et des chances au départ, et contribuer à l'amélioration du sort des plus défavorisés. D'autres approches théoriques de la justice sociale existent également : l'approche marxiste la définit comme étant l'égalité de satisfaction des besoins (à chacun selon ses besoins). L'approche sociale démocrate préconise une égalité de satisfaction des besoins fondamentaux à laquelle s'ajouterait la récompense du mérite. Quelle que soit l'approche envisagée, la justice sociale nécessite absolument l'intervention de l'État. Les inégalités sont fondées par la rareté des ressources et donc une problématique de répartition de celles- ci. [...]
[...] Un État incapable d'assurer la permanence du pouvoir, l'ordre au sein de la société qu'il organise est un État non fonctionnel. Enfin, l'État, comme toute institution, cherche à perdurer en luttant contre les éléments subversifs. Certains l'ont fait par le truchement de la police politique (en Allemagne, la Gestapo, en URSS le NKVD, en Roumanie la Securitate qui élimine les dissidents, les opposants politiques, souvent en dehors des normes de la justice. Assurer l'ordre : une condition du contrat social Si le maintien de l'ordre est une préoccupation majeure de l'État, c'est également parce qu'il en est au fondement même. [...]
[...] II- L'État garant de la justice La justice face à la loi Face à la loi, la justice est fondée par le droit positif, c'est-à-dire par un ensemble de règles fixées, posées juridiquement, instituées par l'État. Dans l'État de droit, les citoyens renoncent à se faire justice eux-mêmes et se plient au respect de la légalité, du droit de l'État dont ils font partie et qu'ils sont censés connaitre. La justice s'articule ici sur un principe d'égalité : tous les citoyens jouissent des mêmes droits. Cependant, l'on peut objecter que certaines lois sont parfois injustes. La justice ne réside certainement pas uniquement sur la légalité. Elle doit avoir un fondement légitime. [...]
[...] Pour Locke en revanche, l'institution de l'État ne doit pas aller à l'encontre de ce dont l'homme jouissait déjà à l'État de nature lockéen : la propriété et la liberté. L'État civil a donc pour fonction première d'assurer ces valeurs naturelles dans une société organisée. Enfin, Rousseau livre une analyse originale du contrat social. La raison exhorte les hommes à contracter afin de ne plus vivre dans l'anarchie. Chaque homme va alors confier sa liberté naturelle à tous, afin d'appartenir à une communauté qui assurerait sa sécurité, sa sérénité. Mais en se confiant à tous, il ne se confie paradoxalement à personne en particulier. [...]
[...] L'on pourra objecter que les individus peuvent utiliser la force pour la défense de soi ou de ses biens, ou encore que certaines organisations privées recourent à la force pour assurer la sécurité. Cependant, il faut encore que cela émane de l'autorisation de l'État. L'État est donc le seul à pouvoir utiliser ou autoriser l'usage de la force. En cela, il a le monopole de la violence, et est le seul à pouvoir assurer l'ordre. Lorsque ce n'est pas le cas, l'État n'est pas fonctionnel. [...]
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