L'étude et l'exploration de concepts tels que l'État, la nation, le pouvoir ou la démocratie ne peuvent être envisagés sans un détour par l'épistémologie, c'est-à-dire une critique des principes, des méthodes et des conclusions de la science. De la même manière, on ne peut étudier la science politique sans s'interroger sur ses fondements historiques et scientifiques.
La science est une connaissance objective qui établit entre les phénomènes des rapports universels et nécessaires autorisant la prévision des résultats - les effets - que l'on est capable de maîtriser par l'expérience ou de dégager par l'observation de la cause. Toute science se fonde en se spécialisant sur un objet d'étude : la sociologie s'intéresse aux faits sociaux ; l'histoire explore le passé ; la psychologie examine les comportements individuels, la conscience et l'inconscient ; l'ethnologie étudie les ressemblances et les différences entre les sociétés et les cultures ; l'économie analyse les mécanismes de l'échange de biens. Ainsi, la science politique est la discipline qui étudie et met en relation les différentes dimensions de la vie politique - les idéologies, les théories, les valeurs, les institutions, les comportements électoraux, etc.
Ainsi formulé, le sujet « Qu'est-ce que la science politique ? » pose un problème à la fois historique et épistémologique. Historique car il faut comprendre comment s'est constituée la discipline et contre quoi elle s'est définie ; épistémologique, car on ne peut caractériser une science sans en même temps étudier ses fondements scientifiques et son fonctionnement. Au cours de ce travail, nous nous interrogerons : qu'est-ce qui fait la spécificité de la science politique ? Dans une première partie, nous explorerons les objets contre lesquels la science politique s'est constituée ou les objets qui sont trop restrictifs pour délimiter cette discipline. Dans une seconde partie, nous analyserons les différents outils qui ont été construits et les courants qui se constitués afin de permettre à la science politique de gagner son autonomie et son objectivité.
[...] Autrement dit sont posées les questions politiques radicales, comme les questions philosophiques radicales[8]. La dynamique que met en marche l'autonomie est en vérité la mère de toutes les créations humaines excepté l'art (les hommes de Cro-Magnon n'ont pas attendu les Grecs pour peindre) soit les sciences, la philosophie, la politique : La mise en question de l'institution de la société, de la représentation du monde et des significations imaginaires sociales qu'elle porte est équivalente à la création de ce que nous appelons la démocratie et la philosophie. [...]
[...] Une science en quête d'autonomie et d'objectivité A. le principe de neutralité axiologique : une issue au problème du rapport aux valeurs Le point décisif de divergence entre sciences dures et sciences sociales réside dans le rapport à l'objet : dans les premières, un sujet observe un objet un physicien analyse un atome ; dans les secondes, un sujet observe directement ou indirectement un ou plusieurs sujets un sociologue analyse la criminalité ou l'école. En Science politique, les objets observés sont multiples : soit des humains (le vote des commerçants), soit des configurations historiques singulières (Mai soit des concepts (la classe ouvrière, l'élite, la bourgeoisie, l'État). [...]
[...] Selon Weber, les sciences sociales doivent rester neutres au plan idéologique. Ce principe de neutralité axiologique peut se comprendre de deux façons : - Comme la prohibition, l'interdiction pure et simple de tout jugement de valeur - Ou comme la tentative de séparation rigoureuse entre d'un côté ce qu'on peut nommer les propositions descriptives et de l'autre des propositions normatives. Une proposition descriptive serait de dire : la droite a gagné les dernières élections ; une proposition normative serait de dire : la droite est meilleure en économie alors que la gauche protège mieux les salariés sur le plan social. [...]
[...] Le calcul, la notion d'intérêt, stratégie, les hommes politiques ne sont mus que par cela. Il n'est jamais question dans ce cas d'humaniser la société. Conclusion En conclusion, il ne faut pas opposer la bonne et la mauvaise sociologie politique. Il faut surtout distinguer le relativisme dogmatique qui peut déboucher sur une sorte d'agnosticisme plus ou moins inconscient c'est-à- dire l'approche wébérienne avec la neutralité axiologique et un relativisme méthodologique qui est absolument indispensable pour l'analyse politique. Ce relativisme méthodologique ne conduit pas automatiquement au nihilisme. [...]
[...] En science politique, il y a un consensus sur un minimum de détachement par rapport à l'objet politique. Là où il y a désaccord, c'est sur le degré de distance. Jean Baudouin distingue deux points de vue : - Le point de vue de la science, c'est celui de l'observateur qui, avec ses catégories, construit ses objets de recherche et revendique un degré de connaissance (niveau de l'épistémè) ; - Le point de vue de la théorie : c'est celui du participant qui part des problèmes de la cité pour se hisser ensuite à des propositions plus générales. [...]
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